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Pakistan : l'accès aux victimes du tremblement de terre, principale difficulté des secours d'urgence

Pakistan : l'accès aux victimes du tremblement de terre, principale difficulté des secours d'urgence

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Alors que l'ONU a lancé un appel humanitaire d'urgence de 272 millions de dollars, le chef de Cabinet du Coordonnateur humanitaire a présenté aujourd'hui un bilan de la situation au Pakistan et estimé que cette nouvelle catastrophe naturelle illustrait la nécessité de créer sans attendre un Fonds central d'intervention d'urgence.

« Les dernières estimations font état de plus de 30.000 morts, 60.000 blessés, 4 millions de personnes affectées dont 1 million nécessitant une aide d'urgence et 2,5 millions de personnes sans abri », a déclaré aujourd'hui Hansjoerg Strohmeyer, Chef de cabinet de Jan Egeland, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence de l'ONU, lors d'une conférence de presse donnée au siège de l'ONU à New York (voir, sur l'appel d'urgence, notre dépêche d'aujourd'hui).

image• Retransmission de la conférence de presse[18mins]

« Nous avons déjà reçu des promesses à hauteur de 70 millions de dollars », a-t-il indiqué.

« Mais cette nouvelle situation d'urgence souligne à nouveau la nécessité de mettre en place un Fonds central d'intervention d'urgence, comme l'a recommandé le Secrétaire général dans son rapport intitulé 'Dans une liberté plus grande', qui permettrait de fournir immédiatement des fonds sans avoir à procéder à un appel d'urgence », a-t-il ajouté (voir notre dépêche du 16 septembre 2005. Voir aussi, aujourd’hui, le communiqué de presse de l’ONU sur les travaux de la Deuxième Commission de l’Assemblée générale).

« Notre première équipe arrivée à Muzaffarabad fait état d'une situation critique », près de 80% de la ville ayant été détruite et le reste étant inhabitable. « En outre, les fortes pluies causent des torrents de boue, ce qui rend l'accès encore plus difficile », a-t-il rapporté.

Hansjoerg Strohmeyer a précisé qu'une seule route non praticable pour les poids lourds permettait de se rendre sur les lieux, à 7 heures d'Islamabad.

« Donc pour l'instant tout dépend de la fourniture d'hélicoptères », a-t-il indiqué, rappelant que les Forces américaines en Afghanistan avaient offert 5 ou 7 hélicoptères. L'OTAN et l'ISAF, les Forces internationales en Afghanistan, sont en consultation pour fournir une assistance.

Et le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) examine aussi la possibilité que la Mission d'assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) participe à ces efforts, a-t-il précisé.

Il a aussi fait savoir que le Programme alimentaire mondial (PAM) avait déjà apporté deux hélicoptères.

« Les efforts de recherche d'urgence devraient être terminés demain », a-t-il précisé, affirmant que « 20 équipes étaient actives sur le terrain » pour sortir les survivants des décombres.

Interrogé sur l'assistance à l'Inde, frappée également dans le nord du pays par le tremblement de terre, Hansjoerg Strohmeyer a indiqué qu'elle avait fait savoir qu'elle n'avait pas besoin d'assistance extérieure – comme cela avait été le cas lors du tsunami.

A la question de savoir si l'Inde serait réticente à la présence de militaires au Cachemire, il a rappelé que la Coordination humanitaire n'employait aucun membre du personnel militaire dans le cadre de ses efforts, pas même des observateurs militaires de la Mission de l'ONU au Cachemire.

« L'Inde a par ailleurs offert son assistance au Pakistan, qui l'a acceptée », a-t-il précisé.

S'agissant enfin des soins médicaux, le responsable d'OCHA a précisé que près de 10 hôpitaux de la région ont été détruits.

Dans un communiqué publié hier, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) exprimait sa préoccupation quant à la situation médicale catastrophique dans les régions affectées.

Avec la destruction des hôpitaux, de nombreux médecins et infirmières sont morts ou gravement blessés, indiquait l'agence.

L'OMS précisait par ailleurs que les systèmes d'assainissement et les canalisations d'eau étaient gravement endommagés.

« Il faut donc d'urgence acheminer de l'eau potable afin d'éviter le risque de maladies diarrhéiques ».

L'OMS rappelle aussi que la rougeole est endémique dans la région, et que moins de 60% des enfants son protégés. Une campagne de vaccination de masse sera nécessaire si les personnes déplacées sont regroupées dans des habitations temporaires, précisait l'agence des Nations Unies pour la santé.

L'OMS indiquait hier avoir fournit des médicaments et des équipements médicaux pour couvrir pendant un mois les besoins de 210.000 personnes. Elle a aussi envoyé du matériel permettant de procéder à 1.000 opérations chirurgicales. Elle a enfin dépêché quelque 60 consultants en plus de son personnel déjà dans le pays.