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HCR : mission d'urgence au Bangladesh sur la situation critique des Rohingya du Myanmar

HCR : mission d'urgence au Bangladesh sur la situation critique des Rohingya du Myanmar

Carte du Myanmar
L'agence de l'ONU pour les réfugiés, la Commission européenne et des diplomates de cinq pays donateurs ont achevé une mission d'urgence à Teknaf dans le district de Cox's Bazar au Bangladesh pour se rendre compte de la situation de plus de 6000 Birmans appartenant au groupe ethnique Rohingya, vivant dans des conditions extrêmement risquées et particulièrement déplorables.

« Vendredi dernier, la mission a constaté que les réfugiés Birmans vivent sur les rives d'une rivière en crue, la rivière Teknaf, qui constitue la frontière avec le Myanmar. Ils sont extrêmement exposés aux fortes crues saisonnières, aux inondations et aux cyclones durant la saison des pluies. Il n'y a ni eau ni installation sanitaire sur le site, ce qui constitue un risque pour la santé », a déclaré aujourd'hui la porte-parole du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), Marie-Hélène Verney, lors de son point de presse au siège de l'ONU à Genève.

« Depuis l'année dernière, la communauté internationale a demandé au gouvernement de déplacer le groupe dans le cadre d'une opération d'urgence, jusqu'à présent sans réponse », a indiqué la porte-parole.

La Commission européenne a dit qu'elle fournira une assistance humanitaire d'urgence en ce qui concerne l'eau et le système sanitaire, une fois que le groupe aura été déplacé dans un lieu plus sûr. Le gouvernement et les autorités locales considèrent le groupe comme des immigrants illégaux et disent qu'ils devraient retourner au Myanmar.

Le groupe de Teknaf s'est formé il y a deux ans et demi, après que le gouvernement du Bangladesh ait déplacé quelque 3600 Rohingyas depuis des villages situés dans les régions environnantes où ils avaient vécu près de dix ans à un emplacement le long de la rivière Teknaf.

Six mois plus tard, ils étaient de nouveau déplacés de deux kilomètres vers le site actuel. Le groupe croît puisque de plus en plus de Rohingyas ayant des problèmes avec les communautés locales ont aussi rejoint cette région. Font aussi partie de ce groupe un petit nombre de nouveaux arrivants du Myanmar et quelques « multi-déplacés », terme employé pour désigner les réfugiés qui furent rapatriés au Myanmar et qui l'ont fui de nouveau. Il n'existe pas de chiffres exacts quant à la composition du groupe dont le nombre varie de 6000 à 10 000 selon les fluctuations de population, indique le HCR.

Le groupe n'est pas officiellement enregistré par l'UNHCR. La seule différence avec les réfugiés Rohingya des deux camps gérés par le gouvernement, c'est que soit ils n'étaient pas dans les camps lors de l'afflux de 1991-92, soit ils sont arrivés après la date butoir de 1994 pour obtenir le statut prima facie de réfugié. Même si les Rohingyas du groupe vivent sans être officiellement enregistrés, hors des camps, les raisons de leur venue au Bangladesh sont les mêmes que celles des réfugiés vivant dans les camps.

Au début des années 90, plus de 250 000 Rohingyas ont fui en traversant la frontière du Bangladesh et ont été hébergés dans 20 camps. Quelque 236 000 Rohingyas ont depuis été rapatriés au Myanmar. Actuellement, environ 20 500 réfugiés enregistrés vivent dans les deux derniers camps gérés par le gouvernement dans le district de Cox's Bazar, dans des conditions difficiles et précaires de logement, de conditions sanitaires et de sécurité. Le gouvernement du Bangladesh refuse toute activité d'autosubsistance ou d'autosuffisance dans ou hors des camps, en insistant sur le fait que la seule solution pour ces réfugiés est le rapatriement au Myanmar. Mais jusqu'à présent, cette année, seuls 90 réfugiés ont choisi de retourner chez eux, malgré l'augmentation de l'aide donnée aux rapatriés par l'UNHCR.