FAO : l'Afghanistan pratiquement débarrassée des criquets

"L'ampleur de la zone infestée a considérablement diminué et on a désormais libéré du fléau les principales zones cultivées", a affirmé Andrew Harvey, coordonnateur de la lutte antiacridienne pour l'Afghanistan de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), indique un communiqué de l'agence publié aujourd'hui à Rome.
Les seules régions où les acridiens ont réussi à pondre cette année étaient des zones désertiques isolées, a-t-il indiqué, et si des mesures de lutte seront nécessaires en 2006 pour prévenir la réinfestation des terres cultivées, elles n'auront pas besoin d'être très étendues. La population acridienne du pays a été drastiquement réduite par rapport aux niveaux de 2002, a conclu M. Harvey.
La campagne de 2005, qui a démarré la troisième semaine de mars et s'est poursuivie jusqu'à la première semaine de juin, était ciblée sur quatre provinces du nord infestées: Baghlan (27 580 ha traités), Balkh (56 295 ha), Kunduz (28 273 ha) et Samangan (31 091 ha).
Cette année, l'arrivée tardive du printemps a retardé les éclosions, ce qui a laissé davantage de temps pour organiser la mise en place du matériel et des pesticides.
Le facteur temps est fondamental. Chaque journée de retard des applications comporte un accroissement de 15% des efforts de lutte nécessaires, estime M. Harvey.
Par ailleurs, cette année, la campagne utilisait essentiellement le diflubenzuron, un pesticide employé contre les stades juvéniles des criquets, indique la FAO.
« Le diflubenzuron n'est pas un poison de contact, mais il bloque la mue, le processus de croissance des insectes. Une fois pulvérisé sur la végétation, il est avalé par les jeunes sauteriaux. A la mue suivante, le pesticide empêche le durcissement de leur nouvelle peau et provoque la mort ».
Autre avantage du diflubezuron: il reste pendant un certain temps sur la végétation. Ainsi, dans le cas d'autres éclosions, les sauteriaux seront éliminés sans avoir besoin de recourir à de nouvelles pulvérisations.
Mais surtout, précise M. Harvey, grâce à son mode d'action, ce type d'insecticide, contrairement à d'autres, est quasiment sans danger pour l'homme, le bétail et la faune sauvage, comme les oiseaux. Toutefois, pour être efficace, il doit être appliqué avant que les criquets ne deviennent des adultes ailés, car ils ne muent plus par la suite.
Le criquet marocain est un ravageur pérenne en Afghanistan, mais c'est en 2000/2001 qu'il a pris des proportions de fléau, constituant un danger manifeste dans un pays où l'agriculture assure plus de 51 % du PIB national et emploie plus de 80 % de la population active.
Depuis 2002, la FAO contribue aux campagnes antiacridiennes annuelles en Afghanistan, qui comprennent non seulement des opérations de lutte mais aussi la formation et le renforcement des capacités, indique le communiqué.
Les nuages de criquets qui dévastent des récoltes entières constituent un véritable fléau pour les agriculteurs, et sont partiellement à l'origine des crises alimentaires qui sévissent en Afrique de l'Ouest, notamment au Niger.