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Jan Egeland présente son projet de Fonds pour les crises humanitaires oubliées et imprévues

Jan Egeland présente son projet de Fonds pour les crises humanitaires oubliées et imprévues

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Le Coordonnateur des secours d'urgence des Nations Unies a présenté hier un projet de création d'un Fonds central d'intervention d'urgence qui permettra à la communauté internationale de réagir de façon rapide aux situations humanitaires oubliées et imprévues, espérant qu'il soit adopté par l'Assemblée générale et opérationnel début 2006.

« L'objectif de ce Fonds est de rassembler 500 millions de dollars pour permettre à la communauté internationale de disposer de moyens prévisibles, de façon à pouvoir répondre dans un délai de trois à quatre jours aux crises humanitaires », a indiqué Jan Egeland, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence de l'ONU, lors d'uneconférence de presse donnée au siège de l'ONU, en présence des ministres du développement du Luxembourg, de la Suède et du Royaume Uni.

image• Retransmission de la conférence de presse[32mins]

A l'instar de Jan Egeland, qui a précisé qu'il fallait souvent attendre des mois pour obtenir l'argent nécessaire, Jean-Louis Schiltz, ministre du développement du Luxembourg, a souhaité que ce fonds puisse être créé le plus rapidement possible par l'Assemblée générale et devenir opérationnel début 2006.

« Nous avons discuté aujourd'hui de la gestion et des modalités de fonctionnement de ce futur Fonds, a indiqué le ministre luxembourgeois, en précisant que six pays – Suède, Royaume-Uni, Norvège, Pays-Bas, Suisse et Luxembourg - avaient aujourd'hui annoncé un total de 150 millions de contributions ».

Il a également précisé que d'autres pays, dont le Nigeria, s'étaient engagés à faire des contributions dans les mois qui viennent.

Jan Egeland a également souligné que le problème de l'efficacité de la réponse humanitaire résidait souvent dans le temps qu'il fallait attendre pour obtenir les moyens suffisants.

Il a cité le cas des inondations qui ont frappé le Guyana au début de l'année, une catastrophe pour laquelle les organisations humanitaires n'ont obtenu que 300 000 dollars sur les 2,5 millions réclamés. De même, au Darfour, il a fallu quatre mois entre le moment où les restrictions à l'accès aux personnes déplacées ont été levées et le moment où les fonds ont été promis, ce qui fortement accru le taux de mortalité.

Autre exemple, « au Sahel, la crise de l'invasion des criquets a fait l'objet d'un appel de fonds de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) pour un montant de 9 millions de dollars en février 2004 ». Cet appel ayant reçu une réponse inadéquate, la multiplication des criquets cette année dans huit pays a conduit la FAO à réviser son appel pour le porter à 100 millions de dollars, explique le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

« Ce fonds doit aussi être un moyen d'intervenir là où les médias ne sont pas présents », a de son côté indiqué la ministre suédoise, constatant que l'aide arrivait d'abord et surtout là où les médias étaient présents aux dépens des zones moins couvertes.

Le ministre britannique, qui a annoncé une contribution annuelle de son gouvernement de 70 à 100 millions de dollars, s'est félicité que deux jours à peine après l'adoption du document final par l'Assemblée générale, une trentaine de pays aient pu se réunir pour faire avancer ce projet.

Si le document final du sommet ne prévoit pas lui-même la création du Fonds central d'intervention d'urgence, il appelle en revanche le Secrétaire général à « renforcer l'efficacité des interventions humanitaires, en faisant en sorte que les fonds nécessaires soient plus rapidement disponibles et plus prévisibles, grâce en partie à une amélioration du fonctionnement du Fonds central autorenouvelable d'urgence ».

Dans un autre domaine, Jan Egeland a indiqué, en réponse à la question d'un journaliste, que le système d'alerte rapide aux tsunamis était désormais partiellement en place en Asie et devrait être complet en 2006.

« Le plus compliqué n'est pas savoir si un tremblement de terre a lieu ou s'il provoquera un tsunami mais d'alerter les pêcheurs pauvres sur les côtes ».

« Pour l'instant, nous recevons une alerte rapide des gens sur le terrain. Mais l'alerte rapide ne provoque pas nécessairement un financement. Cela dépend de notre capacité à générer un intérêt dans les médias. Grâce à ce fonds, nous aurons un minimum de fonds pour agir rapidement », a-t-il précisé.

Jan Egeland a précisé par ailleurs qu'il rencontrerait Robert Mugabe, président du Zimbabwe, lors d'une réunion avec le Secrétaire général.

Interrogé sur le problème des situations humanitaires qui se produisent dans un pays visé par des sanctions internationales, notamment de l'ONU, Jan Egeland a indiqué que l'assistance humanitaire était toujours exemptée des sanctions et que le fonds bénéficierait à des crises dans tous les pays du monde.

« Le monde n'a jamais eu d'organisations humanitaires aussi efficaces ». On peut sauver des vies pour un dollar par jour, on peut vacciner des gens pour un dollar par jour, a ajouté Jan Egeland, indiquant qu'il souhaitait procéder à la formation de nouveaux membres du personnel humanitaire.

« Nous souhaitons aussi profiter de l'expérience des organisations non gouvernementales (ONG) et pouvoir jouer un rôle moteur de leur mise en œuvre ».