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Darfour : le Conseil de sécurité adopte une résolution pour accélérer le déploiement d'une force de l'ONU

Darfour : le Conseil de sécurité adopte une résolution pour accélérer le déploiement d'une force de l'ONU

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Le Conseil de sécurité a adopté aujourd'hui une résolution qui donne une semaine au gouvernenent du Soudan pour accepter une mission d'évaluation pour le déploiement force des Nations Unies dans la région du Darfour qui remplacerait l'actuelle force de l'Union africaine.

Par la résolution 1679 adoptée aujourd'hui à l'unanimité, le Conseil de sécurité demande à toutes les parties à l'accord de paix au Darfour de « collaborer » pour accélérer la transition d'une force de l'Union africaine (UA) - appelée la MUAS - à une force de maintien de la paix.

Dans sa résolution 1633 adoptée le 24 mars, le Conseil de sécurité avait déjà autorisé le déploiement d'une telle force (dépêche du 24.05.06).

Le Conseil de sécurité a notamment demandé que soit dépêchée sur le terrain « une mission d'évaluation technique conjointe de l'UA et de l'ONU dans la semaine » afin d'étudier le déploiement d'une opération de maintien de la paix.

A ce propos, le Conseil prie le Secrétaire général de le saisir, dans la semaine qui suivra le retour de la mission d'évaluation, de « recommandations sur tous les aspects du mandat que l'opération des Nations Unies au Darfour, y compris la structure de la force, les renforts nécessaires, les pays qui pourraient fournir des contingents et le détail des coûts à prévoir ».

En attendant la transition, le Conseil de sécurité demande à l'UA de se concerter avec l'ONU à propos des ressources qu'il faut prévoir pour « donner à la MUAS les moyens de faire appliquer les arrangements de sécurité de l'accord de paix ».

La résolution demande aussi aux parties de « respecter les engagements qu'elles ont pris et de mettre l'accord en application sans retard et invite « les parties qui ne l'ont pas fait à signer l'accord sans attendre ».

Le 5 mai dernier à Abuja, le gouvernement du Soudan et le Mouvement/Armée de libération du Soudan (SLM) ont signé un accord de paix. Deux autres groupes rebelles du Darfour ont refusé de signer. Le conflit qui a démarré en février 2003 a déjà fait plus de 300.000 morts et provoqué le déplacement de plus de 2 millions de personnes.

Agissant en vertu du chapitre VII de la Charte de l'ONU, le Conseil « entend envisager de prendre (...) des mesures énergiques et efficaces, telles que l'interdiction de voyager et le gel des avoirs, à l'encontre de toute personne ou tout groupe qui contreviendrait à l'accord de paix au Darfour ou tenterait d'en empêcher la mise en oeuvre ».

Le chapitre VII prévoit des « mesures coercitives » en cas de menace à la paix, allant « des sanctions économiques et autres sanctions n'impliquant par l'emploi de la force armée jusqu'à l'intervention militaire internationale ».

A l'issue du vote, les représentants de la Russie, de la Chine et du Qatar ont expliqué leur position.

Le représentant russe a souhaité que la référence au chapitre VII ne préjuge pas du mandat de la présence future des Nations Unies au Darfour qui devra tenir compte de tous les facteurs et de la dynamique de la situation.

Le représentant chinois a également fait part de ses réserves quant à la mention du chapitre VII. Il a souligné que ce chapitre n'était évoqué qu'en cas de « menaces à la paix et à la sécurité internationales ou de menaces d'agression », ce qui ne correspond pas à la situation au Darfour. L'approbation de la Chine ne « saurait être considérée comme un précédent pour les futures discussions au Conseil de nouvelles résolutions sur le Soudan ».

Tout déploiement d'une mission de l'ONU doit se fonder sur l'accord du gouvernement soudanais. Il s'agit là d'un principe fondamental et d'une condition préalable au déploiement de toute mission de l'ONU, a-t-il ajouté.

Dans une déclaration présidentielle adoptée le 9 mai dernier, le Conseil de sécurité avait déjà demandé au Secrétaire général d'accélérer les mesures pour renforcer la force de l'UA au Darfour et les préparatifs visant à mettre en place une opération des Nations Unies qui la remplacerait (dépêche du 09.05.06).

Dans sa déclaration, le Conseil de sécurité avait aussi appelé le Secrétaire général à convoquer sans retard une conférence des donateurs.

Dans une tribune publiée hier dans le « Financial Times », Kofi Annan a mentionné l'organisation d'une conférence des donateurs « éventuellement à Bruxelles début juin ». « Mais j'en appelle aux donateurs pour qu'ils n'attendent pas jusque-là. Qu'ils se montrent très généreux et qu'ils le fassent tout de suite », a-t-il ajouté.

« Il n'y a pas un jour à perdre », a-t-il insisté.