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HCR : une femme du Moyen-Orient victime d'abus sexuels reconnue comme réfugiée en Hongrie

HCR : une femme du Moyen-Orient victime d'abus sexuels reconnue comme réfugiée en Hongrie

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L'agence des Nations Unies pour les réfugiés a salué aujourd'hui la décision de la Hongrie de reconnaître le statut de réfugié à une jeune femme venant du Moyen-Orient, sur la base de la violence domestique, de l'exclusion sociale dont elle a souffert en tant que femme et du manque de protection des autorités de son pays d'origine.

« Quand Azita (nom fictif) est arrivée en Hongrie en provenance du Moyen-Orient, après des années de souffrances, elle ne savait même pas ce qu'était une procédure d'asile. Elle cherchait seulement un endroit sûr. En considérant que sa requête était fondée et en lui attribuant le statut de réfugiée, les autorités hongroises en charge de l'asile ont rejoint les rangs d'un nombre croissant de pays qui reconnaissent les violences domestiques comme une forme de persécution spécifique à l'encontre des femmes », indique le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) dans un communiqué publié hier à Budapest.

« Cette décision fait preuve de la flexibilité et des dernières évolutions de la définition de réfugié que contient l'article 1 de la Convention de 1951 relative au statut de réfugié », a déclaré Lloyd Dakin, délégué du HCR en Hongrie.

« Nous sommes satisfaits du fait que de plus en plus fréquemment, des persécutions à l'encontre des femmes soient reconnues comme relevant du champ d'application de la Convention de 1951 », a-t-il ajouté.

Historiquement, la définition du réfugié a été interprétée dans le cadre d'expériences essentiellement masculines et de ce fait beaucoup de plaintes déposées par des femmes n'ont pas été reconnues.

Cependant, dans la dernière décennie, la prise en compte de l'appartenance sexuelle dans le contexte des réfugiés a avancé de façon substantielle.

Il est maintenant considéré comme principe juridique général que la définition du réfugié de façon globale, devrait être interprétée en prenant en compte les problèmes de genre et ce principe figure d'ailleurs également dans la législation récente de l'Union européenne.

Selon la Convention de 1951, un réfugié est quelqu'un qui a fui son pays à cause d'une crainte fondée de persécution du fait de sa race, religion, nationalité, de son appartenance à un groupe social particulier ou de ses opinions politiques. Même si le critère particulier du genre n'est pas spécifiquement mentionné dans la définition du réfugié, on considère que ce critère peut influencer ou dicter généralement la persécution ou les torts infligés et qu'il soit la raison d'un tel traitement.

Les plaintes relatives au problème de genre ont été reconnues sur la base de beaucoup d'autres formes de persécutions, notamment les actes de violence sexuelle, de violence domestique, d'avortement ou de stérilisation forcée, de mutilation génitale féminine, de punition pour transgression des mœurs sociales, les violence relatives à la dot, les mariages forcés et précoces, les crimes d'honneur et pour les victimes de trafic.

« Agée seulement de 13 ans, Azita a été mariée à un homme trois fois plus âgé qu'elle, avant qu'elle ne sache même ce que signifiait avoir des relations sexuelles », raconte le communiqué. « Je n'ai jamais connu d'autre forme de relation sexuelle que le viol », explique-t-elle.

« La jeune fille est tombée enceinte immédiatement et, à cause de son jeune âge, a failli mourir lors de l'accouchement. Après plus de trois mois passés à l'hôpital, elle est rentrée chez son mari et les viols et les coups quotidiens ont recommencé. Bien que les médecins l'aient mise fortement en garde contre une autre grossesse avant qu'elle n'ait 18 ans, Azita est tombée enceinte une nouvelle fois. A 18 ans, elle avait déjà trois enfants et trois de plus ont suivi », rapporte le HCR.

« Pendant sa septième grossesse, à l'âge de 25 ans, son mari l'a battu si fort qu'elle a été gravement blessée et a perdu son bébé. Quand il s'est avéré qu'elle était devenue stérile, il lui a retiré tous ses enfants et l'a jetée hors de la maison, avant de divorcer ».

« Une pire situation encore attendait alors Azita ». « Dans ma société, vous êtes en disgrâce lorsque vous êtes une femme divorcée », explique-t-elle. « Elle a été obligée de vivre dans les rues et de travailler pour trouver sa nourriture et une place pour dormir à l'abri pour une nuit ou deux ». « J'avais des oncles dans ce village, mais ils ne pouvaient pas me garder plus de quelques jours de temps en temps, à cause de leurs femmes qui étaient contre. Alors que tout le monde me blâmait d'avoir abandonné mes enfants, j'étais malade d'être séparée d'eux. J'étais même prête à endurer de nouveaux coups, juste pour être avec mes filles et mes garçons », raconte-elle.

« Azita a vécu pendant de nombreuses années en marge de la société sans aucune protection, accrochée au rêve de retrouver certains de ses frères et sœurs vivant en Finlande ».

« Après avoir finalement pris contact avec des passeurs clandestins, grâce à l'aide de ses frères et sœurs et le peu d'argent qu'elle avait pu épargner, elle a quitté son pays. Elle avait l'espoir de se rendre en Finlande, mais les passeurs l'ont abandonnée seule et sans aucune aide en Hongrie », où sa demande d'asile a finalement été acceptée.