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Tsunami : un rapport du Secrétaire général suggère un mécanisme permanent à l'ONU pour la coordination de la reconstruction

Tsunami : un rapport du Secrétaire général suggère un mécanisme permanent à l'ONU pour la coordination de la reconstruction

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Dans un rapport sur les enseignements tirés des efforts de reconstruction après le tsunami, le Secrétaire général préconise un mécanisme permanent de coordination de la reconstruction à l'ONU, sur le modèle de la coordination humanitaire, des procédures de coordination avec les organisations régionales et un véritable investissement dans la prévention et l'alerte rapide.

« La catastrophe du tsunami dans l'océan Indien a suscité un des défis les plus complexes que le système d'intervention en cas de catastrophe de l'Organisation des Nations Unies ait jamais eu à gérer en matière de coordination et de logistique », indique le dernier rapport du Secrétaire général sur le Renforcement des secours d'urgence, du relèvement, de la reconstruction et de la prévention au lendemain de la catastrophe du raz-de-marée dans l'océan Indien, publié hier.

« Le 26 décembre 2004, un séisme considérable, de magnitude 9 sur l'échelle de Richter, a frappé la côte ouest de Sumatra-Nord et a été suivi de plusieurs répliques violentes. Ce tremblement de terre, le quatrième plus grand du monde depuis 1900 et le plus violent de ces 40 dernières années, a provoqué un déplacement de 10 mètres du fond marin », rappelle le rapport du Secrétaire général.

Il a entraîné un gigantesque tsunami qui s'est propagé dans l'océan Indien avec une violence catastrophique, frappant la côte ouest de Sumatra-Nord en quelques minutes, puis la côte ouest de la Thaïlande, le Myanmar et Sri Lanka, ainsi que la côte est de l'Inde et l'archipel des Maldives, situé à une faible altitude, avant d'atteindre la côte africaine, faisant des victimes et causant des dégâts aux Seychelles et en Somalie. Au total, 12 pays ont été touchés.

La catastrophe a fait 240 000 victimes environ. Cinquante mille personnes sont portées disparues et présumées mortes, et l'on compte plus d'un million de déplacés. Dans un grand nombre des régions touchées, il y a eu trois fois plus de victimes parmi les femmes que parmi les hommes.

Les enfants représentaient plus d'un tiers de l'ensemble des victimes, voire plus de la moitié dans certaines collectivités. L'Indonésie a été le pays le plus touché, car la côte de la province d'Aceh a été endommagée par le choc initial du séisme, puis immédiatement engloutie par le tsunami.

Selon le rapport, le séisme et le tsunami ont principalement touché des populations côtières pauvres, détruisant des infrastructures, des moyens administratifs et des services de base indispensables, mais aussi des sources essentielles de revenus.

« Selon une première évaluation effectuée par le Gouvernement indonésien avec l'aide de la Banque mondiale et l'Organisation des Nations Unies, la province indonésienne d'Aceh a subi des dégâts s'élevant à 4,5 milliards de dollars, soit 97 % de son produit intérieur brut (PIB), lequel provient à 78 % du petit commerce, de l'agriculture de subsistance et de la pêche artisanale ».

D'après les estimations de l'ONU, les pertes directes de Sri Lanka s'élèvent à 1 milliard de dollars (4,5 % du PIB), dont environ 450 millions pour les dégâts causés aux « secteurs sociaux », tels que le logement, et près de 300 millions pour les dégâts causés à l'industrie du tourisme. Aux Maldives, les dégâts ont été évalués à 470 millions de dollars au total, soit 62 % du PIB de ce pays.

Les pertes ont également été importantes pour les économies plus grandes et relativement bien développées de l'Inde, où 500 villages de pêcheurs ont été endommagés sur la côte de la mer d'Andaman, et de la Thaïlande, où quelque 120 000 personnes ont perdu leur emploi dans le secteur du tourisme.

« Six mois après la catastrophe, les besoins immédiats pour la survie des populations directement touchées ont été pris en charge. Ces dernières ont presque toutes accès à de l'eau en quantité suffisante, même si, dans beaucoup de camps, les installations sanitaires ne satisfont pas aux normes minimales internationalement reconnues pour les opérations de secours », indique le rapport de l'ONU.

« Bien que les opérations de relèvement avancent, il ne fait pas de doute que les besoins humanitaires resteront importants durant de nombreux mois encore, en particulier pour les femmes, les enfants, les minorités, les travailleurs migrants et les déplacés », indique le rapport.

S'agissant des enseignements tirés et des mesures à prendre pour l'avenir, le rapport préconise d'améliorer les structures nécessaires aux interventions nationales

et internationales menées sur le terrain.

Le rapport suggère tout d'abord que l'ONU, les gouvernements et les groupes concernés de la société civile s'engagent à « renforcer et à rétablir les capacités régionales, nationales et locales d'intervention en cas de catastrophe, de sorte que le système d'intervention humanitaire ait immédiatement accès aux ressources pouvant être déployées, notamment dans les zones particulièrement exposées aux catastrophes ».

L'ONU devrait aussi « développer ses services humanitaires communs essentiels » et « établir une structure de gestion sur le terrain plus unifiée pour garantir la bonne coordination et par conséquent l'efficacité des interventions ».

S'agissant des capacités d'intervention régionales, qui sont « les mieux équipées pour réagir avec rapidité en cas de catastrophe majeure », le Secrétaire général préconise un renforcement de la coopération avec l'ONU.

Il suggère aussi que la communauté internationale mette au point « des mécanismes améliorés en vue du déploiement de moyens de réserve régionaux sous la direction de l'Organisation des Nations Unies, par exemple dans le cadre d'accords de prévention des catastrophes avec des organisations régionales et l'établissement de directives générales concernant le déploiement et la coordination desdits moyens ».

Rappelant le rôle sans précédent des moyens militaires dans l'assistance aux victimes du tsunami, le rapport préconise la mise en place de procédures entre les militaires d'une part, et entre les partenaires militaires et humanitaires d'autre part.

« Investir » est un autre maître mot des recommandations du rapport, qui rappelle : « il est désormais largement admis que l'adoption d'un système régional d'alerte rapide au tsunami aurait pu sauver des milliers de vies ».

La communauté internationale devrait investir dans la mise en place de systèmes d'alerte rapide systématiques privilégiant la dimension humaine pour protéger contre tous les risques, dans tous les pays, tous ceux qui sont en danger. Ces systèmes devraient comprendre des dispositifs d'évaluation des risques, et des normes de sensibilisation et de préparation de sorte que les communautés soient prêtes et puissent agir à la moindre alerte.

Enfin, le rapport suggère, tout comme il existe une coordination des secours d'urgence, de mettre en place « un mécanisme institutionnel chargé de diriger et de coordonner l'action au Siège et au niveau des gouvernements » pour le relèvement.

Toutes ces activités doivent respecter les principes de transparence financière et de contrôle des obligations.

« La communauté internationale devrait, en toute hypothèse, s'engager et s'employer à mettre en œuvre le Cadre d'action de Hyogo pour 2005-2015 », conclut le rapport.

Adoptant le Cadre d'action de Hyogo, la communauté internationale s'est engagée, le 22 janvier 2005 à Kobe, au Japon, lors de la Conférence mondiale sur la prévention des catastrophes naturelles, « à réduire les risques liés aux catastrophes naturelles qui touchent des millions de personnes dans le monde (voir notre dépêche du 24 janvier 2005).

Dossier spécial 'tsunami' sur le site de l'ONU