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Le Conseil de sécurité en mission dans la région de l'Afrique des Grands Lacs du 4 au 10 novembre

Le Conseil de sécurité en mission dans la région de l'Afrique des Grands Lacs du 4 au 10 novembre

L'Ambassadeur Jean-Marc de La Sablière
Les 15 membres du Conseil de sécurité entameront demain une mission – du 4 au 10 novembre – dans la région de l'Afrique des Grands Lacs – République démocratique du Congo (RDC), Burundi, Rwanda, Ouganda, Tanzanie – qui sera menée par l'ambassadeur de la France auprès des Nations Unies.

« Nous serons le 5 novembre à Kinshasa, en RDC, où nous rencontrerons le président Kabila, les vice-présidents, les présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat et le Bureau de la Commission électorale indépendante », a annoncé aujourd'hui Jean-Marc de La Sablière, Représentant permanent de la France auprès des Nations Unies, lors d'une conférence de presse donnée au siège de l'ONU à New York.

image• Retransmission de la conference de presse [33mins]

Le 6 novembre, les membres du Conseil se rendront à Mbuji-Mayi, dans la Kasaï oriental, pour une réunion avec le bureau de la MONUC et avec le Conseil provincial de sécurité, puis à Kamina pour une visite du centre de brassage des Forces armées.

En RDC, le Conseil de sécurité aura un message principal : la tenue des élections, conformément au programme de la transition, a déclaré Jean-Marc de La Sablière. « La communauté internationale fait sa part de travail, il faut que les autorités congolaises fassent également la leur. Nous mettrons donc l'accent sur le fait que la loi électorale doit être adoptée sans tarder », a-t-il ajouté.

« Le référendum sur la constitution doit se tenir au mois de décembre. Tous les scrutins – présidentiels et législatifs - doivent se tenir d'ici au 30 juin », a-t-il rappelé.

« Il faut aussi accélérer la reconstruction de l'Etat. Nous mettrons l'accent sur l'intégration de l'armée et la formation de la police », a-t-il encore dit, ajoutant par ailleurs que « les ressources de la nation congolaise doivent être gérées dans l'intérêt de tous ».

Abordant le problème de la sécurité à l'est du pays, l'ambassadeur de France a rappelé que « la communauté internationale devait rester vigilante face à tous ceux qui voudraient fragiliser le processus en cours ».

Après la RDC, le Burundi où le Conseil de sécurité rencontrera, le 8 novembre, le président Nkurunziza et les directions des principaux partis - FRODEBU, UPRONA, CNDD-FDD.

« Au Burundi, la situation a évolué de manière très favorable. Le Conseil rendra un hommage appuyé au peuple burundais qui est sorti d'une période difficile grâce à des élections réussies. Il s'agit d'un succès exemplaire », a déclaré Jean-Marc de La Sablière.

« Les Nations Unies restent engagées aux côtés des Burundais. Nous n'oublions pas les défis qui demeurent notamment la question de la justice et de la réconciliation. Au cours de nos discussions, nous verrons quelle est la meilleure manière d'aider maintenant les Burundais », a-t-il ajouté.

Les membres du Conseil se rendront ensuite, le 9 novembre, à Entebbé en Ouganda, où ils rencontreront le président Museveni, et à Kigali au Rwanda, où ils s'entretiendront avec le président Kagamé.

« En Ouganda, nous évoquerons la crise humanitaire dans le Nord du pays et la solution à ce conflit », a affirmé le Représentant de la France.

« Au Rwanda, le Conseil traitera des problèmes de la situation dans le Kivu et de la présence des groupes armés en RDC - les milices FDLR – dont les Congolais sont aujourd'hui les premières victimes », a-t-il ajouté.

S'il y a des progrès constatés à travers le désarmement volontaire, celui-ci atteint aujourd'hui ses limites, a-t-il reconnu.

« Pour régler ces problèmes, il faut la coopération de tous. Les Etats de la région doivent inciter leurs patriotes au désarmement. L'armée congolaise doit se renforcer et la MONUC continuer à appuyer l'action de l'armée congolaise », a-t-il conclu sur la question du désarmement.

La mission s'achèvera à Dar es salam en Tanzanie, le 10 novembre, pour une réunion avec le président Mkapa et le ministre des affaires étangères Kikwété.

« Nous rendrons hommage au rôle stabilisateur de la Tanzanie dans la région. Le Tanzaniens ont joué un rôle de médiation notamment au Burundi », a dit l'ambassadeur.

« A chacune de ces étapes nous rencontrerons la presse, nous aurons également des contacts avec la société civile et des réunions de travail avec le représentant spécial du Secrétaire général », dans le pays, a-t-il précisé.

Jean-Marie Guéhenno, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, s'était montré hier positif sur la transition politique en RDC, lors d'une rencontre avec la presse, à l'issue d'une réunion avec le Conseil de sécurité, exprimant néanmoins sa préoccupation sur l'énorme défi que constitue toujours le désarmement des groupes armés de l'Est de la RDC.

« Il est inacceptable qu'il y ait toujours 12.000 à 15.000 membres des FDLR – les forces démocratiques pour la libération du Rwanda, appelées aussi ex-FAR/Interahamwe – en RDC », avait-t-il dénoncé.

Pour affronter ce défi, il faudrait, selon le Secrétaire général adjoint, mener de solides opérations militaires, sans s'y limiter. « Il faut aussi, selon Jean-Marie Guéhenno, envoyer un message fort aux leaders qui ne respectent pas l'engagement de désarmer pris le 31 mars dernier ».

« Il faut également motiver les membres des FDLR qui sont prêts à désarmer volontairement ». « Il faut par ailleurs une coopération entre le Rwanda et la RDC pour que les soldats qui auraient désarmés soient les bienvenus au Rwanda quand ils reviennent ». « Il faut enfin des forces armées congolaises efficaces et crédibles à la fois sur le plan militaire et sur le plan de la police pour que l'Etat puisse étendre son autorité sur l'ensemble du territoire, aux quatre coins du pays », avait déclaré (voir notre dépêche du 2 novembre 2005).

Le 4 octobre dernier, le Conseil de sécurité avait exprimé, dans une déclaration présidentielle, « sa préoccupation » devant la présence de groupes armés étrangers qui continuent de menacer la stabilité de l'Est de la RDC et avait appelé au désarmement et au départ des FDLR et de la LRA (Armée de la résistance du Seigneur).

Les FDLR sont des milices rwandaises impliquées dans le génocide de 1994. Elles sont composées des éléments extrémistes Hutu ayant fui le Rwanda vers la RDC après le génocide rwandais de 1994, ainsi que de membres Hutu de l'ancienne armée rwandaise et de déplacés hutus rwandais.

Le 31 mars dernier, les leaders civils et militaires des FDLR avaient annoncé, dans un communiqué, leur intention de cesser la lutte armée, de condamner le génocide de 1994, d'accepter de déposer leurs armes et d'entrer dans le programme de DDRRR (Désarmement, Démobilisation, Rapatriement, Réinstallation et Réintégration) mis en place par l'ONU (voir notre dépêche du 31 mars 2005).

« La catastrophe humanitaire qui se produit au Nord de l'Ouganda est un génocide », avait estimé, le 18 octobre dernier, Olara Otunnu, ancien Expert de l'ONU sur les enfants et les conflits armés, dénonçant les exactions menées par le LRA, groupe armé connu pour semer la terreur dans le nord de l'Ouganda et notamment l'enlèvement et le recrutement des enfants (voir notre dépêche du 18 octobre 2005).