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Mark Malloch Brown engage les Etats-Unis à préserver la coalition pour la réforme de l'ONU

Mark Malloch Brown engage les Etats-Unis à préserver la coalition pour la réforme de l'ONU

Mark Malloch Brown
Présentant aujourd'hui devant le Congrès américain un bilan des réformes accomplies et en chantier à l'ONU, le chef de Cabinet du Secrétaire général a engagé les Etats-Unis à préserver la coalition des pays en faveur de la réforme et estimé que le projet de loi autorisant le président américain à « geler » les contributions aux Nations Unies aurait un effet contraire au but recherché.

« La clef du succès de la réforme de l'ONU est dans l'élargissement de la coalition des amis et des alliés des Etats-Unis qui sont déjà engagés envers cette réforme », a déclaré aujourd'hui Mark Malloch Brown, le chef de Cabinet du Secrétaire général, lors d'un exposé au Comité des relations internationales de la Chambre des représentants américaine, à Washington.

Mark Malloch Brown était venu dresser un bilan des réformes déjà accomplies au cours de cette année et présenté les résultats du sommet mondial qui figurent dans le Document final, considéré comme un « point de départ » à de nouvelles réformes.

« J'espère que vous comprendrez que nous divergeons respectueusement sur la méthode adoptée », a par ailleurs déclaré le chef de cabinet, en référence au projet de loi présenté par le sénateur Norm Coleman et le président du Comité des relations internationales, le sénateur Richard Lugar, qui autoriserait le président des Etats-Unis à geler chaque année jusqu'à 50% des contributions à l'ONU, si les Nations Unies ne respectaient pas certains critères d'efficacité.

« Je crains que cela ne provoque une vive réaction parmi les autres Etats membres, qui n'aurait pas pour effet de faire progresser les priorités que nous partageons – telles qu'un Conseil des droits de l'homme efficace, une réforme en profondeur de la réforme de l'ONU, une définition claire du terrorisme – parce qu'elle détruirait la coalition en faveur de la réforme », a-t-il ajouté.

Les Etats-Unis sont « un acteur central » de la réforme mais ils sont loin d'être les seuls, a-t-il rappelé, soulignant que le leadership des Etats-Unis en faveur de la réforme serait « absolument essentiels ».

Lors de son exposé détaillé devant le Comité des relations internationales, Mark Malloch Brown a notamment insisté sur les grands points de la réforme de gestion de l'ONU.

« Nous aurions souhaité une phrase explicite » dans le document final, qui aurait indiqué que « le Secrétaire général a besoin de l'autorité et de la flexibilité de gérer l'Organisation dans les limites de son budget, avec un mandat politique clair de la part des Etats Membres, afin que sa responsabilité puisse être engagée de façon significative au regard des résultats accomplis », a souligné le chef de Cabinet.

« Nous ne l'avons pas obtenu » mais, a-t-il poursuivi, le Secrétaire général a reçu le feu vert sur toutes les réformes spécifiques qu'il avait requises, notamment la création d'un code de déontologie, la création d'un bureau de déontologie indépendant - qui a été formellement approuvé hier – et la création d'un nouveau bureau de contrôle interne indépendant.

Hier, le Secrétaire général a aussi présidé la première réunion conjointe du Comité des politiques et du Comité de gestion de l'ONU, tous deux mis en place récemment, qui auront pour mission d'établir un calendrier pour mettre en œuvre les réformes adoptées lors du sommet, a-t-il précisé.

Une de ses premières tâches sera la révision de « tous les mandats de l'Assemblée générale – c'est-à-dire notamment les missions confiées par l'Assemblée générale au Secrétariat - datant de plus de cinq ans». En 60 ans, ce travail n'a jamais été accompli, a-t-il rappelé.

Tout cela devrait permettre un « nettoyage bien nécessaire de l'Organisation », a-t-il affirmé, estimant que l'enquête menée sur le programme « pétrole contre nourriture » par Paul Volcker avait certainement eu pour effet de « galvaniser les efforts de réforme du Secrétaire général ».

Il a aussi relevé la proposition faite par la chambre des représentants américaine de créer un nouveau poste d'administrateur général de l'ONU – qui serait chargé de la stricte gestion de l'Organisation de façon détachée des activités diplomatiques. Cette proposition, reprise dans le rapport Volcker, a obtenu le soutien du Secrétaire général.

Au titre des réformes de fond du sommet, Mark Malloch Brown a rappelé que si le programme présenté par le Secrétaire général dans son rapport intitulé « Dans une liberté plus grande» n'avait pas été adopté dans son ensemble, les négociations très tendues qui avaient précédé le sommet avaient permis l'adoption d'un « document qui constitue un important pas en avant ».

Dans le domaine des droits de l'homme, il a cité la consécration en droit international de la « responsabilité de protéger », la décision de principe de créer un Conseil des droits de l'homme et la création du Fonds des Nations Unies pour la démocratie – une initiative lancée par le président Bush en 2004, qui a déjà reçu des promesses de dons à hauteur de 42 millions de dollars.

« En tant qu'ancien Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), j'ai particulièrement apprécié le discours du Président Bush lors du sommet, en ce qu'il a fermement soutenu les oObjectifs du Millénaire pour le développement (OMD) », a par ailleurs souligné le chef de cabinet.

De ce discours, le président bush a aussi cité « l'offre historique de donner aux pays pauvres la chance de sortir de la pauvreté par le commerce », grâce au prochain cycle de négociation de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) de Doha, en proposant d'éliminer les droits de douane sur les biens [en provenance des pays en développement] et de mettre fin aux subventions agricoles inéquitables », a-t-il ajouté (voir notre dépêche du 14 septembre 2005).

Sur le Document final du sommet mondial 2005, voir notre dépêche du 17 septembre 2005 et notre dépêche du 14 septembre 2005.Sur les travaux qui attendent l'Assemblée générale, voir notre dépêche du 16 septembre.Sur le « pacte » proposé par Kofi Annan aux Etats Membres sur la mise en œuvre des réformes, voir notre dépêche du 17 septembre 2005.