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La succession de Kofi Annan, l'une des priorités du mois de juillet, indique le président du Conseil de sécurité

La succession de Kofi Annan, l'une des priorités du mois de juillet, indique le président du Conseil de sécurité

L'Ambassadeur Jean-Marc de La Sablière
Dévoilant aujourd'hui le programme de travail du mois de juillet, le représentant de la France et nouveau président du Conseil de sécurité, a indiqué qu'il aurait trois priorités : le traitement des crises telles que le Darfour, la protection des enfants dans les conflits armés et la succession du secrétaire général.

« Le Conseil commencera a examiner les candidatures à la succession du Secrétaire général en juillet », a déclaré Jean-Marc de la Sablière, président du Conseil de sécurité pour le mois de juillet, lors d'une conférence de presse donnée aujourd'hui au siège de l'ONU à New York, à l'issue de consultations sur le programme de travail.

imageRetransmission de la conférence de presse[54mins]

Trois candidats se sont officiellement déclarés : Surakiart Sathirathai, vice-Premier ministre de la Thaïlande, Jayantha Dhanapala, ambassadeur du Sri-Lanka aux Etats-Unis et l'Indien Shashi Tharoor, Secrétaire général adjoint à la communication des Nations Unies.

« Nous avons progressé dans l'organisation des modalités des élections. Nous nous sommes déjà entendus sur le principe de l'organisation d'un vote blanc comme lors des précédentes élections », a affirmé l'ambassadeur français.

Le représentant de la France a indiqué qu'un vote blanc était prévu dans la deuxième quinzaine du mois de juillet. « Il y aura au moins un tour », a-t-il précisé.

« Il ne s'agit pas de vote formel. Les votes blancs ne sont pas éliminatoires. Ils ont une valeur indicative. C'est pourquoi chaque délégation sera amenée à dire si elle encourage, si elle décourage, ou éventuellement si elle ne souhaite pas exprimer une opinion sur un candidat », a-t-il rappelé.

« Les votes blancs répondent à deux objectifs, a-t-il expliqué. Il faut que les candidats puissent mesurer le soutien dont ils disposent ? le résultat est communiqué au candidat qui peut en tirer les conséquences. Ils facilitent la formation d'un accord au sein du Conseil de sécurité ? il s'agit d'éviter les situations de blocage ».

Le Conseil espère être en mesure d'adopter une décision finale fin septembre. « Car nous pensons qu'il est important que le ou la Secrétaire général puisse disposer de plusieurs mois pour se préparer », a-t-il dit.

La protection des enfants dans les conflits armés constitue la deuxième priorité du Conseil de sécurité pour le mois de juillet. Le ministre des Affaires étrangères de la France, Philippe Douste-Blazy, viendra à New York le 24 juillet pour une réunion sur ce thème.

Une déclaration présidentielle devrait être adoptée à l'issue de cette réunion qui permettra de faire le bilan du fonctionnement du groupe de travail du Conseil sur les enfants dans les conflits armés, a indiqué l'ambassadeur français.

« La France a eu l'initiative de la résolution 1612 du 26 juillet 2005 qui a mis en place un mécanisme de surveillance et qui a adopté le principe du groupe de travail du Conseil de sécurité », a-t-il rappelé.

Troisième priorité : les crises. Concernant le Soudan, le Conseil travaille « sur la succession par les Nations Unies à l'Union africaine (UA) dès que celle-ci aura terminé sa mission ».

« Les Nations Unies ont engagé un dialogue avec le gouvernement soudanais. Le Secrétaire général a évoqué cette question avec le président Béchir à Banjul. Nous pensons que ce dialogue doit se poursuivre », a encore rappelé le représentant de la France. Le Conseil espère « qu'il conduira rapidement au consentement du gouvernement soudanais, qui est nécessaire pour le déploiement d'une force de des Nations Unies », a-t-il affirmé, rappelant que « c'est l'UA elle-même qui a demandé ce transfert à Addis-Abeba le 10 mars dernier ».

L'UA a décidé de maintenir sa mission au Soudan (MUAS) jusqu'à la fin de l'année. Jean-Marie Guéhenno, Secrétaire général adjoint aux opérations de la paix, a espéré pouvoir déployer une mission de maintien de la paix importante en janvier - qui comprendrait trois brigades de chacune trois à cinq bataillons.

Jean-Marie Guéhenno et Kofi Annan devraient rendre compte au Conseil de sécurité de leurs discussions avec le président Béchir à Banjul en Gambie la semaine prochaine, a fait savoir l'ambassadeur français.

Le représentant de la France a aussi évoqué la question régionale du conflit au Darfour. « Les violences qui ont leur origine au Darfour ont commencé à déborder les frontières du Soudan. Elles ont un impact sur le Tchad. Et d'ailleurs les deux pays s'accusent l'un l'autre », a-t-il déploré.

Le président du Conseil a fait savoir que le ministre des Affaires étrangères tchadien avait demandé un débat au Conseil de sécurité. « Il entend venir lui-même », a-t-il précisé. Aucune date n'a pour instant été fixée.

L'ambassadeur a ensuite évoqué la situation humanitaire dans les camps au Tchad. « Les camps de réfugiés sont politisés. Les travailleurs humanitaires sont menacés », a-t-il dénoncé.

L'ambassadeur a fait savoir que la France était prête à « contribuer à une initiative internationale pour répondre aux problèmes de sécurité dans les camps au Tchad ».

« Nous poussons pour ce que cette question soit étudiée aussi vite que possible car ces camps ont besoin d'être protégés », a-t-il insisté. Il a encore précisé que le président tchadien n'avait pas les moyens de les protéger et qu'il avait demandé de l'aide à la communauté internationale.

Concernant le dossier ivoirien, le Conseil se réunira le 26 juillet, après la réunion aujourd'hui à Yamoussoukro entre le Secrétaire général et les dirigeants ivoiriens et après la réunion du Groupe de travail international prévue le 20 juillet.

Jean-Marc de la Sablière a rappelé que le Conseil de sécurité avait indiqué à plusieurs reprises qu'il fallait tout faire pour que les élections se tiennent au plus tard le 31 octobre.

Le Conseil de sécurité suivra également « de très près » la situation en République démocratique du Congo où des élections présidentielles et législatives sont prévues le 30 juillet. Une réunion est prévue demain sur le rapport de la récente mission du Conseil de sécurité dans la région.

Des consultations sur le dossier somalien sont par ailleurs prévues le 10 juillet. François Lonseny Fall, représentant du Secrétaire général pour la Somalie, sera présent.

Le représentant de la France a rappelé qu'un dialogue s'était engagé entre les autorités fédérales de transition et les tribunaux islamiques. Une autre réunion entre les parties est d'ailleurs prévue à Khartoum le 15 juillet.

Le Conseil souhaite encourager le dialogue entre les parties somaliennes. Un projet de déclaration présidentielle est en train d'être préparée, a-t-il indiqué.

Le Conseil se penchera ensuite sur le dossier Ethiopie/Erythrée pour faire un point de la situation. Le mandat de la Mission des Nations Unies en Éthiopie et en Érythrée (MINUEE)n'est pas remis en question, a-t-il précisé. Le 27 juillet, Jean-Marie Guéhenno fera un exposé sur la MINUEE dont le mandat a été récemment réduit et dont le renouvellement arrive à échéance le 30 septembre.

Concernant le Proche-Orient, le Conseil suit aussi « de très près » la situation. « L'ambassadeur permanent de Palestine est venu me voir lundi dernier. Il m'a confirmé la décision prise par le Conseil de la Ligue arabe de solliciter une réaction formelle du Conseil de sécurité aux événements », a rapporté le président.

Des consultations se poursuivent au niveau du groupe arabe à New York sur la nature et le contenu de cette réaction attendue.

Sur la Corée du Nord, « tous les membres du Conseil souhaitent que le conseil réagisse de manière rapide et ferme », a-t-il rappelé.

« Nous souhaitons une réaction rapide et ferme du Conseil de sécurité. Nous pensons que la Corée du Nord est un acteur majeur de la prolifération massive des armes de destruction massive et constitue une menace à la paix et à la sécurité internationales. Nous souhaitons également que les pourparlers à Six reprennent. Nous soutenons le Japon », a-t-il encore déclaré au nom de la France.

Sur le dossier iranien, il a précisé que le Conseil attendait la réponse de l'Iran aux propositions incitatives faite par les Six le 6 juin. « Les ministres des G-8 ont affirmé qu'ils attendaient une réponse claire et substantielle de l'Iran dans les prochains jours », a-t-il encore dit, précisant que le dossier n'était pour l'instant pas à New York.