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Affaire Hariri : le prochain rapport Melhis sera examiné par le Conseil de sécurité le 13 décembre

Affaire Hariri : le prochain rapport Melhis sera examiné par le Conseil de sécurité le 13 décembre

Detlev Mehlis
Le président du Conseil de sécurité pour le mois de décembre a annoncé aujourd'hui que le prochain rapport du magistrat Detlev Mehlis, qui dirige la Commission d'enquête sur l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, sera examiné le 13 décembre prochain, au cours d'une réunion d'information publique.

La séance publique devrait être suivie de consultations officieuses, a indiqué Emyr Jones Parry, représentant permanent du Royaume-Uni auprès des Nations Unies et président du Conseil de sécurité, lors d'une conférence de presse donnée aujourd'hui au siège de l'ONU à New York, sur le programme de travail du Conseil pour le mois de décembre.

Au cours de ces consultations, les membres du Conseil examineront la pertinence ou non de proroger le mandat de la Commission en fonction des interrogatoires que Detlev Mehlis aura pu mener d'ici-là, a ajouté Emyr Jones Parry.

Le représentant britannique s'est d'emblée prononcé en faveur d'une telle prorogation compte tenu du travail « excellent et méticuleux » de l'équipe Mehlis.

Il a même plaidé pour que cette équipe ne donne pas tout de suite le relais aux autorités libanaises.

Detlev Mehlis avait confirmé, le 25 novembre dernier, être parvenu à un accord avec les autorités syriennes pour mener les interrogatoires de cinq hauts responsables syriens au siège de l'ONU à Vienne.

« Le Secrétaire général, qui s'est entretenu avec Detlev Mehlis, s'est dit très satisfait du résultat des négociations du chef de l'enquête avec les autorités syriennes et a déclaré s'attendre à ce que la coopération se poursuive tout au long de l'enquête », avait informé le même jour son porte-parole (voir notre dépêche du 25 novembre 2005).

Le 31 octobre dernier, le Conseil de sécurité avait adopté à l'unanimité la résolution 1636 qui demande à la Syrie de coopérer dans l'enquête internationale sur l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri et qui prévoit des sanctions individuelles contre les suspects.

La résolution demande aussi à la Syrie d'« arrêter les responsables syriens ou les personnes que la Commission soupçonne d'être impliquées dans la préparation, le financement, l'organisation ou la commission de cet attentat terroriste, et de les mettre pleinement à la disposition de la Commission ».

Cette résolution, adoptée dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations Unies, qui prévoit le recours à la force en cas de menace à la paix et à la sécurité internationales, demande enfin à la Commission de présenter son rapport sur l'avancement de l'enquête d'ici au 15 décembre prochain, y compris sur la coopération dont elle aura bénéficié des autorités syriennes.

Il est en outre prévu que si cette coopération ne répond pas aux exigences de la résolution, le Conseil pourra envisager, si nécessaire, des « mesures supplémentaires ».

Présentant, le 25 octobre dernier, son rapport intermédiaire au Conseil de sécurité, Detlev Mehlis avait estimé que la poursuite de l'enquête fournirait « une nouvelle chance aux autorités syriennes de faire preuve d'une coopération plus approfondie et plus significative, et de fournir toute preuve pertinente relative à l'assassinat » (voir notre dépêche du 25 octobre 2005).

Dans son rapport, Detlev Mehlis déplorait en effet l'absence de coopération de la Syrie dans l'enquête, en dépit d'un « faisceau de preuves » conduisant « à l'implication tant du Liban que de la Syrie dans l'assassinat de l'ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri » (voir notre dépêche du 21 octobre 2005).

« Le conflit apparent entre Rafic Hariri et des membres du gouvernement syrien, y compris le président syrien Bashar Al-Assad, est un des éléments déterminants des informations recueillies par la Commission », soulignait Detlev Mehlis dans son rapport.

« Il incombe à la Syrie de clarifier un grand nombre des questions qui restent sans réponse », indiquait le rapport, qui précisait que la Commission avait mené plusieurs pistes qui pointent directement vers la responsabilité dans l'attentat de membres hauts placés des services de renseignement syriens.

« Même si les autorités syriennes, après une première hésitation, ont coopéré à un degré limité avec la Commission, plusieurs témoins ont tenté de tromper les enquêteurs en faisant des déclarations inexactes », déplorait Detlev Mehlis, qui soulignait que « la lettre adressée à la Commission par le ministre des Affaires étrangères de la République arabe syrienne s'était révélée contenir de fausses informations ».