Au Cap, Kofi Annan souligne le rôle exemplaire de l'Afrique du Sud

Actuellement en tournée en Afrique, le Secrétaire général a salué, aujourd'hui au Cap, le rôle exemplaire de l'Afrique du Sud pour les pays en développement à travers ce qu'elle fait non seulement dans son pays et dans sa région mais aussi sur son continent avec notamment l'Union africaine.

« S'il est facile de blâmer le passé et l'ingérence extérieure – l'impérialisme et l'esclavage, les déséquilibres de pouvoir et de richesse dans un monde manifestement injuste -, cela ne nous absous pas, nous les Africains d'aujourd'hui, de notre propre responsabilité à l'égard de nous-mêmes et de nos enfants », a d'abord rappelé le Secrétaire général, dans un discours prononcé aujourd'hui au Cap devant le parlement sud-africain.

« La vérité c'est que le développement en Afrique a besoin d'une nouvelle approche. La bonne nouvelle c'est que l'Afrique du Sud montre l'exemple », a continué Kofi Annan qui a effectué sa première visite officielle en tant que Secrétaire général en Afrique du Sud en 1997.

« Vous montrez l'exemple, premièrement, à travers ce que vous faîtes dans votre pays », a-t-il déclaré.

« L'Afrique du Sud nous rappelle à tous aujourd'hui la remarquable capacité des Africains à pardonner et à se réconcilier malgré la souffrance de l'oppression et de la discrimination raciale », a-t-il affirmé.

« Votre économie robuste, votre démocratie stable, votre soutien à l'Etat de droit, et - peut-être plus important – votre Constitution pleinement inclusive font de l'Afrique de Sud un exemple de tolérance, de coexistence pacifique et de respect mutuel entre les peuples de différentes races, langages et traditions », a-t-il souligné.

« Votre 'nation arc-en-ciel' rayonne dans la composition et la formation de cette assemblée. Quand je regarde cette Chambre je suis non seulement impressionné par la diversité des races et des couleurs qui sont représentées mais aussi par le nombre de femmes présentes », a-t-il admiré.

« Vous faites honte à l'Assemblée générale des Nations Unies ! », a ironisé le Secrétaire général, avant de rappeler que le parlement sud-africain était le premier dans le monde à avoir adopté un budget réservé à la promotion de l'égalité entre les hommes et les femmes.

« Vous montrez l'exemple, deuxièmement, à travers ce que vous faites dans votre région », a poursuivi Kofi Annan, citant l'action de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) et les contributions sud-africaines dans le domaine du rétablissement et du maintien de la paix au Burundi et en République démocratique du Congo (RDC).

« C'est très important car aucun pays ne peut dire aujourd'hui qu'il n'est pas affecté par les événements de ses voisins. Dans chaque région, il est de la responsabilité des pays forts d'apporter un soutien aux plus faibles, sans chercher à imposer sa domination », a-t-il fait observer.

« Troisièmement, vous montrez l'exemple, à travers ce que vous faites en Afrique », a-t-il continué.

« Economiquement, l'Afrique du Sud est maintenant le plus gros investisseur dans le reste de l'Afrique Sub-saharienne. Elle a aussi joué un rôle déterminant dans le Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD) – un nouveau paradigme basé sur une stratégie de développement initiée par l'Afrique et son partenariat avec la communauté internationale fondé sur le respect mutuel et l'égalité », a-t-il rappelé.

Au niveau politique, le Secrétaire général a salué l'initiative prise par l'Afrique du Sud de « transformer l'Organisation de l'unité africaine en Union africaine (UA) », ce qui a permis « d'établir le mécanisme de la revue par les pairs » dans le but d'améliorer « les standards africains de gouvernance ». Il s'est aussi félicité du rôle de leader joué par le gouvernement sud-africain au Conseil de paix et de sécurité de l'UA qui permet « aux Africains de s'aider les uns les autres » pour régler les conflits du continent.

Kofi Annan a aussi salué le fait que l'UA était devenue maintenant « un partenaire essentiel pour les Nations Unies dans le domaine de la paix et du développement ». « Le rôle déterminant joué par le président Mbeki pour établir la paix en Côte d'Ivoire, en coopération étroite avec la Mission de maintien de la paix des Nations Unies dans le pays » est en exemple. « Nous efforts communs pour maintenir la paix et protéger la population au Darfour et à la frontière entre le Soudan et le Tchad » en est un autre.

« L'Afrique du Sud montre aussi l'exemple, à travers ce qu'elle fait dans le monde », a-t-il poursuivi.

« Lors de son discours au sommet mondial de septembre, le président Mbeki a fait référence 'aux intérêts et conditions d'existence largement disparates… comme aux graves déséquilibres de pouvoir' qui définissent les relations entre les Etats Membres des Nations Unies », a-t-il fait remarquer.

« Il a identifié cela comme la première raison pour laquelle nous ne sommes pas arrivés au consensus sur la sécurité que nous devons atteindre, si nous voulons maintenir la paix dans le monde basée sur l'entente et l'action collective plutôt que sur l'application unilatérale du pouvoir », a ajouté le Secrétaire général.

Kofi Annan a préconisé de rétablir l'équilibre notamment par l'entraide économique entre pays en développement et en poursuivant l'action diplomatique menée par l'Afrique du Sud notamment dans la mise en œuvre des engagements relatifs au développement.