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La proposition de l'Afrique pour une réforme du Conseil de sécurité est négociable, selon le Nigeria

La proposition de l'Afrique pour une réforme du Conseil de sécurité est négociable, selon le Nigeria

Le ministre des affaires étrangères du Nigeria a opposé aujourd'hui un démenti formel aux informations selon lesquelles la proposition de l'Afrique sur la réforme du Conseil de sécurité était non négociable. Il serait insensé, a-t-il reconnu, que les 53 États africains présentent un texte aux autres 138 États Membres, en leur déclarant « c'est à prendre ou à laisser ».

Oluyemi Adeniji, ministre des Affaires étrangères du Nigeria, dont le pays préside l'Union africaine (UA), a souligné, au cours d'une conférence de presse donnée aujourd'hui au siège de l'ONU à New York, que la seule chose à laquelle son continent ne renoncerait pas était sa prétention à occuper deux sièges permanents au sein d'un Conseil de sécurité réformé, indique un communiqué de presse de l'ONU.

image• Retransmission de la conférence de presse [44mins]

Lors du débat que l'Assemblée générale a tenu, les 11 et 12 juillet, sur la proposition du G-4 –Allemagne, Brésil, Inde et Japon-, le représentant de l'Algérie avait déclaré que l'Afrique qui réclame, outre les deux sièges permanents, cinq sièges non permanents dans un Conseil de 26 membres, ne ferait aucun compromis sur l'octroi du droit de veto à ces futurs membres permanents (voir notre dépêche du 12 juillet 2005).

« Je ne crois pas que le représentant de Maurice, président du Groupe des États africains, et, en conséquence, seul habilité à parler, ce jour-là, au nom du continent, se soit montré si catégorique », a fait observer le chef de la diplomatie nigériane.

Sur le droit de veto, s'est-il expliqué, la position de l'Afrique est claire : il s'agit d'un instrument « anachronique, non démocratique et non conforme aux principes de l'ONU sur l'égalité souveraine entre États ».

Le ministre des affaires étrangères a indiqué qu'en revanche, l'Afrique tenait à ce que l'on recherche les moyens de contrebalancer ce pouvoir dont les cinq membres actuels continueront de jouir.

La proposition de l'Union africaine (UA) a été entérinée dans la Déclaration de Syrte, à l'issue du sommet qui s'est tenu dans la ville libyenne les 5 et 6 juillet dernier. Elle a été défendue à l'Assemblée générale les 11 et 12 juillet dernier, lors du débat sur la proposition du G-4 et sera rendue publique probablement demain sous la cote A-59-L67 (voir notre dépêche du 13 juillet 2005).

La proposition de l'UA est ouverte à la négociation, a répété le ministre des affaires étrangères face aux nombreuses questions sur la possibilité de rapprocher la position du continent avec celle du G-4. Il a rappelé à cet égard que, dans son Conseil de 25 membres, le G-4 réduit à 4 les sièges non permanents de l'Afrique et prône un statu quo de 15 ans pour la question du droit de veto.

Aucune position finale ne sera prise avant des consultations intensives avec les auteurs des textes qui font, en ce moment, l'objet de discussions, a rassuré le ministre des affaires étrangères, en prenant acte, entre autres, des propositions du Groupe « Unis pour le consensus » et de celles des pays menés par le Liechtenstein et la Suisse.

Le Sommet de Syrte a adopté une décision portant création d'un Mécanisme de suivi élargi « pour mener des négociations avec d'autres régions du monde et d'autres parties prenantes et prendre les mesures nécessaires qui permettront de répondre aux aspirations de l'Afrique ».

Quant au choix des pays qui occuperont les deux sièges permanents auquel prétend l'Afrique, le ministre des affaires étrangères a indiqué qu'il s'agira d'évaluer qui des huit candidats -Afrique du Sud, Angola, Égypte, Gambie, Kenya, Libye, Nigéria, Sénégal- sera en mesure de promouvoir au mieux les intérêts de l'ensemble du continent.

Il a précisé qu'idéalement un accord devrait être obtenu avant le sommet mondial de septembre, répondant ainsi à l'appel du Secrétaire général.

Le ministre des affaires étrangères n'a pas échappé à quelques questions sur la région du Darfour au Soudan où une Mission de l'Union africaine est déployée, et sur la situation au Zimbabwe. La coopération de l'Union africaine avec la Cour pénale internationale (CPI) se poursuit de manière satisfaisante, a-t-il affirmé, en précisant que cette coopération porte aussi sur la recherche de solutions alternatives au mécanisme de la Cour qui est saisie de la situation au Darfour depuis le 31 mars 2005.

S'agissant de la situation au Zimbabwe, le ministre des affaires étrangères a réitéré l'attachement de l'Afrique au principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d'un État. Nous parlons au président Robert Mugabe et nous continuons à lui parler, a-t-il affirmé en s'étonnant que l'on évoque la question de la « moralité dans les relations internationales » que lorsqu'il s'agit du Zimbabwe.