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Affaire Hariri : la piste dans l'enquête pointe toujours vers la Syrie, affirme Detlev Mehlis

Affaire Hariri : la piste dans l'enquête pointe toujours vers la Syrie, affirme Detlev Mehlis

Detlev Mehlis
Le chef de la Commission d'enquête internationale dans l'affaire Hariri a présenté aujourd'hui son rapport lors d'une courte intervention au Conseil de sécurité, suivie d'une conférence de presse au cours de laquelle il s'est déclaré convaincu du motif politique pointant vers la Syrie dans l'assassinat l'ex-Premier ministre libanais.

« La coopération avec la Syrie été marquée par des signaux mitigés, notamment par une confusion quant aux interlocuteurs de la Commission d'enquête internationale », a déclaré aujourd'hui Detlev Mehlis lors d'une courte intervention devant le Conseil de sécurité (voir notre dépêche d'aujourd'hui sur le rapport remis au Conseil).

image• Retransmission de la séance du Conseil de sécurité[32mins]

Le magistrat chargé de l'enquête sur l'assassinat de l'ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri a précisé ces propos lors d'une conférence de presse donnée à l'ONU à l'issue des consultations du Conseil de sécurité.

image• Retransmission de la conférence de presse de Detlev Mehlis[31mins]

« Nous n'assistons définitivement pas à une pleine coopération de la part de la Syrie. Nous espérons que ce sera bientôt le cas mais ce n'est pas le cas à l'heure actuelle », a-t-il déclaré.

« En temps normal, l'enquête irait beaucoup plus vite », mais « au regard des délais imposés par la Syrie », elle pourrait prendre deux ans, a-t-il souligné.

Interrogé sur la possibilité d'étendre l'enquête aux autres assassinats commis au Liban, notamment le meurtre hier de Gibrane Tueni, Detlev Mehlis a indiqué qu'en l'état des choses la Commission d'enquête internationale n'aurait pas les moyens de le faire.

Interrogé sur le lien entre l'enquête et l'assassinat de Gibrane Tueni, le magistrat allemand a indiqué qu'il ne pourrait que « spéculer sur les motifs de ce terrible assassinat et qu'en temps que procureur il n'aimait pas spéculer ».

Detlev Mehlis, visiblement très ému, avait rendu hommage devant le Conseil de sécurité à la mémoire de Gibrane, rappelant qu'il l'avait interrogé en tant que témoin, proche de Rafic Hariri (voir notre dépêche du 12 décembre 2005).

S'agissant de l'extension du mandat de l'enquête, Detlev Mehlis avait rappelé devant le Conseil de sécurité qu'il s'agissait principalement d'une enquête libanaise, même si la coopération de la Syrie était indispensable.

Detlev Mehlis a par ailleurs réaffirmé sa conviction d'un motif politique dans le meurtre de Rafic Hariri, même s'il a reconnu que le rapport soulève les pistes, nouvelles, du blanchiment d'argent et de la corruption. Il a précisé par ailleurs que s'il existait un lien avec la faillite de la banque Almadina, il ne faudrait pas le surévaluer.

Interrogé enfin sur les progrès de l'enquête et sur le nombre de suspects interrogés, il a rappelé que dans le cadre d'une enquête de ce genre « il est très inhabituel de devoir rendre des comptes en public comme il doit le faire au Conseil de sécurité ». « Il faut donc faire attention à ce qui est rapporté et nous ne pouvons pas entrer dans les détails », a-t-il souligné.

« On interrogera tous ceux qui doivent l'être », mais le statut de suspect emporte des droits, y compris celui de ne rien dire.

A l'issue de la séance du Conseil de sécurité, l'ambassadeur de la Syrie, Fayssal Mekdad, avait pris la parole pour réaffirmer que la Syrie avait bien coopéré et que son pays n'était pas impliqué dans l'assassinat de Rafic Hariri.

L'Ambassadeur de la France, Jean-Marc de la Sablière, a indiqué pour sa part, à l'issue des consultations du Conseil de sécurité, qu'un projet de résolution serait transmis dans la soirée, prenant en compte les requêtes faites par le gouvernement libanais.

« Le texte évoque aussi le manque de coopération de la part de la Syrie », a-t-il affirmé.

image• Retransmission du point avec la presse de l'ambassadeur de la France[4mins]