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Décision historique à l'Assemblée générale pour marquer chaque année la mémoire de l'Holocauste

Décision historique à l'Assemblée générale pour marquer chaque année la mémoire de l'Holocauste

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L'Assemblée générale a adopté aujourd'hui une résolution « historique » proclamant le 27 janvier, jour de la libération du camp d'extermination nazi d'Auschwitz, «Journée internationale de commémoration en mémoire des victimes de l'Holocauste», pour se souvenir des crimes du passé et pour prévenir les actes de génocide dans le futur.

L'Assemblée générale a adopté aujourd'hui une résolution « historique » proclamant le 27 janvier, jour de la libération du camp d'extermination nazi d'Auschwitz, « Journée internationale de commémoration en mémoire des victimes de l'Holocauste », pour se souvenir des crimes du passé et pour prévenir les actes de génocide dans le futur.

Déposée par Israël, co-parrainée par 104 pays et adoptée par consensus, la résolution sur la mémoire de l'Holocauste « prie instamment les Etats membres d'élaborer des programme d'éducation qui graveront dans l'esprit des générations futures les enseignements de l'Holocauste, afin d'aider à prévenir les actes de génocide ».

Le texte rejette « tout déni de l'Holocauste», c'est-à-dire l'entreprise d'extermination systématique du peuple juif, « en tant qu'événement historique, que ce déni soit total ou partiel ».

La résolution « félicite les Etats qui ont pris des mesures afin de préserver les sites où les nazis avaient installé des camps de la mort, des camps de concentration, des camps de travail forcé et de prisons pendant l'Holocauste ».

Le texte « condamne sans réserve toutes les manifestations d'intolérance religieuse, d'incitation à la haine, de harcèlement ou de violence à l'égard de personnes ou de communautés en raison de leur appartenance ethnique ou de leurs croyances religieuses, où qu'elles se produisent ».

La résolution demande par ailleurs au Secrétaire général de « mettre en place un programme de communication intitulé 'L'Holocauste et les Nations Unies' ainsi que des mesures qui inciteront la société civile à se mobiliser pour garder vivante la mémoire de l'Holocauste et ne transmettre les enseignements par l'éducation, afin d'aider à prévenir de futurs actes de génocide ».

« En septembre dernier, au sommet mondial 2005, nos leaders […] ont accepté à l'unanimité la responsabilité de protéger les populations des génocides, crimes de guerre, nettoyage ethniques et crimes contre l'humanité. C'est un énorme pas en avant pour prévenir un génocide dans le futur », a rappelé aujourd'hui Jan Elliason, président de l'Assemblée générale.

« C'est dans cet esprit – à la fois pour se souvenir des crimes du passé et pour prévenir leurs résurgences dans le futur – que nous devons considérer ce projet de résolution 'Mémoire de l'Holocauste' », a déclaré Jan Elliason, à l'ouverture de séance.

A l'issue de la séance, l'ambassadeur d'Israël à l'ONU, Dan Gillerman, très ému, a remercié l'Assemblée générale pour l'adoption d'une résolution « sans précédent », « universelle et historique ».

Des délégations de pays arabes et musulmans – Egypte, Indonésie, Malaisie, - et le Venezuela ont exprimé des réserves sur cette mesure, regrettant que le texte n'évoque pas également d'autres grandes tragédies humaines de l'Histoire.

« Pourquoi limiter cette résolution à l'Holocauste et oublier des crimes de génocide similaires contre des Chrétiens et des Musulmans au Rwanda et contre des Musulmans en Bosnie-Herzégovine, à Srebrenica, au Kosovo », s'est demandé l'ambassadeur égyptien, Maged Abdelaziz.

L'Assemblée générale avait entamé hier un débat sur la « Mémoire de l'Holocauste » au cours duquel le représentant israélien avait déclaré que « si cette tentative barbare et systématique pour éliminer un peuple entier à une échelle sans parallèle dans l'Histoire avait été une tragédie unique pour le peuple juif, ses leçons demeuraient universelles ».

« Pour qu'un crime analogue au génocide ne se reproduise pas dans l'avenir, la flamme de la mémoire ne doit pas s'éteindre », avait affirmé le ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy.

Le délégué des États-Unis avait estimé que « lorsqu'un président ou un État Membre pouvait effrontément appeler à un deuxième Holocauste en suggérant qu'Israël, la patrie des Juifs, soit rayée de la surface de la terre, cela signifiait que les leçons du passé n'avaient pas été apprises ». Le représentant américain faisait référence aux récentes déclarations du président iranien Mahmoud Ahmadinejad, appelant à « rayer Israël de la carte » (voir notre dépêche du 28 octobre 2005).

Le 15 mars dernier, le Secrétaire général, en tournée au Moyen-Orient et à l'occasion de l'inauguration du Musée historique de l'Holocauste à Jérusalem, avait rappelé la responsabilité particulière des Nations Unies de lutter contre l'intolérance et l'anti-sémitisme.

« Nous sommes nés des cendres de la deuxième guerre mondiale, après l'Holocauste, et non seulement il fait partie de notre histoire mais nous avons aussi la responsabilité sacrée d'en enseigner les leçons, d'encourager la tolérance et de lutter contre l'anti-sémitisme et d'autres discriminations », avait souligné Kofi Annan (voir notre dépêche du 15 mars 2005).

Le 24 janvier dernier, l'Assemblée générale avait commémoré pour la première fois le 60e anniversaire de la libération des camps de concentration nazis dans une session historique. C'était aussi la première fois que l'ONU organisait une session commémorative extraordinaire à l'Assemblée générale (voir notre dépêche du 24 janvier 2005 et celle du 19 janvier 2005).

Plus d'une trentaine de personnalités avait pris la parole pour rendre hommage aux victimes des tortionnaires nazis et exhorter la communauté internationale à tirer les leçons de ce qui s'est passé à Auschwitz.

« Les génocides du Cambodge et du Rwanda n'auraient jamais dû avoir lieu, et ce qui se passe au Darfour, dans l'indifférence générale, ne devrait pas se produire. Le monde ne tirera donc jamais les enseignements de ce qui s'est passé à Auschwitz et dans les autres camps de la mort ? », avait demandé Elie Wiesel, Prix Nobel de la paix et rescapé des camps de concentration nazis.

« Nous savons que pour les morts, il est trop tard. Pour eux, abandonnés de Dieu et trahis par l'humanité, la victoire est venue trop tard. Mais il n'est pas trop tard pour les enfants d'aujourd'hui, les nôtres et les vôtres. C'est pour eux seuls que nous témoignons », avait poursuivi Elie Wiesel (voir notre seconde dépêche du 24 janvier 2005).

La commémoration de la libération d'Auschwitz à l'Assemblée générale pourrait marquer un tournant dans le rôle que l'ONU joue au Moyen-Orient, avait alors espéré Silvan Shalom, ministre des Affaires étrangères israélien, encouragé par le soutien et la présence de pays arabes lors de la session extraordinaire (voir notre dépêche du 25 janvier 2005).

Silvan Shalom a souvent reproché à l'Assemblée générale, qui a longtemps entretenu des relations tendues avec Israël, de produire des « majorités automatiques » contre son pays sur le dossier du Moyen-Orient.

Plus de 6 millions de Juifs, dont au moins 1,2 millions d'enfants, ont été exterminés par les Nazis pendant la seconde guerre mondiale, sur les 9 millions de Juifs vivant en Europe à la veille de la guerre. Dans les camps de la mort du régime nazi d'Adolf Hitler, ont aussi péri près d'un demi-million de Tziganes et près de 250.000 handicapés, ainsi que des milliers d'opposants au régime, d'intellectuels et d'homosexuels.

Le 27 janvier 1945, le camp d'extermination nazi d'Auschwitz, où trois millions de personnes ont été victimes des chambres à gaz et des fours crématoires, a été libéré par les Alliés.

Voir la page spéciale consacrée à la session commémorative extraordinaire pour le 60e anniversaire de la libération des camps de concentration nazis.