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La présidente du Libéria demande au Conseil de sécurité la levée de l'embargo sur les diamants

La présidente du Libéria demande au Conseil de sécurité la levée de l'embargo sur les diamants

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Ellen Johnson-Sirleaf, nouvelle présidente du Libéria et première femme élue à la tête d'un pays africain, a demandé aujourd'hui au Conseil de sécurité la levée des sanctions imposées sur les exportations de diamants et le maintien d'une présence des Nations Unies dans son pays ravagé par plus d'une décennie de guerre.

Devant le Conseil de sécurité réuni en séance publique, Ellen Johnson-Sirleaf, qui a pris ses fonctions à la présidence du Libéria le 16 janvier dernier, a détaillé le programme des réformes en cours dans son pays, précisant que son gouvernement avait élaboré un plan d'action qui définit les priorités pour les 150 prochains jours et qui constitue un prélude à une stratégie nationale.

« Notre stratégie en matière de maintien de la paix repose sur quatre piliers : sécurité, primauté du droit et gouvernance, relance économique et reconstruction des infrastructures », a affirmé la nouvelle présidente.

image• Retransmission de la séance publique sur le Libéria [52mins]

« À l'heure actuelle, a précisé Ellen Johnson-Sirleaf, nous mettons en place les mécanismes qui devraient assurer une plus grande transparence en matière de gouvernance, ce qui est conforme aux exigences permettant de lever les sanctions imposées sur le diamant et le bois ».

« Comme première mesure, j'ai annulé les concessions forestières. Désormais la plupart des exigences prévues par le processus de Kimberley ont été remplies et nous espérons voir une levée des sanctions à l'encontre des exportations de diamants », a expliqué la présidente du Libéria.

Dans la résolution 1521 votée en décembre dernier, le Conseil de sécurité a reconduit, pour une nouvelle période d'un an, les embargos sur les armes, les diamants et le bois imposés au Libéria (dépêche du 21.12.05).

Ellen Johnson-Sirleaf a aussi indiqué que son gouvernement avait lancé un plan anticorruption, mis en place un code de conduite à l'intention des représentants du gouvernement, créé une Commission vérité et réconciliation et institué la Cour suprême.

S'agissant de l'ancien président Charles Taylor, en exil au Nigeria, la présidente a affirmé qu'elle avait demandé au président nigérien de consulter ses collègues de la région pour trouver une solution à cette question, en conformité avec les exigences des Nations Unies.

Ellen Johnson-Sirleaf a enfin rappelé qu'elle continuerait à « compter sur l'aide des Nations Unies » pour faire face aux énormes défis de ce « pays encore fragile ».

« Nos forces armées ne sont pas encore complètement reconstituées tandis que la reconstruction des forces de police n'est pas achevée. Je demande donc instamment au Conseil de maintenir une présence des Nations Unies au Libéria », a déclaré la présidente.

Dans sa résolution 1626 adoptée en septembre dernier, le Conseil de sécurité a prolongé le mandat de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL) jusqu'au 31 mars 2006 en vue des élections présidentielles (dépêche du 20.09.05).

Après 14 ans de guerre civile et deux années de transition, les Libériens étaient appelés aux urnes le 11 octobre dernier. Ellen Johnson Sirleaf était désignée vainqueur du scrutin présidentiel le 23 novembre (dépêche du 23.11.05).

Les membres du Conseil de sécurité ont réservé un accueil chaleureux à la présidente libérienne et se sont félicitées des réformes en cours.

« Si l'élan de la réforme est maintenu », a estimé la représentante du Danemark, qui préside cette année le Comité des sanctions concernant le Libéria, « l'objectif de la levée des sanctions devrait être atteint sous peu ».

Louant la détermination dont faisait preuve Ellen Johnson-Sirleaf pour réformer les secteurs du bois et des diamants, le représentant des États-Unis a affirmé lui aussi attendre avec intérêt que les conditions soient remplies pour la levée des sanctions.

Les délégations ont également soutenu l'initiative de la présidente libérienne qui a indiqué avoir demandé au président du Nigeria de consulter ses collègues de la sous région et la communauté internationale en vue de résoudre le cas de l'ex-Président libérien Charles Taylor, conformément aux directives des Nations Unies.

Plusieurs d'entre elles ont insisté pour que Charles Taylor, qui vit en exil au Nigeria depuis 2003, soit traduit en justice devant le Tribunal spécial pour la Sierra Leone.