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Iraq : la perspective d&#39une guerre civile totale &#39plus réaliste&#39, selon un rapport de l&#39ONU

Iraq : la perspective d&#39une guerre civile totale &#39plus réaliste&#39, selon un rapport de l&#39ONU

Publié aujourd&#39hui, le dernier rapport du Secrétaire général sur la mission de l&#39ONU en Iraq estime que « la perspective d&#39une guerre civile totale, voire d&#39un conflit régional, est devenue beaucoup plus réaliste » et que le défi n&#39est plus seulement de contenir et d&#39atténuer la violence actuelle, mais aussi de prévenir son escalade.

« Trois mois plus tard après mon dernier rapport, la situation en Iraq s'est encore détériorée dans de nombreuses parties du pays, avec une augmentation significative de la violence sectaire, des attaques menées par les insurgés et par les terroristes, ainsi que des activités criminelles », affirme le dernier rapport de Kofi Annan au Conseil de sécurité sur la Mission d'assistance des Nations Unies pour l'Iraq (MANUI).

L'intensification des activités des milices a encore accéléré la déstabilisation du pays. Dans bien des endroits du pays, un nombre croissant d'Iraquiens sont touchés par l'aggravation de la violence et de l'insécurité.

« La perspective d'une guerre civile totale, voire d'un conflit régional, est devenue beaucoup plus réaliste. Le défi n'est donc plus seulement de contenir et d'atténuer la violence actuelle, mais aussi de prévenir son escalade », affirme le Secrétaire général.

Bien que le nombre de victimes civiles enregistrées depuis mars 2003 varie entre 50 000 et plus de 600 000 selon les sources, le vrai problème vient des conditions difficiles dans lesquelles vit le peuple iraquien, affirme le rapport.

« La détérioration des conditions de sécurité continue d'avoir une incidence négative sur le respect des droits de l'homme, la situation humanitaire et le niveau de vie général. Le grand nombre de morts et de blessés a des répercussions sociales. Les veuves et les orphelins, abandonnés à la détresse de familles brisées, doivent combler le vide laissé par le soutien de famille disparu ».

« Ce phénomène empêche tout progrès social et vient encore alourdir les difficultés d'accès à des soins de santé, à des services sociaux, à l'éducation, à l'emploi et à des débouchés économiques adéquats, qui font encore largement défaut en Iraq », indique le rapport.

Le Secrétaire général appelle le gouvernement iraquien, au-delà de ses efforts « pour améliorer la sécurité et promouvoir la réconciliation nationale », à « entreprendre d'urgence le réexamen des stratégies, politiques et mesures en vigueur afin de mettre en ?uvre un plan d'action consensuel visant à mettre un frein à l'évolution actuelle sur le plan politique et en matière de sécurité dans le pays, puis à l'inverser ».

En premier lieu, estime Kofi Annan, le gouvernement devra mettre sur pied un processus politique qui associe toutes les parties et il faudra pour y parvenir effectuer des choix politiques difficiles : toutes les communautés iraquiennes devront partager équitablement le pouvoir politique, la direction des institutions de l'État et l'accès aux ressources naturelles. Il faudra, entre autres, procéder à un partage des ressources guidé par l'intérêt national plutôt que par les intérêts de tel ou tel groupe.

En deuxième lieu, le gouvernement devra détenir le monopole de l'usage de la force en s'appuyant sur les instruments à sa disposition pour assurer la sécurité et faire appliquer la loi et respecter l'état de droit. Il lui faudra lutter contre la violence des terroristes, des insurgés, des groupes sectaires et criminels. Il devra régler le problème des milices organisées au sein des communautés iraquiennes et purger l'ensemble des ministères et les forces de sécurité iraquiennes des éléments appartenant à ces milices.

En troisième lieu, il est nécessaire de cultiver au niveau régional un climat propice à la transition politique en Iraq. Le gouvernement a pour responsabilité spécifique de normaliser ses relations avec ses voisins, ce qui exige en retour que lesdits voisins s'efforcent de favoriser l'émergence d'une stabilité et d'une sécurité plus grandes en Iraq, souligne le rapport.

Pour être en mesure de relever ces défis, le gouvernement doit désormais être investi de toute l'autorité nécessaire pour aboutir à des résultats concrets sur tous les fronts ? que ce soit en termes de sécurité, sur le plan politique et économique ou en matière de droits de l'homme. L'impact limité des politiques existantes a administré la preuve qu'il était urgent d'engager de nouvelles démarches aux niveaux national, régional et international.

Au niveau national, la révision de la Constitution qui vient de débuter avec l'appui de l'ONU constitue une chance réelle pour toutes les communautés iraquiennes de parvenir à un large consensus quant aux problèmes fondamentaux qui continuent de les diviser, souligne le Secrétaire général qui estime que cette révision doit avoir « la plus haute priorité ».

Il faut également intensifier les efforts en vue de réexaminer le processus de « débaathification » et de voter une loi d'amnistie qui ne lèse pas les droits des victimes à la vérité et à la réparation.

Au niveau régional, on est de plus en plus conscient que le conflit en Iraq, s'il s'aggravait, pourrait poser des problèmes de sécurité susceptibles de déborder les frontières, mais qu'il pourrait aussi entraîner l'intensification d'un certain nombre de tensions latentes dans les pays voisins, insiste Kofi Annan.

« J'exhorte depuis un certain temps maintenant les voisins de l'Iraq a contribuer de façon tangible à sa stabilisation, qui aurait des retombées favorables pour leur propre sécurité », a-t-il souligné.

Au-delà des « réunions organisées périodiquement, qui rassemblent les ministres des affaires étrangères et les ministres de l'intérieur de la région et auxquelles mon Représentant spécial participe régulièrement », le Secrétaire général propose, « compte tenu de la détérioration de la situation en Iraq et de ses implications régionales, potentiellement graves », de l'élargir de manière à inclure les membres permanents du Conseil de sécurité.

L'ONU est prête à examiner toutes les démarches envisageables, en consultation avec l'ensemble des parties concernées, affirme le rapport.