Somalie : l'expert sur les droits de l'homme préoccupé par l'aggravation des violences à Mogadiscio

Ghanim Alnajjar, Expert indépendant des Nations Unies sur la situation des droits de l'homme en Somalie, a condamné aujourd'hui l'aggravation de la violence contre des civils, provoquée par les combats entre les milices armées dans les quartiers nord de Mogadiscio, où 120 personnes auraient été tuées au cours des cinq derniers jours.

« Dans des situations de ce type, la plupart des victimes sont des civils qui sont pris entre deux feux, notamment des enfants », a rappelé Ghanim Alnajjar, dans un communiqué publié aujourd'hui à Genève.

« Selon certaines informations, près de 120 personnes auraient été tuées et des dizaines blessées au cours des cinq derniers jours », indique le communiqué.

« Cette nouvelle vague de combats violents à Mogadiscio est la seconde cette année et la plus importante des dix dernières années. Au cours de combats qui se sont déroulés au mois de mars 2006, 90 personnes auraient été tuées », affirme-t-il.

Dans son communiqué, le Rapporteur spécial a lancé un appel aux milices pour qu'ils mettent fin « immédiatement » à ces hostilités.

Il a aussi rappelé à toutes les parties concernées « qu'elles doivent pleinement respecter le droit humanitaire et les droits de l'homme en période de conflit ».

Lors d'une conférence de presse donnée hier à Genève, Louise Arbour, Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, a estimé que ce pays représentait la « crise oubliée de l'Afrique ».

A l'heure actuelle, il y a véritable frustration dans la mesure où la communauté internationale n'est pas suffisamment engagée dans un pays qui a des besoins d'assistance énormes, a insisté Louise Arbour.

Par ailleurs, le Conseil de sécurité a demandé mercredi dernier au Secrétaire général de reconstituer dans les 30 jours, et pour une période de six mois, le Groupe de contrôle chargé d'enquêter sur l'application de l'embargo sur les armes imposé à la Somalie et sur ses violations (résolution 1676).

Le dernier rapport du Groupe de contrôle affirme en effet que l'embargo sur les armes imposé en 1992 à la Somalie continue d'être violé. Selon les experts, la militarisation de certaines régions du pays - le centre et le sud – continuent aussi. Dans les derniers mois, des fondamentalistes islamiques ont activement et agressivement revendiqué leur indépendance, affirme le rapport (dépêche du 10.05.06 et le communiqué de l'ONU).

Le 1er mai dernier, l'Envoyé de l'ONU pour la Corne de l'Afrique, Kjell Mage Bondevik, avait lancé un appel au gouvernement de transition pour qu'il garantisse la sécurité et un meilleur accès aux travailleurs humanitaires dont les travaux ont été, à de nombreuses reprises, entravés par les attaques de pirates (dépêche du 01.05.06).