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Conseil de sécurité : le président du Timor demande le maintien d'une présence des Nations Unies

Conseil de sécurité : le président du Timor demande le maintien d'une présence des Nations Unies

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En prévision de l'expiration du mandat du Bureau des Nations Unies au Timor-Leste (BUNUTIL) le 20 mai prochain, le président du Timor-Leste a demandé aujourd'hui au Conseil de sécurité de maintenir une présence des Nations Unies dans son pays où la paix reste encore fragile et souhaité une réparation pour les violations des droits de l'homme commises pendant l'occupation indonésienne.

« La Commission accueil, vérité et réconciliation (CAVR) est d'avis qu'il n'est pas possible de parvenir à une réconciliation durable sans établir la vérité et sans prévoir des réparations pour toutes les injustices vécues pendant plus de 24 ans par les Timorais », a déclaré aujourd'hui Xanana Gusmão, président du Timor-Leste, devant le Conseil de sécurité à New York, à propos du rapport, qu'il a remis vendredi au Secrétaire général, sur les violations des droits de l'homme commises pendant l'occupation indonésienne (voir notre dépêche du 20 janvier 2005).

image• Retransmission de la séance du Conseil de sécurité[2h52mins]

Mais « le plus important est de se consacrer au processus de réconciliation et de pardon », a ajouté Xanana Gusmão, précisant qu'il avait insisté pour que le rapport de la Commission se penche également sur les violations commises par la partie timoraise.

« L'objectif de ce rapport est de prévenir la récurrence de telles violations des droits de l'homme », a-t-il insisté.

Selon les informations parues dans la presse, le rapport de la Commission accuserait l'Indonésie de « crimes contre l'humanité ». Privation de nourriture, tortures, violences sexuelles : la politique de l'armée indonésienne aurait entraîné la mort de 84.000 à 183.000 personnes entre 1975 et 1999, soit un tiers de la population totale, selon le rapport.

Abordant la question de la présence des Nations Unies dans le pays, le président timorais a suggéré la mise en place d'un « bureau politique spécial », de taille moyenne, qui aiderait également le pays à s'acheminer vers la tenue d'élections présidentielles et parlementaires en 2007.

Dans une lettre adressée au Secrétaire général vendredi dernier, le Premier ministre du Timor-Leste, Mari Alkatiri, a demandé qu'un tel bureau comprenne une composante d'assistance électorale en vue d'apporter un appui technique et logistique.

Mari Alkatiri a suggéré aussi que le bureau dispose de conseillers civils dans les secteurs de la justice et des finances et un volet formation des policiers timorais afin de prévenir les tensions et les conflits le long de la frontière avec l'Indonésie. Enfin, la lettre attire l'attention sur l'importance du déploiement de 15 à 20 « attachés de liaison militaires » relevant du « bureau politique spécial ».

« Le pays continue de manquer de juges, de procureurs et de greffiers », a estimé par ailleurs le président timorais devant le Conseil, ajoutant que « pendant longtemps encore, le Timor-Leste aura besoin d'une assistance dans ce domaine afin d'offrir à son peuple un système judiciaire indépendant et efficace ».

« Nous avons demandé au Conseil de sécurité de continuer à se préoccuper de notre sort. Bien que nous soyons considérés comme un 'succès', le processus est encore fragile », a résumé le président timorais, lors d'une déclaration faite aujourd'hui à la presse, à l'issue de la séance du Conseil.

image• Retransmission de la déclaration à la presse[3mins]

De son côté, le représentant spécial du Secrétaire général pour le Timor-Leste, Sukehiro Hasegawa, a reconnu aujourd'hui devant le Conseil de sécurité qu'en dépit d'énormes progrès accomplis dans le pays, la paix restait fragile. Il a rappelé qu'une mission d'évaluation, menée en 2005, avait conclu qu'une présence internationale importante serait nécessaire pour garantir la tenue d'élections, en 2007.

Les membres du Conseil et les autres États Membres des Nations Unies qui ont pris part à la séance d'aujourd'hui ont répondu favorablement à la demande du président timorais de maintenir une présence des Nations Unies au delà du 20 mai 2006, compte tenu du caractère récent des institutions timoraises et de la persistance d'éléments d'instabilité dans le processus de stabilisation.

Le représentant de l'Indonésie a également fait sienne la conclusion du Secrétaire général selon laquelle la présence des Nations Unies sera indispensable après l'expiration du mandat du BUNUTIL. Les élections de 2007, a-t-il estimé, constitueront un défi de taille pour le Timor-Leste.

Voir l'ensemble des interventions dans le communiqué de l'ONU.

Dans son dernier rapport sur le Timor-Leste (S/2006/24), le Secrétaire général estimait qu'il faudrait peut-être « plusieurs années avant que le parlement national ne soit en mesure de fonctionner sans un appui international ». « Il faudra aussi du temps avant que la démocratie et les droits de l'homme ne soient vraiment ancrés dans le pays », a estimé Kofi Annan.

Le rapport met aussi l'accent sur l'aide qu'il faudra apporter au Timor-Leste pour les élections présidentielles et parlementaires de 2007, qui auront lieu pour la première fois dans le pays depuis l'indépendance en 2002.