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Réforme de l'ONU : la politique de protection des dénonciateurs d'abus en voie de finalisation

Réforme de l'ONU : la politique de protection des dénonciateurs d'abus en voie de finalisation

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Le responsable de la gestion de l'ONU, Chris Burnham, a présenté aujourd'hui un bilan des progrès accomplis dans la réforme de gestion de l'ONU, soulignant que l'adoption rapide d'une politique de protection de ceux qui dénoncent les abus était cruciale.

« J'espère arriver à officialiser dès novembre prochain le projet de politique de protection des dénonciateurs d'abus à l'ONU », a déclaré aujourd'hui Chris Burnham, Secrétaire général adjoint à la gestion, qui a qualifié ce projet de « crucial ».

Chris Burnham, qui occupe ce poste depuis juin dernier, venait lors d'un point de presse à l'ONU présenter un bilan des progrès accomplis dans la réforme entreprise par Kofi Annan, y compris sur les points dont le mandat a été confié au Secrétaire général dans le document final du sommet mondial de septembre dernier (voir notre dépêche du 20 octobre 2005).

image• Retransmission de la conference de presse[67mins]

Il a précisé que le projet serait prochainement débattu avec les représentants du personnel. Il a aussi expliqué que la Banque mondiale partagerait avec l'ONU ses « meilleures pratiques ».

Il a estimé que la politique mise en place sera plus solide que celle de nombreux Etats, dont les Etats-Unis.

Avant d'assumer ses fonctions à l'ONU, Chris Burnham, qui a été banquier d'affaires au Crédit Suisse First Boston et à Advest Corporate Finance, avait été nommé, en février 2005, par le Président Bush comme Secrétaire d'État adjoint chargé de la gestion et de la supervision de toutes les opérations globales du Département d'État.

« Il est important que cette politique soit révisée par un Bureau de l'éthique professionnelle ». Ce dernier servira à éviter les conflits d'intérêt potentiels. A déterminer par exemple si un employé peut accepter telle ou telle invitation, a-t-il expliqué.

Ce n'est pas le rôle du Bureau des services de contrôle interne (BSCI, OIOS selon son acronyme anglais), qui a des capacités d'investigation, a souligné Chris Burnham.

Au titre des réformes de gestion, Chris Burnham a aussi rappelé l'obligation qui s'impose à tous les employés de niveau D1 et plus, c'est-à-dire les hauts responsables de l'Organisation, de remplir un formulaire d'information financière.

« Il est important que le personnel ait confiance dans le nouveau système, et qu'il y ait différentes voies de recours », a déclaré Chris Burnham.

« La voie normale est l'OIOS. Mais si un membre du personnel ne se sent pas en confiance pour contacter son supérieur hiérarchique, ou si un recours n'a pas été suivi d'effet, il faut un autre canal ».

S'agissant par ailleurs de la réforme des activités de l'ONU, Chris Burnham a rappelé que la question qui se posait pour chaque gouvernement, entité ou entreprise comme pour l'ONU était de savoir si un service donné pouvait être fourni par une entreprise privée, par exemple le ramassage des ordures.

« L'objectif fondamental de l'ONU est le maintien de la paix et la création d'un monde meilleur ». Il faut donc savoir comment rassembler les compétences essentielles à notre mission et à mener des tâches qui n'en font pas partie.

Interrogé sur l'existence de résistances dans la réforme, il a estimé qu'il existait un soutien universel pour amener l'ONU dans le XXIème siècle.

Il a aussi plaidé pour obtenir la flexibilité de gérer l'ONU. A l'heure actuelle, le Secrétaire général ne peut créer ou supprimer de nouveaux postes en fonction des besoins, cette prérogative revenant à l'Assemblée générale.

Il a enfin rappelé son soutien à Rajat Kumar Gupta, associé de la société McKinsey & Company, que Kofi Annan vient de nommer au poste de conseiller spécial pour la réforme de gestion de l'ONU, dans le cadre d'un contrat spécial pour lequel il sera payé un dollar symbolique par an.

Interrogé sur le recours même à ce contrat, alors qu'une des missions de Rajat Kumar Gupta sera d'examiner la validité de tels contrats, Chris Burnham a estimé que « si d'autres personnes aussi renommées et compétentes veulent venir travailler pour l'ONU pour 1 dollar par an, tant mieux » (voir notre dépêche d’aujourd’hui).

S'agissant enfin des marchés publics de l'ONU après le scandale « pétrole contre nourriture », Chris Burnham a précisé qu'un audit de la société Deloitte et Touche était en route.

« L'OIOS mène sa propre enquête sur le département des achats, qui s'occupe des marchés publics de l'ONU. Enfin, l'ONU continue de coopérer étroitement avec les deux enquêtes criminelles en cours », a-t-il précisé.

Voir notre dépêche du 17 mai 2005 sur la nomination de Christopher Burnham.