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Le Conseil de sécurité débat de l'envoi d'une force des Nations Unies au Darfour

Le Conseil de sécurité débat de l'envoi d'une force des Nations Unies au Darfour

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Ainsi que l'y avait engagé la semaine dernière le Secrétaire général, le Conseil de sécurité a tenu aujourd'hui des consultations à huis clos sur les préparatifs de l'envoi d'une opération de maintien de la paix des Nations Unies au Darfour.

« Nous avons eu une discussion préliminaire sur un projet de déclaration présidentielle sur la planification d'activités de maintien de la paix au Darfour », a déclaré ce matin John Bolton, ambassadeur des Etats-Unis et président du Conseil de sécurité pour le mois de février.

John Bolton a ajouté que les experts continueraient les pourparlers cet après-midi sur le projet de texte.

L'ONU a déployé jusqu'à présent une opération de maintien de la paix, la Mission des Nations Unies au Soudan (UNMIS selon son acronyme anglais), chargée de surveiller la mise en œuvre de l'Accord de paix global entre le gouvernement du Soudan et l'Armée/Mouvement de libération populaire du Soudan, le mouvement rebelle du Sud-Soudan.

L'UNMIS a aussi pour mandat de fournir un soutien à la Mission de l'Union africaine au Darfour (MUAS), qui vise à protéger les populations en proie aux conflits qui continuent de faire rage dans cette région de l'ouest du Soudan.

La semaine dernière, le Secrétaire général avait estimé dans une tribune au « Washington Post » que « le passage d'une force de l'Union africaine à une opération des Nations Unies au Darfour » était « désormais inévitable », affirmant que « pour que la transition se déroule bien, le Conseil de sécurité » devait « rapidement prendre une décision ferme » (voir notre dépêche du 25 janvier 2006).

Le Secrétaire général rappelait que « malgré un manque chronique de fonds, les troupes de l'Union africaine sur le terrain font tout leur possible » et que « la population se sent plus en sécurité quand elles sont présentes ».

Mais, déplorait-il, « elles sont trop peu nombreuses - 5.000 soldats et 2.000 policiers et observateurs militaires pour un territoire de la taille du Texas. Elles n'ont ni le matériel, ni le mandat qu'il leur faudrait pour protéger les gens qui sont en danger ou faire appliquer un cessez-le-feu que les rebelles, les Janjaouid et les forces gouvernementales soudanaises enfreignent désormais régulièrement ».

« Le Conseil de sécurité se trouve ainsi mis sur la sellette. La Charte des Nations Unies lui attribue la principale responsabilité du maintien de la paix et de la sécurité internationales », soulignait Kofi Annan.

« Cela étant dit, il ne faudrait surtout pas s'imaginer qu'il suffira, pour régler la crise, de placer l'actuelle mission de l'Union africaine sous le drapeau de l'ONU », prévenait par ailleurs le Secrétaire général.

« La nouvelle opération devra avoir un mandat clair et vigoureux qui l'autorise à protéger ceux qui sont en danger, en recourant à la force si nécessaire, et disposer des moyens de le faire. Il faudra donc qu'elle soit plus étoffée, plus mobile et nettement mieux équipée que la MUAS », expliquait Kofi Annan.

En attendant, précisait le Secrétaire général, « la mission de l'Union africaine doit être maintenue et renforcée » car « il faudrait des mois à l'ONU pour déployer une telle opération ».

Le 24 janvier, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, António Guterres, avait prévenu le Conseil de sécurité de l'imminence d'une « catastrophe encore bien plus grande » au Darfour, si des mesures énergiques n'étaient pas prises rapidement par la communauté internationale.

António Guterres avait aussi appelé au renforcement immédiat du soutien aux forces de l'Union africaine et à une pression politique accrue pour parvenir à un accord de paix dans le cadre des pourparlers d'Abuja (voir notre dépêche du 24 janvier 2006).

« Notre stratégie de paix a échoué au Darfour », avait affirmé, le 13 janvier dernier, Jan Pronk.

Devant le Conseil de sécurité, le Représentant spécial avait plaidé pour le déploiement d'une force « beaucoup plus importante » dans la région, qui serait « en mesure de prévenir les attaques contre les civils et de désarmer les milices janjaouites », responsables des pires atrocités (voir notre dépêche du 13 janvier 2006).