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Ibrahim Gambari appelle à un plan d'urgence pour ranimer le processus de paix israélo-palestinien

Ibrahim Gambari appelle à un plan d'urgence pour ranimer le processus de paix israélo-palestinien

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Estimant que "les positions sur le terrain se durcissent", le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques de l'ONU a dressé aujourd'hui devant le Conseil de sécurité un sombre tableau de la situation dans les territoires palestiniens et du blocage du processus de paix.

« A cette même période l'année dernière, Israël se désengageait de Gaza et de certaines parties de la Cisjordanie, et la communauté internationale s'efforçait de garantir un retour à la Feuille de route et au réveil de l'économie palestinienne ». « Ces espoirs n'ont pas été concrétisés », a dit le Secrétaire général adjoint, qui a fait un bilan des motifs de la détérioration notable de la situation.

Tout d'abord, au plan politique, « si le président Abbas reste fermement engagé envers son programme pour la paix, l'Autorité palestinienne dirigée par le Hamas à l'issue des élections du 25 janvier 2006 ne s'est pas pleinement engagée envers les principes de base du processus de paix : non-violence, reconnaissance d'Israël, et acceptation des accords antérieurs ».

Si, en attendant, « un dialogue est en place sur la formation d'un gouvernement d'unité nationale », , le programme de réforme palestinien est « largement gelé », a-t-il fait observer.

De son côté, « Israël s'est déclaré prêt à négocier avec l'Autorité palestinienne si elle respecte les principes de base du processus de paix ».

« En attendant, il a poursuivi la consolidation de colonies tandis qu'il envisage un retrait unilatéral de la Cisjordanie ». Ainsi, « près de 3.000 nouvelles unités d'habitation sont en construction dans les colonies existantes », tandis que certains postes illégaux n'ont pas été détruits, a dit Ibrahim Gambari.

D'autre part, la barrière, dont d'importants segments sont construit en territoire palestinien occupé, est maintenant achevée à 51% malgré l'avis consultatif de la Cour internationale de justice (CIJ).

« Une fois terminée, outre les 180.000 Palestiniens de Jérusalem Est, ce sont 60.000 Palestiniens de la Cisjordanie qui se retrouveront dans la zone entre la barrière et la Ligne verte [la frontière israélienne avec la Cisjordanie] avec un accès réduit aux services de santé, à l'éducation et à l'emploi », a dit le Secrétaire général adjoint.

Deuxième motif principal de stagnation : la dégradation de l'Autorité palestinienne.

àA« Ses revenus continuent de s'effondrer ». Le mois prochain, les sommes dues par Israël à l'Autorité palestinienne au titre de la TVA qu'elle collecte s'élèveront à entre 480 et 560 millions de dollars. Les fonctionnaires de l'Autorité palestinienne, qui font vivre un tiers de la population, n'ont reçu qu'une fraction de leurs salaires au cours des six derniers mois et l'absentéisme atteint 40%, a dit le responsable des affaires politiques de l'ONU.

Par ailleurs, plusieurs membres du Cabinet, y compris le Vice-Premier ministre, le président et le secrétaire général du Parlement sont détenus par Israël, tandis que d'autres sont à l'étranger ou en fuite.

« L'approche du Hamas, qui consiste à promouvoir ses membres aux postes à responsabilités », a aussi contribué à renforcer la désillusion parmi la population, a estimé Ibrahim Gambari.

« L'appel consolidé des Nations Unies et le Mécanisme temporaire international [mis en place par l'Union européenne] pour s'assurer de la livraison des biens et services de base fonctionnent », « mais ces mécanismes ne peuvent remplacer l'Autorité palestinienne ».

« Ils ne génèrent pas de croissance économique et n'offrent pas d'espoir aux Palestiniens », a déploré Ibrahim Gambari.

A cet égard, l'appauvrissement de la population palestinienne n'a jamais été aussi grave. Près de 70% de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté et 85% de la population de Gaza reçoit une assistance alimentaire.

Le Secrétaire général adjoint a ajouté que selon la Banque mondiale la fermeture des points de passage a une grande part de responsabilité dans cet état de fait.

Le nombre d'obstacles et de barrières en Cisjordanie a cru de 43% depuis le désengagement israélien de Gaza, contrairement à l'Accord sur la circulation des biens et des personnes qui devait conduire à sa réduction. Quant aux passages vers et depuis Gaza, ils n'ont fonctionné qu'à moins de 10% de ce qui était prévu.

Enfin, le Secrétaire général adjoint a souligné l'impact quotidien de la violence à « un niveau intolérable pour les deux parties ». Cette année, 41 Israéliens ont été tués et près de 480 blessés, tandis que 450 Palestiniens ont été tués et plus de 2.500 blessés. 190 d'entre eux sont morts depuis l'enlèvement du soldat israélien Shalit.

A ce sujet, Ibrahim Gambari a rappelé qu'aucun progrès n'avait été accompli pour sa libération, et que ses ravisseurs n'avaient donné aucun signe de son état.

Le Secrétaire général adjoint a souligné en conclusion que la confiance dans un processus de paix était en recul et que le récent conflit entre Israël et le Hezbollah pourrait avoir renforcé ce mouvement.

« Les positions se durcissent et pourraient continuer à se durcir à moins qu'un processus politique crédible ne soit ranimé », a dit le Secrétaire général adjoint.