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TPIY : après l'arrestation de Gotovina, celle de Mladic et de Karadzic reste essentielle, affirme Carla del Ponte

TPIY : après l'arrestation de Gotovina, celle de Mladic et de Karadzic reste essentielle, affirme Carla del Ponte

Carla Del Ponte
Présentant un bilan des travaux du Tribunal pénal International pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) au Conseil de sécurité, le président Fausto Pocar et le procureur Carla del Ponte, qui ont salué l'arrestation du général croate Ante Gotovina, ont une fois de plus déploré que les Serbes Ratko Mladic et Radovan Karadzic soient toujours à l'abri.

Fausto Pocar, président du TPIY, a rappelé aux membres du Conseil de sécurité, réunis aujourd'hui en séance publique, qu'Ante Gotovina, l'un des principaux accusés qui était depuis longtemps en liberté, avait été arrêté en Espagne et transféré au Tribunal, le 10 décembre dernier.

Rendant compte des progrès réalisés par le Tribunal au cours des six derniers mois, le président a estimé que le TPIY s'approchait dès lors de son objectif de faire comparaître l'ensemble des principaux accusés devant le Tribunal.

Durant la période en question, le nombre des accusés encore en liberté est passé de 10 à 6, a-t-il affirmé, à la suite de l'arrestation de 4 inculpés. Outre l'arrestation d'Ante Gotovina, Fausto Pocar a cité Milan Lukic, qui est toujours en détention en Argentine, Dragan Zelenovic, qui est détenu par les autorités russes et dont les modalités de transfert connaissent des progrès, et Sredoje Lukic, qui a été transféré de la Republika Srpska vers le Tribunal le 16 septembre, après près de sept années de liberté.

Ces arrestations récentes démontrent que le TPIY demeure tributaire de la coopération de l'ensemble des États Membres, dont les États des Balkans, afin de pouvoir remplir son mandat, a indiqué Fausto Pocar, exhortant l'ensemble des États Membres à coopérer pleinement en vue d'arrêter les 6 fugitifs restants.

A cet égard, Carla del Ponte, Procureur du TPIY, a expliqué que le fait que Radovan Karadzic et Radtko Mladic n'étaient toujours pas placés en détention par le Tribunal représentait une entrave importante à ses travaux.

« Il demeure plus urgent chaque jour que ces deux prévenus soient conduits à La Haye, a affirmé le procureur, car tout retard supplémentaire nuira à la mise en œuvre de la stratégie d'achèvement, puisque les procès par contumace ne sont pas autorisés par le Statut du TPIY ».

« Cela fait dix ans que la communauté internationale joue au chat et à la souris avec MM. Karadzic et Mladic, a ajouté Carla Del Ponte, jugeant qu'il était temps que la communauté internationale et les gouvernements locaux, principalement la Serbie-et-Monténégro et la Republika Srpska, agissent de concert afin de trouver ces fugitifs, de les arrêter et de les transférer au TPIY ».

Elle a notamment jugé que vraisemblablement la capture de MM. Karadzic et Mladic ne constituait plus une priorité importante pour la communauté internationale, indiquant que la plupart des moyens de renseignements internationaux avaient disparu.

Son Bureau a dès lors dû compter principalement sur les autorités locales de la Republika Srpska et de la Serbie-et-Monténégro, a-t-elle souligné, estimant que jusqu'à récemment, il n'y avait eu aucune volonté politique de la part de ces deux parties de poursuivre agressivement MM. Karadzic et Mladic.

Carla Del Ponte a jugé que les États de Bosnie-Herzégovine et de Serbie-et-Monténégro devaient rendre des comptes pour avoir manqué de traduire en justice MM. Karadzic et Mladic, rappelant que les pressions politiques exercées par l'Union européenne et les États-Unis constituaient les principaux facteurs qui avaient conduit les États d'ex-Yougoslavie à transférer des prévenus à La Haye.

Voir le compte-rendu des interventions au Conseil de sécurité dans le communiqué de presse de l'ONU.

image• Retransmission de la séance du Conseil de sécurité[3h40mn/font>