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Myanmar : le rapporteur spécial de l'ONU dénonce les graves violations des droits de l'homme

Myanmar : le rapporteur spécial de l'ONU dénonce les graves violations des droits de l'homme

Carte du Myanmar
Dans un rapport publié hier, le Rapporteur spécial de l'ONU sur la situation des droits de l'homme au Myanmar dénonce le non respect des libertés civiles, la torture dans les centres de détentions, les graves violations des droits de l'homme contre les minorités ethniques et les allégations de travail forcé et de viol par les forces gouvernementales.

Paulo Sergio Pinheiro, Rapporteur spécial de la Commission des droits de l'homme sur la situation des droits de l'homme au Myanmar, a dénoncé dans son rapport remis hier à l'Assemblée générale, « l'exclusion d'acteurs politiques importants et représentatifs » dans la Convention nationale, qui s'était réunie pour la première fois en 1993 pour « définir les principes de base qui serviraient à élaborer une constitution solide ».

La Convention s'est ensuite réunie de manière sporadique de 1993 à 1996. Ajournée en 1996, elle est restée suspendue pendant plus de huit ans avant de se réunir de nouveau en 2004 puis en février 2005.

« La question de savoir à qui incombe l'élaboration de la constitution est un des aspects les plus critiques du processus politique en cours. En outre, on ignore encore à l'heure actuelle quelles seront exactement les règles qui s'appliquent à l'adoption de la constitution à l'occasion d'un référendum national », a fait remarquer Paulo Sergio Pinheiro dans son rapport.

Le Rapporteur spécial a également dénoncé la situation concernant « l'exercice des droits fondamentaux et libertés civiles ». S'il n'a pas été autorisé à effectuer une mission d'établissement des faits au Myanmar, il reçoit sans cesse des informations faisant état « de restrictions et de violations de ces droits et libertés ».

« Il y aurait encore plus de 1 100 prisonniers politiques au Myanmar. La libération de 249 d'entre eux le 6 juillet 2005 n'a pas empêché la poursuite des arrestations, des détentions et des condamnations de civils et militants pour la démocratie à des peines sévères pour des activités politiques pacifiques », indique le rapport.

Le Rapporteur spécial s'est aussi inquiété des informations persistantes faisant état de « l'usage répandu et systématique de la torture et des sévices par les autorités contre des personnes en détention provisoire ».

Le Rapporteur spécial continue à recevoir des informations faisant état de « prisonniers torturés, maltraités et aussi sauvagement battus, enchaînés et forcés de se tenir pendant longtemps dans une position accroupie ou debout inconfortable ». « L'isolement dans des cellules obscures semble être le châtiment le plus souvent infligé à ceux qui se plaignent », affirme le rapport.

Au moins 22 prisonniers politiques auraient été torturés et malmenés après que plusieurs d'entre eux eussent participé à une grève de la faim organisée à la prison d'Insein le 28 avril 2005. Quatre détenus seraient morts en prison depuis janvier 2005.

Les autorités du Myanmar empêchent tout contact entre les détenus et leurs proches ou avec des avocats et continuent à avoir recours à la détention en secret, souligne le Rapporteur.

Par ailleurs, dénonce le Rapporteur, de graves violations des droits de l'homme continuent d'être commises contre les minorités ethniques du Myanmar qui constituent 35% de la population. « De multiples allégations de travail forcé, de viol et autres violences sexuelles, d'extorsion et d'expropriation par les forces gouvernementales continuent de lui parvenir », précise le rapport.

« Des hommes, des femmes et des enfants seraient contraints par la force à construire et remettre en état des routes, servir de porteur aux militaires, faire la sentinelle, transporter du matériel militaire, cultiver du riz ou du thé, creuser des abris fortifiés ou des tranchées », rapporte l'expert.

Le Rapporteur déplore aussi le fait que des fonctionnaires du gouvernement continuent, selon certaines allégations, de se livrer à des actes de violence sexuelle contre des femmes et des enfants. Les populations civiles des zones peuplées de minorités ethniques, notamment les Etats Shan, Kayin, Kayah et Môn, seraient particulièrement exposées à de telles violations. « Des témoignages dûment étayés de viol, d'esclavage sexuel et de mariage forcé continuent de parvenir au Rapporteur spécial ».