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Les élections en Iraq ouvriront un nouveau paysage politique, affirme Ibrahim Gambari au Conseil de sécurité

Les élections en Iraq ouvriront un nouveau paysage politique, affirme Ibrahim Gambari au Conseil de sécurité

Ibrahim Gambari
Le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques a appelé aujourd'hui, lors d'une séance du Conseil de sécurité sur la situation en Iraq, à la formation rapide d'un nouveau gouvernement après les élections législatives de demain et à la création d'une Commission de révision de la Constitution pour qu'elle reçoive un soutien plus large de la population.

Les élections du 15 décembre au nouveau Conseil des représentants seront « un test de la confiance que le peuple iraquien est prêt à placer dans son propre avenir, à un moment où il est confronté à des défis considérables dans les domaines sécuritaire, politique et économique », et constitueront la conclusion de la phase de transition politique ouverte par la résolution 1546 (2004), a déclaré aujourd'hui Ibrahim Gambari, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques de l'ONU, lors d'une séance du Conseil de sécurité consacrée à la situation en Iraq.

image• Retransmission de la séance du Conseil de sécurité[55mins]

L'exposé du Secrétaire général adjoint, qui présentait le dernier rapport du Secrétaire général sur la question, a été suivi des interventions du représentant des Etats-Unis et de l'Iraq.

« Après les élections, un nouveau paysage politique émergera en Iraq et toutes les initiatives politiques devront prendre ce fait en compte », a déclaré Ibrahim Gambari, qui exprimé l'espoir que « le Conseil des représentants se réunirait aussi rapidement que possible après l'annonce des résultats et que le nouveau gouvernement sera formé aussitôt que possible ».

« L'ONU encourage tous les représentants élus et les dirigeants politiques à accélérer la formation du gouvernement, afin que l'élan positif créé par les élections puisse bénéficier au nouveau gouvernement souverain iraquien », a-t-il dit.

« Une des tâches les plus importantes du nouveau Conseil des représentants sera d'établir la Commission de révision de la Constitution », a précisé aujourd'hui Ibrahim Gambari, rappelant que les résultats du référendum sur la Constitution avait révélé qu'une « proportion importante d'Iraquiens ne soutenaient pas le projet de constitution dans sa forme actuelle » (voir notre dépêche du 25 octobre 2005).

La Mission d'assistance des Nations Unies pour l'Iraq (MANUI) reste prête à apporter son assistance dans cette tâche, a-t-il réitéré.

Dans son rapport, le Secrétaire général rappelait que « s'il n'est pas issu d'un processus électoral crédible, le nouveau gouvernement permanent ne bénéficiera pas de la confiance du peuple iraquien ».

« J'encourage donc la Commission électorale indépendante de l'Iraq et les milliers d'observateurs nationaux de demeurer vigilants et veiller à ce que les élections se déroulent dans de bonnes conditions », affirmait Kofi Annan.

« Toutefois, les seules élections ne permettront pas de résoudre tous les problèmes politiques de l'Iraq. Les résultats du référendum, qui ont exposé les dangereuses divisions sectaires qui caractérisent le pays, ont souligné à quel point il importait que les communautés iraquiennes continuent à se tendre la main », soulignait le Secrétaire général.

Le rapport déplorait en particulier « la nature de plus en plus sectaire de la violence, en particulier dans les zones ethniquement mixtes, et le risque d'escalade des tensions entre et parmi les communautés ».

« Je demeure profondément préoccupé par le nombre élevé de victimes, tués et blessés, causées parmi la population civile par les opérations menées par des terroristes, des insurgés, des paramilitaires et des militaires », affirmait le Secrétaire général (voir notre dépêche du 8 décembre 2005).

« Le rôle des milices ou des éléments armés irréguliers, qui portent parfois des uniformes militaires ou de la police, est particulièrement troublant à cet égard. Plus vite et mieux les forces de sécurité iraquiennes pourront être formées, plus vite elles seront capables d'assumer l'entière responsabilité de la sécurité nationale », faisait-il observer.

« Entre-temps, la Force multinationale et les forces de sécurité iraquiennes assument la responsabilité particulière de s'acquitter de leurs obligations en vertu du droit international humanitaire, en particulier en ce qui concerne la population civile. Le manque persistant de sécurité constitue un grand obstacle à la réalisation des objectifs du Conseil de sécurité. En fin de compte, les efforts militaires doivent s'attaquer à toutes les causes de la violence en Iraq et ne peuvent se substituer à des solutions politiques négociées », insistait Kofi Annan.

Le Secrétaire général se déclarait également préoccupé par la situation des droits de l'homme en Iraq, « qui risque de compromettre les efforts de dialogue et de réconciliation nationaux ».

« J'accueille certes avec satisfaction les premières mesures prises par le gouvernement iraquien pour régler la situation, mais je l'encourage à faire en sorte que les exactions commises, dans le passé et encore maintenant, soient sanctionnées sur la base de l'état de droit et conformément à ses obligations internationales », a ajouté le Secrétaire général (voir sur les condamnation des abus des droits de l'homme notre dépêche du 16 novembre 2005 sur le message du Secrétaire général, notre dépêche du 18 novembre 2005 sur le message de Louise Arbour et notre dépêche du 1er décembre 2005 sur le message de l'Envoyé de l'ONU en Iraq).

« Une autre tâche, toute aussi importante, qui attend le nouveau Gouvernement iraquien consistera à répondre concrètement aux besoins et aspirations du peuple iraquien en matière d'infrastructure, de services de base et d'emplois », indiquait le rapport.

« Certes, l'Iraq dispose des ressources et du potentiel nécessaires pour construire un avenir prospère, mais le renforcement des capacités institutionnelles de l'État aux niveaux central, régional et local demeurera la principale tâche à accomplir au cours des années à venir ».

« À cet égard, j'engage la communauté internationale à faire en sorte que l'Iraq puisse continuer à compter sur une assistance soutenue à long terme grâce aux mécanismes existants mis en place par les donateurs », soulignait le Secrétaire général, qui rappelait que ces questions ont été évoquées à la réunion préparatoire de la conférence de réconciliation nationale iraquienne organisée par la Ligue des États arabes (voir notre dépêche du 21 novembre 2005).

Dans son exposé d'aujourd'hui, Ibrahim Gambari a par ailleurs rappelé la signature, le 8 décembre 2005, d'un « important accord avec les États-Unis d'Amérique concernant la protection de la présence des Nations Unies en Iraq par la Force multinationale ».

Il a souligné à cet égard que, pour que la MANUI poursuive efficacement ses activités et qu'elle puisse étendre ses opérations au-delà de Bagdad, elle avait besoin du soutien constant du Conseil de sécurité et de « ressources adéquates », notamment en matière de transport aérien.

Voir le compte-rendu de la séance du Conseil de sécurité dans le communiqué de l’ONU

Samir Shakir Mahmood Sumaida'ie, représentant de l'Iraq, a estimé que « demain serait un jour historique pour l'Iraq et pour la région ».

image• Retransmission du point de pressed du représentant iraquien[5mins]

« L'Iraq montrera à ses voisins que ses habitants son attachés à la recherche de moyens pacifique de choisir ses dirigeants. Nous attendons une forte participation et nous pensons que ce sera un succès quels que soient les résultats », a-t-il affirmé.

Abordant la question des violations des droits de l'homme, l'ambassadeur iraquien a estimé qu'il s'agissait d'exceptions et que ce n'était pas une situation approuvée par le régime iraquien.

« Nous devons instaurer une culture de respect des droits de l'homme », a-t-il souligné, rappelant que le « nouvel Iraq » avait gravé ces principes dans sa constitution.

« C'est le fait d'individu qui ne connaissent que la brutalité, qui ont été éduqués et formés ainsi par le régime précédent », a-t-il conclu.