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Kofi Annan défend le discours prononcé par son Vice-Secrétaire général

Kofi Annan défend le discours prononcé par son Vice-Secrétaire général

Kofi Annan
Le Secrétaire général a réitéré aujourd'hui son soutien à « la teneur » d'une allocution prononcée par son Vice-Secrétaire général, Mark Malloch Brown, appelant à un plus grand engagement des Etats-Unis pour soutenir l'ONU.

« Je sais aussi que vous avez été assez préoccupés par un 'petit discours' prononcé il y a quelques jours. Je vous engage à lire ce discours. Le message est que les Etats-Unis ont besoin de l'ONU et que l'ONU a besoin des Etats-Unis. Et qu'il faut que nous nous soutenions mutuellement », a déclaré aujourd'hui à la presse le Secrétaire général.

imageRetransmission du point de presse du Secrétaire général[9mins]

Cette allocution, prononcée mardi soir lors d'un séminaire à New York, a provoqué les critiques acerbes du représentant des Etats-Unis, John Bolton.

Lors d'un point de presse à l'ONU, ce dernier l'a qualifié de « grave erreur », estimant que la « victime pourrait en être l'ONU » elle-même. John Bolton a aussi appelé à la « répudiation publique » du discours.

Défendant de nouveau son adjoint, Kofi Annan a souligné aujourd'hui « que la structure du pouvoir à l'ONU faisait en ce moment l'objet de discussions ».

« Lorsque l'on parle de réformes de gestion, certains ont d'autres questions en tête », a-t-il dit, en référence au lien établi par les Etats-Unis entre les progrès accomplis dans la réforme de la gestion de l'ONU et le paiement de leurs contributions, alors qu'en parallèle la réforme du Conseil de sécurité reste pour l'instant au point mort.

« J'ai déjà eu l'occasion de dire que la structure du pouvoir est trop étroite à l'ONU. La plupart des Etats Membres estiment que cinq pays seulement prennent les décisions. Il faudra donc faire des changements », a dit Kofi Annan qui a rappelé qu'il avait déjà employé le terme de « déficit démocratique » à cet égard.

« Mettons maintenant ce discours derrière nous », a dit le Secrétaire général.

« Il y a une ou deux choses dans le discours avec lesquelles vous ou moi-même pouvons être en désaccord. Mais ce sur quoi nous ne pouvons qu'être d'accord c'est la teneur du message, qui est que l'ONU a besoin de soutien et que nous devons travailler ensemble et qu'il faut défendre l'ONU ».

« Je ne prévoit pas une crise financière majeure à la fin du mois. Je pense que les Etats Membres peuvent se mettre d'accord. Et il faut aussi poursuivre la mise en oeuvre des mandats qui ont été confiés à l'Organisation ».

« Si certains décident 'nous ne sommes pas d'accord avec la réforme et nous allons fermer la boutique', ils auront des explications à donner, et pas seulement ici mais aussi envers le public », a dit Kofi Annan.

Lors d'un point avec la presse hier au siège de l'ONU, Mark Malloch Brown a souligné qu'il n'avait pas souhaité être partisan, mais qu'il était important de souligner « la crise actuelle ».

imageRetransmission du point de presse de Mark Malloch Brown [17mins]

Il a rappelé qu'il avait été critiqué par le G-77, le principal groupe représentant les pays en développement à l'ONU, pour leur avoir demandé de participer davantage au processus de réformes.

Dans son discours, Mark Malloch Brown affirmé que « la pratique actuelle des Etats-Unis de n'utiliser l'ONU en tant qu'outil diplomatique que furtivement tout en s'abstenant de la défendre contre ses critiques au niveau national » n'était « tout simplement pas durable ».

« Les Etats-Unis ont besoin de l'ONU ». Réciproquement, a-t-il souligné, « l'ONU a tout autant besoin de son premier parent, les Etats-Unis».

Le Vice-Secrétaire général a expliqué que la question du blocage des réformes à l'ONU ne concernait pas tant le fonds des questions mais « les motivations et les pouvoirs de chacun ».

« C'est malheureux mais certains Etats, y compris parmi les pays modérés, ont la perception que tout ce que soutiennent les Etats-Unis relève de motivations cachées visant soit à subordonner les processus multilatéraux aux objectifs de Washington, soit à affaiblir les institutions, et qu'il faut donc s'y opposer sans véritable discussion, quels qu'en soient les mérites », a-t-il fait observer.

Il a aussi souligné «une hostilité compréhensible des Etats Membres quant à la perception que le Conseil de sécurité, en particulier ses 5 membres permanents, cherchent à occuper un rôle dans des domaines qui ne lui incombent pas formellement, comme la réforme de la gestion et les droits de l'homme ».