L'actualité mondiale Un regard humain

Une force des Nations Unies pourrait intervenir au Darfour, annonce Kofi Annan

Une force des Nations Unies pourrait intervenir au Darfour, annonce Kofi Annan

Réfugiés du Darfour au Soudan
Alors que la situation continue de se détériorer au Darfour et que l'Union africaine (UA) manque de ressources, le Secrétaire général a fait savoir hier qu'il avait envisagé avec les membres du Conseil de sécurité le déploiement d'une force des Nations Unies qui remplacerait l'actuelle force de l'UA.

« Comme vous le savez, les meurtres se poursuivent et les viols aussi », a déclaré hier le Secrétaire général, lors d'une rencontre avec la presse, au siège de l'ONU à New York, à l'issue d'un déjeuner avec les membres du Conseil de sécurité, centré sur la question du Darfour.

« Nous devons trouver un moyen d'améliorer la sécurité en travaillant avec les forces de l'Union africaine qui a besoin d'un soutien logistique et d'une aide financière », a rappelé Kofi Annan.

« Nous devons aussi redonner un souffle au processus de paix en cours à Abuja, dans la mesure où la solution à long terme repose sur une solution négociée. Nous devons également nous assurer que le gouvernement remplit ses engagements et a la responsabilité de protéger sa population », a-t-il ajouté.

« Toutes les parties violent l'accord de cessez-le feu. Toutes les parties attaquent les populations civiles du Darfour », a-t-il fait remarquer.

Répondant à une question sur l'aide financière apportée par la communauté internationale à l'Union africaine, le Secrétaire général a affirmé que l'UA ne disposerait de ressources que jusqu'à la fin du mois de mars.

Le président de l'Union africaine, l'ancien président malien Alpha Oumar Konaré, a pourtant fait savoir qu'il souhaitait rester sur le terrain pour encore au moins neuf mois, peut-être 11, a précisé Kofi Annan.

« La communauté internationale ne peut pas rester sans rien faire et nous devrons, très probablement, envisager d'autres options, et notamment la possibilité que les Nations Unies viennent prêter main forte à l'UA pour faire face à la crise », a-t-il annoncé.

« Nous avons parlé d'une éventuelle implication des Nations Unies », a confirmé Kofi Annan, précisant que les Nations Unies ne pourraient s'impliquer seulement qu'après la fin du mandat de l'UA.

Il a aussi indiqué que Alpha Oumar Konaré pourrait venir à New York pour discuter plus en détail de ces questions. « Plusieurs décisions doivent être prises. Premièrement, par l'UA. Pendant combien de tems, pourra-t-elle rester sur place ? Est-ce que les Nations Unies devraient intervenir ? Quand ? ».

« A ce stade, nous commençons à nous préparer pour être prêts si et quand la décision est prise de nous envoyer sur le terrain », a indiqué le Secrétaire général.

« Mais, dans tous les cas, l'UA aura besoin d'argent et de soutien jusqu'au mois de mars. Car même si nous la remplaçons, nous ne pourrons pas le faire avant la fin du mois de mars. Et on ne peut pas laisser un vide entre le mandat des deux forces », a souligné Kofi Annan.

« Nous devrons structurer la force de manière différente. Il s'agit d'un territoire très vaste. Quelle que soit la force présente sur le terrain, elle devra être mobile, elle devra avoir un soutien aérien, elle devra disposer d'hélicoptères, elle devra être capable d'agir rapidement », a-t-il expliqué.

Des équipements très sophistiqués et des troupes plus nombreuses seront aussi nécessaires.

Répondant à une question sur les pays qui pourraient contribuer à cette possible opération de maintien de la paix, le Secrétaire général a fait savoir qu'il se tournerait vers les pays européens et les Etats-Unis.

« Ces pays ont des capacités dont nous aurons besoin. Le moment venu, nous les solliciterons », a encore dit Kofi Annan.

« N'oublions pas qu'au mois de septembre dernier, nous avons voté une résolution sur le principe de la responsabilité de protéger et nous voilà confrontés à notre premier défi pour mettre en œuvre ce principe », a-t-il conclu.

Le Secrétaire général a enfin souligné que les Nations Unies auraient besoin de la coopération du gouvernement du Soudan pour envoyer une force élargie « avec des troupes qui viendraient d'autres régions que de l'Afrique ». Le gouvernement du Soudan avait en effet savoir qu'il n'accepterait pas de troupes autre qu'africaines.

A ce jour, l'UA a déployé plus de 6 000 hommes pour tenter de s'interposer au Darfour entre les rebelles d'un côté, les forces gouvernementales et les milices arabes de l'autre.

Dans le document final du sommet mondial de septembre, les Etats membres ont reconnu avoir la « responsabilité de protéger les populations du génocide, des crimes de guerre, du nettoyage ethnique et des crimes contre l'humanité », lorsque les Etats ne sont pas disposés ou en mesure de le faire, au besoin en ayant recours à la force.