L'actualité mondiale Un regard humain

L'aggravation de la situation à Gaza pourrait conduire à une catastrophe humanitaire, prévient Jan Egeland

L'aggravation de la situation à Gaza pourrait conduire à une catastrophe humanitaire, prévient Jan Egeland

media:entermedia_image:4be25cfd-42dc-4abd-831a-dc8e7eaf55ea
Si l'on ne peut pas encore parler de « catastrophe humanitaire », à Gaza, la détérioration de la situation dans le Territoire palestinien a créé une « grave crise de protection », a déclaré aujourd'hui Jan Egeland, Coordonnateur des secours d'urgence de l'ONU, lors d'une conférence de presse à New York.

imageRetransmission de la conférence de presse[40mins]

« La situation à Gaza s'est encore détériorée après l'enlèvement du soldat israélien, les tirs de roquette palestiniens et l'opération militaire israélienne. On dirait que les responsables politiques de la région s'efforcent tous d'agir de façon contraire à leur propre intérêt », a affirmé Jan Egeland, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, au siège de l'ONU.

« Si cela continue, la communauté humanitaire ne pourra continuer son travail et il y a aura une catastrophe qui ne profitera qu'à un groupe : les extrémistes », a-t-il insisté.

« Les groupes palestiniens doivent cesser les attaques terroristes contre les militaires et les civils israéliens (...) Ces groupes sont en train de saper et de saboter eux-mêmes le bien-être de leur population », a-t-il fait observer.

Quant à Israël, « s'il veut la sécurité, qu'il mérite », il ne devrait pas encercler 1,4 million de personnes dans Gaza, dont la moitié d'enfants, a-t-il poursuivi.

Jan Egeland a par ailleurs souligné les conséquences drastiques qu'aurait le « maintien pendant des mois » de l'opération israélienne. Il a ainsi expliqué que le passage des tanks détruit les conduits d'adduction d'eau qui ne sont pas enfouis profondément et endommage progressivement toute l'infrastructure du territoire.

« Nous sommes toujours actifs à Gaza et en Cisjordanie mais nos opérations sont moins efficaces chaque jour. Toutes nos agences disent que cela n'est pas durable », a souligné le Secrétaire général adjoint.

Jan Egeland a rappelé que « pour les 1,4 million de personnes qui vivent à Gaza, la pauvreté est rampante et elle dépend totalement de l'aide internationale ».

Estimant que le « recours excessif à la force » par l'armée israélienne avait été désastreux, le Secrétaire général adjoint a condamné en particulier la destruction de la seule centrale électrique à Gaza.

« Les six transformateurs de la centrale, construite par une société suisse et suédoise sont détruits. Il faudra des mois pour les reconstruire », a-t-il précisé.

« Israël les a détruits, c'est à lui de les reconstruire », a-t-il ajouté, expliquant que dans la mesure où c'est une société américaine qui assure la centrale, il n'est pas clair qu'elle puisse à court terme verser les sommes pour sa reconstruction en raison des sanctions imposées par le gouvernement américain et de l'interdiction de transférer des fonds à destinations du territoire palestinien.

« En attendant, les Palestiniens dépendent totalement d'Israël pour l'alimentation en électricité », a rappelé Jan Egeland, qui a souligné que la construction de cette centrale avait eu pour but « de construire un Gaza plus harmonieux moins susceptible de soutenir le terrorisme ».

Mais du fait de la destruction de la centrale, certains endroits de Gaza sont totalement dépourvus d'eau courante et d'électricité et les pompes qui récupèrent les eaux usées ne fonctionnent plus. Cela accroît les cas de diarrhée, le risque de maladies et renforce la colère de la population, a-t-il encore déploré.

Par ailleurs, a poursuivi Jan Egeland, la circulation des malades en attente de soins et le passage des fournitures médicales et des produits de base sont interrompus.

Ainsi, « 230 containers attendent à la frontière d'être livrés à Gaza », a-t-il fait savoir, mentionnant qu'en attendant les droits d'entrepôt allaient à des sociétés israéliennes.

Interrogé sur les réticences du gouvernement israélien à ouvrir davantage le passage de Karni en raison des problèmes intervenus, Jan Egeland a condamné les attaques des groupes palestiniens. Il a cependant ajouté que tous les points de passage posaient problème et que l'ONU avait besoin de cet accès.

S'agissant du financement des opérations des Nations Unies, le Secrétaire général adjoint a indiqué que l'appel à contribution pour le Territoire palestinien occupé (Gaza et Cisjordanie) de 385 millions de dollars n'était financé qu'à hauteur de 117 millions de dollars.

Jan Egeland a précisé que la plupart des donateurs venaient d'Europe, dans la mesure où les pays arabes n'apportent pas majoritairement leur aide par l'intermédiaire des Nations Unies.

Kofi Annana a lancé au cours des derniers jours de nombreux appels à la retenue (dépêche du 10.07.06).