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Un budget pour mettre en œuvre la réforme des Nations Unies, exhorte le Secrétaire général

Un budget pour mettre en œuvre la réforme des Nations Unies, exhorte le Secrétaire général

Alors que l'ONU terminera vraisemblablement l'année avec 35 millions de dollars seulement dans les caisses, le Secrétaire général a prévenu que l'absence de budget voté pour 2006 pourrait gravement perturber non seulement la réforme des Nations Unies mais aussi les activités courantes de l'Organisation, en raison notamment du versement tardif de leurs contributions par les Etats Membres.

« Nous avons assisté à d'autres luttes budgétaires par le passé. Cependant, cette fois-ci, c'est différent, dans la mesure où nous envisageons des réformes majeures pour l'Organisation », a déclaré aujourd'hui le Secrétaire général lors d'une conférence de presse

à New York.

image• Retransmission de la conférence de presse[62mins]

« Le Sommet nous a donné un programme sérieux de réformes sur lequel travailler. Mais cette réforme est désormais menacée si l'Organisation ne dispose pas de budget. Je lance donc un appel à tous les États Membres pour qu'ils règlent leurs divergences maintenant et pour qu'ils se mettent d'accord sur un budget », avait exhorté le Secrétaire général lors de son allocution préliminaire (voir notre dépêche d'aujourd'hui).

Le budget pour la période 2006-2007 est estimé à 3,89 milliards de dollars - dont 73,4 millions liés à la mise en œuvre des réformes décidées par les Etats Membres lors du sommet mondial de septembre dernier.

« Nous avons également des activités en cours qui doivent se poursuivre au début de la nouvelle année. Différentes propositions ont été faites et ma préoccupation est que les Etats Membres ne prennent pas d'initiative ou de décision relative au budget qui porterait atteinte non seulement aux réformes mais aussi aux activités en cours de l'Organisation », a insisté aujourd'hui le Secrétaire général.

« J'ai indiqué que nous devons faire attention à ne pas créer une crise financière pour l'Organisation. La situation financière est précaire, et je puis vous dire que nous allons sans doute terminer l'année avec 35 millions de dollars en caisse et qu'il y a aura bien sûr des réserves opérationnelles », a prévenu Kofi Annan.

« Toutefois, nous devrons avoir des mises en recouvrement et il faudra que des fonds entrent dès janvier », a-t-il précisé.

« J'ai lancé un appel aux Etats Membres pour qu'ils maintiennent la pression sur la réforme tout en approuvant, dans le même temps, un budget qui nous permette de poursuivre nos activités tout en continuant nos efforts de réforme ».

Interrogé sur le danger que présente l'absence d'un budget pour 2006, en raison de divergences entre le Groupe des 77 et d'autres groupes de pays, Kofi Annan a dit que ce serait très perturbant pour l'Organisation.

« Je ne suis pas sûr que l'on aura encore de la lumière dans cette salle », a-t-il plaisanté.

Indiquant que les négociations qui se poursuivaient ce matin n'avaient pas été un franc succès, il a indiqué poursuivre les consultations avec le Président de l'Assemblée générale et certaines délégations.

« Je pense que nous allons pouvoir trouver une solution. Je n'ai pas encore abandonné tout espoir », a-t-il conclu sur ce point.

Lors d'une conférence de presse au siège de l'ONU le 29 novembre dernier, le Contrôleur de l'ONU, Warren Sach, avait confirmé que la crise budgétaire serait « sans précédent » (voir notre dépêche du 30 novembre 2005).

Tout en reconnaissant une situation analogue dans les années 1995 ou 1996, il avait précisé qu'à l'époque les réserves de l'ONU étaient beaucoup plus importantes, alors que le compte spécial serait cette fois–ci épuisé en décembre 2005 sauf dans l'éventualité de versements immédiats d'importants arriérés.

Sur la totalité du budget prévu pour 2006-2007 et estimé à 3,89 milliards de dollars - dont 73,4 millions liés aux incidences de la réforme -, un budget arrêté pour le premier quart de 2006 pourrait s'élever de 450 à 500 millions de dollars, avait estimé le Contrôleur.

« Sur ces 500 millions de dollars, seulement 170 à 180 millions seraient disponibles dans la mesure où, comme le montre l'expérience, les États Membres ne versent immédiatement que 38% des sommes demandées », avait-t-il précisé.

« Il y aurait donc le risque d'un manque de liquidités de près de 320 millions de dollars pour boucler ce budget trimestriel ».

Warren Sach avait fait savoir que l'ONU disposait de plusieurs options afin de combler ce déficit. Sans l'autorisation accordée par les États Membres à l'Organisation de puiser dans les comptes des opérations de maintien de la paix (OMP), il faudrait réaliser des coupes dans le budget régulier.

Selon le Contrôleur, ces économies pourraient être réalisées par la suspension des achats de matériel et d'équipement, la réduction ou le gel des voyages ou le gel des recrutements.

Warren Sach avait aussi reconnu que cette situation pourrait se traduire par un paiement différé des salaires des employés, notant que 75% du budget ordinaire de l'ONU concernait les émoluments et besoins des employés.

Voir la transcription intégrale de la conférence de presse.