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L'ONU menacée par une crise financière sans précédent, selon son Contrôleur

L'ONU menacée par une crise financière sans précédent, selon son Contrôleur

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Le Contrôleur des Nations Unies a exprimé hier sa préoccupation face à l'incapacité des États Membres à s'entendre sur le projet de budget biennal 2006-2007, ce qui pourrait avoir des conséquences sur les capacités opérationnelles des Nations Unies et entraîner une crise financière sans précédent.

Warren Sach, Sous-Secrétaire général et Contrôleur des Nations Unies, a reconnu, hier au cours d'une conférence de presse donnée au siège à New York, qu'une des options se présentant à l'Organisation pourrait être l'adoption d'un budget pour les trois premiers mois de 2006.

« Même si cette option n'est pas envisagée par la Cinquième Commission– chargées des questions administratives et budgétaires -, Warren Sach a noté que cette hypothèse avait fait son chemin dans la presse ».

Sur la totalité du budget prévu pour 2006-2007 et estimé à 3,89 milliards de dollars - dont 73,4 millions liés aux incidences de la réforme -, un budget arrêté pour le premier quart de 2006 pourrait s'élever de 450 à 500 millions de dollars, a indiqué le Contrôleur.

Sur ces 500 millions de dollars, seulement 170 à 180 millions seraient disponibles dans la mesure où, comme le montre l'expérience, les États Membres ne versent immédiatement que 38% des sommes demandées, a-t-il précisé.

« Il y aurait donc le risque d'un manque de liquidités de près de 320 millions de dollars pour boucler ce budget trimestriel », a-t-il insisté.

Le Contrôleur a fait savoir que l'ONU disposait de plusieurs options afin de combler ce déficit. Sans l'autorisation accordée par les États Membres à l'Organisation de puiser dans les comptes des opérations de maintien de la paix (OMP), il faudrait réaliser des coupes dans le budget régulier.

Selon Warren Sach, ces économies pourraient être réalisées par la suspension des achats de matériel et d'équipement, la réduction ou le gel des voyages ou le gel des recrutements.

Le Contrôleur a relevé que le recours aux réserves du Fonds de roulement et du compte spécial ou encore aux comptes des OMP clôturées ne serait pas suffisant pour combler un déficit budgétaire potentiel de 320 millions de dollars.

Répondant à la question d'un journaliste, Warren Sach a reconnu que cette situation pourrait aussi se traduire par un paiement différé des salaires des employés, notant que 75% du budget ordinaire de l'ONU concernait les émoluments et besoins des employés.

S'agissant du recours aux comptes des OMP clôturées, il a souligné que le Secrétaire général disposait d'une autorité limitée et que l'Assemblée générale devrait être consultée.

Répondant à une question sur la répartition des incidences budgétaires de la réforme, il a fait savoir que la moitié des 73,4 millions de dollars prévisionnels concernaient les droits de l'homme.

En réponse à une question sur l'ampleur de la crise financière qui guette l'Organisation, Warren Sach a confirmé qu'elle serait sans précédent. Tout en reconnaissant une situation analogue dans les années 1995 ou 1996, il a précisé qu'à l'époque les réserves de l'ONU étaient beaucoup plus importantes, alors que le compte spécial serait cette fois–ci épuisé en décembre 2005 sauf dans l'éventualité de versements immédiats d'importants arriérés.

Décrivant les crises financières passées, il s'est arrêté sur celle des années 1970, lorsqu'un budget avait été adopté sur des bases provisoires en décembre pour n'être confirmé qu'en janvier.

En réponse à une question d'un journaliste s'interrogeant sur la crédibilité d'une Organisation dépendant des conditions posées par les États-Unis et le Japon cumulant à eux seuls 40% du budget, le Contrôleur a indiqué que la coopération internationale n'était pas un exercice simple et qu'il fallait travailler avec les États Membres et non contre eux.

Répondant aux questions de journalistes sur les risques de voir ces problèmes financiers limiter les opérations de l'ONU en Iraq, dans les Territoires palestiniens, en Syrie et au Liban, il a précisé que 300 millions de dollars du budget régulier allaient à des missions politiques spéciales.

Enfin, s'agissant des activités de la Cinquième Commission, il a indiqué qu'elle avait entamé son processus de consultations sur le budget le 10 novembre et devrait conclure ses travaux le 23 décembre.

Après le refus de la communauté internationale de lui donner un siège permanent au Conseil de sécurité, le Japon avait demandé, le 17 octobre dernier, qu'une nouvelle méthode de calcul des contributions au budget des Nations Unies prenne en compte la responsabilité des États au sein de l'Organisation (voir notre dépêche du 17 octobre 2005).

Voir notre dépêche du 4 octobre 2005 sur les travaux des différentes Commissions de l'ONU.