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Liban : une conférence internationale des donateurs annoncée à l'ONU

Liban : une conférence internationale des donateurs annoncée à l'ONU

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Les réformes du nouveau gouvernement libanais et l'organisation d'une conférence de donateurs prochainement à Beyrouth ont reçu hier l'appui au plus haut niveau à l'ONU, alors que le Secrétaire général, les Etats-Unis, la France, l'Italie, le Royaume-Uni, l'Egypte, l'Arabie Saoudite ont réaffirmé l'importance de la souveraineté et de la stabilité du Liban pour le Moyen-Orient.

Nous avons aujourd'hui rencontré le Premier ministre du Liban, Fouad Siniora, afin de montrer notre soutien au nouveau gouvernement du Liban et à la préservation de sa souveraineté, a déclaré lundi le Secrétaire général lors d'une conférence de presse aux côtés du Premier ministre du Liban, de la Secrétaire d'Etat américaine et des ministres des affaires étrangères de la France, du Royaume-Uni, de l'Italie, de l'Egypte, et de l'Arabie saoudite.

Cette conférence de presse se tenait à l'issue d'une réunion ministérielle soutenue également par le ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Sergei Lavrov, par le secrétaire général du Conseil de l'Union européenne, Javier Solana et par le Président de la Banque mondiale, Paul Wolfowitz.

« Nous avons aussi débattu des nouveaux plans du gouvernement pour réformer les institutions et pour renforcer la démocratie dans la région », a déclaré Kofi Annan.

« Nous avons enfin salué la réponse de l'appareil judiciaire libanais à l'enquête internationale de l'ONU afin de découvrir la vérité dans l'assassinat de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri », a-t-il ajouté.

Le Secrétaire général a ensuite appelé tous les Etats de la région à respecter la souveraineté du Liban et à participer à une conférence de soutien à ce pays avant la fin de l'année 2005.

image• Retransmission de la conférence de presse[26mins]

Saluant cette « réunion exceptionnelle », le Premier ministre libanais a expliqué qu'elle constituait les premiers pas vers une conférence des donateurs qui serait organisée à Beyrouth.

« Le Liban est au seuil d'une nouvelle ère. Avec l'aide de la communauté internationale et les efforts de notre population, nous avons une chance de parvenir à nos objectifs et de réaliser la vision que l'ex-Premier ministre Rafic Hariri s'est efforcé de mettre en œuvre au cours de ces 13 dernières années », a déclaré Fouad Siniora.

« Le Liban montre ce que l'ONU peut faire lorsqu'elles est véritablement unie et déterminée à mettre en œuvre ses décisions », a déclaré Jack Straw, ministre des Affaires étrangères du Royaume-Uni, estimant que la communauté internationale devait à tous ceux qui ont perdu la vie dans des attentats au Liban de construire un Liban souverain et indépendant.

« J'ai été très déprimé par l'assassinat de Rafic Hariri, à présent j'ai bon espoir », a affirmé Jack Straw.

Interrogée sur la poursuite par les Etats-Unis d'un changement de régime en Syrie, Condoleezza Rice, la Secrétaire d'Etat américaine, a indiqué que la vérité devait être trouvée dans l'affaire Hariri et qu'il fallait que la Syrie se conforme strictement à la lettre et à l'esprit des résolutions du Conseil de sécurité, notamment la résolution 1559 qui appelle aux forces étrangères à se retirer du Liban.

« C'est une question de souveraineté du Liban et la Syrie doit se trouver du bon côté des événements au Moyen-Orient. Elle doit couper la route de ceux qui entrent sur le territoire de l'Iraq pour assassiner des iraquiens et cesser leur soutien aux réjectionnistes palestiniens qui sapent le processus de paix ».

« Les forces maléfiques qui ont assassiné Rafic Hariri ont souhaité maintenir le Liban dans l'instabilité, mais c'est le contraire qui s'est produit », a déclaré pour sa part le ministre des Affaires étrangères de l'Arabie Saoudite, le prince Saoud al-Faysal Bin Abdulaziz al Saoud.

Interrogés sur l'issue à donner aux conclusions de la Commission d'enquête internationale dirigée par le magistrat allemand Detlev Mehlis, le Premier ministre libanais a rappelé qu'elle avait « déjà inculpé des responsables libanais et que la justice libanaise avait déjà décidé de les arrêter ».

« Clairement, tous les Libanais cherchent la vérité, quelles que soient les personnalités impliquées, afin que chacun en tire une leçon que l'on puisse éviter ce genre d'événement de se reproduire à l'avenir ». Mais il est trop tôt pour savoir qui sera impliqué, a indiqué le Premier ministre.

Le ministre des Affaires étrangères de la France, Philippe Douste-Blazy, a indiqué qu'il était important qu'il n'y ait pas d'ingérence, ni sur le plan militaire ni sur le plan des services de renseignement de la part de la Syrie. Sur l'enquête Mehlis, « toutes les parties devront accepter ses conclusions le moment venu, mais qu'en attendant il faut qu'elle reste indépendante et il n'est pas bien venu de faire des commentaires en attendant », a-t-il indiqué.

La Commission Mehlis, qui est pleinement opérationnelle depuis le 16 juin dernier (voir notre (voir notre dépêche du 16 juin 2005), a été créée le 7 avril dernier par la résolution 1595 du Conseil de sécurité (voir notre dépêche du 7 avril 2005) dans le but d'identifier les auteurs, commanditaires, organisateurs et complices de l'attentat terroriste visant l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri et qui a causé la mort de 20 autres personnes, le 14 février dernier à Beyrouth (voir notre dépêche du 15 février 2005).

Par ailleurs, alors que le ministre des Affaires étrangères de l'Egypte, Ahmed Ali Aboul Gheit, a indiqué que son pays travaillerait « à faire en sorte qu'un Liban stable puisse offrir à ses habitants la prospérité », le ministre des Affaires étrangères de l'Italie, Gianfranco Fini, a rappelé que « la stabilité du Liban a une influence très importante sur tout le moyen orient ».

« Aider le Liban signifie aider tout le Moyen-Orient à vivre mieux », a-t-il déclaré.

Cette réunion intervenait au lendemain d'un nouvel attentat à Beyrouth, une semaine après l'explosion d'une bombe dans la capitale du Liban.