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Conflit en Colombie : le HCR préoccupé par la disparition de communautés indigènes

Conflit en Colombie : le HCR préoccupé par la disparition de communautés indigènes

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Rappelant que le conflit armé en Colombie avait gravement affecté un million indigènes dans le pays, l'agence des Nations Unies s'est déclarée, aujourd'hui, préoccupée de la disparition de communautés entières après qu'elles ont été contraintes de fuir leur territoire traditionnel, à l'occasion de la publication d'une étude qui donne pour la première fois des chiffres détaillés.

« Selon un récent rapport de l'Organisation nationale colombienne indigène (l'ONIC) plus de 19.000 indigènes hommes, femmes et enfants ont été contraints de fuir leur maison et leur territoire depuis début 2005 », a indiqué Jennifer Pagonis, porte-parole du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), lors d'une conférence de presse donnée aujourd'hui au Palais des Nations Unies à Genève.

« Ceci est principalement dû à un déplacement massif au cours de l'été 2005 de quelques 14.000 membres du groupe indigène Nasa dans l'ouest de la Colombie », a précisé la porte-parole.

Le rapport indique que plusieurs des 80 groupes indigènes de Colombie encourent également des risques. En octobre, des centaines de Quechua ont fui les combats au sud du département de Putumayo, quelques-uns d'entre eux trouvant refuge en Equateur voisin. A Choco, au nord-ouest du pays, des centaines de Embera sont sous la menace constante de perdre leur terre ancestrale.

« C'est la première fois que de tels chiffres détaillés au sujet de l'impact du conflit sur les communautés indigènes sont disponibles, grâce à la base de données nationale et du système que l'ONIC a mis en place avec le soutien du HCR », a fait remarquer Jennifer Pagonis.

« Alors que le déplacement forcé constitue toujours une expérience difficile, c'est doublement catastrophique pour les communautés indigènes. La culture indigène est très liée à la terre et le déplacement entraîne souvent l'effondrement de l'autorité traditionnelle et des cultures. Tout comme d'autres personnes déplacées, les familles indigènes atterrissent souvent dans de grands centres urbains où elles rencontrent d'énormes difficultés à refaire leur vie dans un environnement étranger », a-t-elle expliqué.

« Cette tragédie demeure en grande partie invisible. Les terres indigènes se situent dans des zones éloignées et stratégiquement importantes où des groupes armés irréguliers sont fortement présents. Des crimes et des abus des droits de l'Homme contre les peuples indigènes sont souvent passés sous silence et restent impunis », a-t-elle encore dit.

Selon l'ONIC, plus de 1.600 indigènes ont été assassinés au cours des 20 dernières années dont 60 % d'entre eux durant les 5 dernières années.

Le 14 novembre dernier, le HCR s'était dit extrêmement préoccupée par la détérioration de la situation humanitaire dans le sud de la Colombie, après le départ pour l'Équateur de plus de 500 personnes fuyant les combats qui font rage dans le pays (voir notre dépêche du 14 novembre 2005).