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Le Conseil de sécurité proroge la mission au Soudan qui devra appuyer l'Union africaine au Darfour

Le Conseil de sécurité proroge la mission au Soudan qui devra appuyer l'Union africaine au Darfour

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Dans une résolution adoptée aujourd'hui, le Conseil de sécurité a décidé de proroger le Mission des Nations Unies au Soudan, qui devra notamment renforcer l'action menée par la Mission de l'Union africaine en vue de promouvoir la paix au Darfour, où la situation s'est déjà légèrement améliorée.

Considérant que la situation au Soudan constitue toujours une menace pour la paix et la sécurité internationales, le Conseil de sécurité a décidé aujourd'hui de proroger le mandat de la Mission des Nations Unies au Soudan (MINUS) jusqu'au 24 mars 2006, en adoptant la résolution 1267 (2005).

Après avoir pris connaissance du dernier rapport du Secrétaire général sur la situation au Soudan, le Conseil de sécurité l'a prié, dans sa résolution, de « lui faire rapport tous les trois mois sur la manière dont la MINUS s'acquitte de son mandat, notamment sur ce qu'elle fait pour renforcer l'action menée par la Mission de l'Union africaine au Soudan en vue de promouvoir la paix au Darfour (MUAS) » (voir le communiqué de presse de l'ONU).

Dans son dernier rapport sur la situation au Darfour, le Secrétaire général avait indiqué que même s'il restait beaucoup à faire, la situation s'améliorait tant au niveau de l'insécurité que de la protection des civils, grâce à l'expansion des troupes de l'Union africaine (voir, sur l'exposé de Jan Pronk, Envoyé de l'ONU au Soudan, notre dépêche du 21 septembre 2005).

Sur le plan de la sécurité, le cessez-le-feu a tenu dans la plus grande partie du Darfour au cours du dernier mois. Cependant, « le Mouvement/Armée de libération du Soudan (M/ALS) a poursuivi sa politique agressive, établissant de nouveaux postes de contrôle et attaquant des véhicules notamment dans le Darfour-Sud » et « des éléments appartenant au Mouvement continuent de se livrer à des actes de violence, d'extorsion et de pillage », avait déploré le Secrétaire général.

« Le banditisme constitue désormais la principale menace au Darfour, notamment pour les civils et les humanitaires. Banditisme de grand chemin, enlèvements, cambriolages, vols et attaques à main armée sont monnaie courante », constatait-il.

« Le gouvernement, regrettait-il, n'a pas entrepris d'action notable pour désarmer les milices ou exiger qu'elles répondent de leurs actes conformément aux accords antérieurs et aux résolutions du Conseil de sécurité ».

Au niveau de la protection des civils, si la situation générale s'améliore peu à peu, il reste, selon le Secrétaire général, beaucoup à faire pour protéger les civils, et notamment les personnes déplacées. « Dans certains cas, les déplacés qui sont rentrés dans leur village d'origine pour cultiver leurs terres ont été attaqués et ont dû retourner dans leurs camps », notait-il.

Les réinstallations provoquées ou forcées demeurent également un motif de préoccupation, avait-il déploré, engageant de nouveau le gouvernement à « redoubler d'efforts pour offrir une protection suffisante aux populations déplacées et protéger leur droit de regagner volontairement leur région d'origine dans des conditions de sécurité et dans la dignité ».

La présence de la MUAS est essentielle « pour la sûreté et la sécurité des civils au Darfour ». A cet égard, « il est indispensable que la MUAS obtienne toutes les ressources nécessaires à son fonctionnement efficace », avait souhaité le Secrétaire général.

En conséquence, il avait encouragé les Etats membres à « n'épargner aucun effort et à aider la Commission de l'UA à combler d'urgence son déficit de financement ».

Le rapport indiquait que la Commission de l'UA poursuit le renforcement de la MUAS en augmentant ses effectifs. La Mission compte actuellement 5 348 membres, dont 3 716 militaires chargés de la protection.

Le Secrétaire général notait par ailleurs des signes « encourageants » sur le plan des droits de l'homme. Ainsi, le Tribunal pénal spécial sur les enlèvements du Darfour, créé par le gouvernement en juin dernier, a prononcé sa première condamnation le 15 août.

« Un lieutenant et un caporal des Forces armées soudanaises ont été condamnés pour homicide, après la mort en détention d'un garçon de 13 ans à Kutum. Ce jeune détenu, accusé de mener des activités de rébellion était décédé des suites de blessures subies a cours de son interrogatoire », indiquait le rapport.

Trois affaires de viol et de vol à main armée perpétrés par des membres de l'armée et des Forces de défenses populaires sont également en cours au Tribunal.

Le gouvernement du Soudan a par ailleurs annoncé la mise en place d'un plan d'action pour éliminer la violence à l'égard des femmes. Ce plan prévoit des mesures concrètes, notamment des campagnes de sensibilisation et la formation des membres de la police.

Malgré la volonté affichée par le gouvernement soudanais, les violences sexuelles contre les femmes continuent de sévir au Darfour, avait dénoncé mercredi la Conseillère spéciale du Secrétaire général sur les questions de l'égalité entre les hommes et les femmes, qui venait d'effectuer une visite sur le terrain (voir notre dépêche du 21 septembre 2005).

Sur le plan humanitaire, les problèmes de sécurité continuent d'entraver l'acheminement des secours humanitaires. Toutefois, près de 90% de la population touchée a pu être secourue au cours du dernier mois, soulignait le rapport.

Les organismes d'aide humanitaire s'emploient à porter secours à près de 3,4 millions de personnes, rappelait-il. Au 1er août, on comptait plus de 1,8 million de personnes déplacées, soit 70 000 de moins que lors de la période précédente - une réduction qui s'explique par le fait que des déplacés retournent dans leurs villages cultiver la terre pendant la saison des pluies.

Enfin, en ce qui concerne le processus de paix au Darfour, « la reprise des pourparlers constitue un progrès encourageant ». « Les parties et leurs partenaires de la communauté internationale doivent mettre tout en œuvre pour faire en sorte que ces pourparlers aboutissent et pour parvenir à un accord politique global au Darfour avant la fin de l'année », souhaitait le Secrétaire général.

Comme suite à la signature de la Déclaration de principes pour le règlement du conflit au Darfour le 5 juillet 2005, la 6e série de pourparlers de paix inter-soudanais d'Abuja, a repris le 15 septembre.