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TPIY : la Croatie fait désormais preuve de volonté politique pour arrêter Ante Gotovina

TPIY : la Croatie fait désormais preuve de volonté politique pour arrêter Ante Gotovina

Carla Del Ponte
« Il existe à présent une volonté politique de la Croatie de rechercher et d'arrêter Ante Gotovina », a déclaré aujourd'hui le procureur du Tribunal pour l'ex-Yougoslavie, indiquant que le général croate inculpé pour crimes contre l'humanité aurait trouvé refuge dans un monastère franciscain et déplorant le refus du Saint-Siège de coopérer avec le TPIY.

« Je peux confirmer que la Croatie répond de manière satisfaisante à toutes mes requêtes », a déclaré aujourd'hui Carla del Ponte, procureur général du Tribunal pénal International pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), lors d'une conférence de presse donnée à La Haye.

« La Croatie répond rapidement et sérieusement aux requêtes du procureur concernant les demandes liées aux documents et aux témoins », a indiqué Carla del Ponte donnant en exemple le rôle important joué par les autorités croates dans la coopération entre les gouvernements serbe et argentin pour l'arrestation de Milan Lukic en Argentine.

« A l'heure actuelle, la seule question en suspens, a-t-elle cependant fait savoir, reste la coopération de la Croatie en vue de l'arrestation de Ante Gotovina, inculpé le 8 juin 2001 et toujours en liberté ».

Ante Gotovina est inculpé de crimes contre l'humanité et crimes de guerre dans le cadre de l'opération militaire connue sous le nom « d'opération tempête », entre le 4 et le 7 août 1995, visant à s'assurer le contrôle de la région de la Krajina et à en chasser définitivement les habitants serbes. Il est notamment accusé d'avoir ordonné ou autorisé le pillage de biens, l'expulsion ou le déplacement forcé des populations, le meurtre d'au moins 150 Serbes et d'autres actes inhumains.

Citant « de sérieuses faiblesses dans le fonctionnement des services de renseignement croates », qui ont conduit à des fuites d'informations confidentielles à la presse, Carla del Ponte a fait part aujourd'hui « d'une amélioration significative », même si les problèmes structurels demeurent.

« L'arrestation de Hrvoje Petrac le 31 août en Grèce a aussi été un événement positif » en ce qu'il pourrait fournir des informations sur l'emplacement de Ante Gotovina, a déclaré le procureur.

« Selon des sources extérieures au gouvernement croate, Ante Gotovina se trouverait en Croatie ou en Bosnie-Herzégovine. Certaines informations laissent entendre qu'il pourrait être caché dans un monastère franciscain », a rappelé Carla del Ponte, soulignant que sa visite au Vatican le 1er juillet dernier « n'avait fait que confirmer le manque de volonté de la part du Saint-Siège de coopérer avec le TPIY ».

La procureur a estimé que le gouvernement croate montrait à l'heure actuelle une « volonté politique » de procéder à son arrestation. « Il n'y a pas de preuve que la Croatie ne fait pas tout ce qu'elle peut » pour y parvenir, a-t-elle ajouté.

Elle a précisé que lors de son voyage à Zagreb, le 30 septembre dernier, tant le président Mesic que le premier ministre Sanader l'avaient assuré de la détermination des autorités croates sur cette question.

Carla del Ponte a rappelé que le soutien international et, en particulier « le ferme intérêt de l'Union européenne », avaient donné à la Croatie une « vive incitation » à coopérer avec le TPIY.

Le 13 juin dernier, Carla del Ponte s'était inquiétée devant le Conseil de sécurité du fait que « les autorités croates n'aient rien fait pour arrêter et transférer Ante Gotovina » (voir notre dépêche du 13 juin 2005).

« Tout porte à croire qu'il peut même compter sur l'aide de tout un réseau en Croatie, y compris des institutions d'État », avait-elle déclaré.

Elle avait aussi estimé que « tant que [l'ex-leader serbe] Radovan Karadzic, [l'ex-chef de l'armée bosniaque serbe] Ratko Mladic et [l'ex-dirigeant croate] Ante Gotovina parviendraient à échapper à la justice, les travaux du Tribunal ne seront pas terminés ».