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Kyoto : la FAO préconise la participation des pays pauvres dans la lutte contre le réchauffement de la planète

Kyoto : la FAO préconise la participation des pays pauvres dans la lutte contre le réchauffement de la planète

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Alors que le Sommet du G-8 s'est achevé aujourd'hui par l'adoption d'une déclaration qui reconnaît le rôle de l'homme dans les changements climatiques, l'agence des Nations Unies pour l'agriculture a proposé, dans le cadre du Protocole de Kyoto, des moyens pour inciter les pays pauvres à participer à la lutte contre le réchauffement de la planète.

« A la veille du Sommet du G8, des experts en ressources naturelles, réunis à Rome, ont examiné les moyens d'offrir aux pays pauvres, dans le cadre du Protocole de Kyoto, des incitations pour améliorer l'utilisation de combustible ligneux et réduire la déforestation, la perte de couvert végétatif et la dégradation des terres », indique un communiqué publié aujourd'hui à Rome par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

« A l'heure actuelle, les pays les plus démunis, dont certains tirent plus de 90 % de leur énergie du bois et d'autres biocarburants, sont exclus des crédits pour les mesures d'atténuation du changement climatique liées à l'utilisation de biomasse non renouvelable », indique l'agence des Nations Unies.

« Il existe des moyens concrets qui permettraient de rémunérer les pays pauvres pour la réduction des émissions tout en améliorant les conditions de vie de leurs populations. Il s'agit notamment de fourneaux domestiques plus économes en combustible et du remplacement de la biomasse non renouvelable par le biogaz, le bioéthanol, les résidus de récolte et le bois de feu produit et récolté en respectant l'environnement ».

En 1997, rappelle la FAO, le Protocole de Kyoto a mis en place un « Mécanisme de développement propre » qui permet aux pays développés et disposant d'économies en transition signataires de la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique d'atteindre leurs objectifs de réduction de gaz à effet de serre à plus faible coût grâce à des projets dans les pays en développement.

Selon l'agence de l'ONU, le Mécanisme de développement propre du Protocole de Kyoto prévoit la prise en compte des projets de boisement et de reboisement. « Toutefois, il ne fournit pas d'incitations pour une production et une utilisation plus durable du bois de feu et du charbon de bois, qui pourraient se traduire par une réduction de la déforestation, de la perte de couvert végétatif ou de la dégradation des terres ».

« L'accord devrait reconnaître davantage les liens entre utilisation des terres et biomasse, essentiellement bois de feu et charbon de bois, qui sont des sources énergétiques fondamentales pour de nombreux pays en développement », selon Ingmar Juergens, expert de la FAO en énergies renouvelables.

« Les pays les plus pauvres dépendant en grande partie de combustibles ligneux récoltés et utilisés dans une optique non durable sont exclus des crédits du carbone, qui seraient pourtant si utiles pour l'adoption de systèmes d'énergie issus de la biomasse et caractérisés par la restauration des ressources naturelles, un air plus sain dans les foyers et une amélioration des moyens d'existence », a ajouté Ingmar Juergens.

« Pour compliquer encore plus les possibilités prometteuses associant l'utilisation des terres à la dendroénergie, les projets de boisement et de reboisement dans les pays en développement ne font pas partie du Plan d'échange des droits d'émission de l'Union européenne, qui représente un des plus gros acheteurs de crédits de carbone », a souligné, au cours de la réunion de Rome, Bernhard Schlamadinger, un scientifique travaillant pour le Centre d'études Joanneum Research basé à Graz (Autriche).

Le G-8 et l'Union européenne devront statuer avant la prochaine Conférence des Parties sur le changement climatique (Montréal, décembre 2005) et décider si les pays les plus pauvres, qui seront les principales victimes du changement climatique, devraient continuer à être, en grande partie, exclus du Mécanisme de développement propre qui leur fournirait, pour le moins, quelques incitations financières pour rompre le cercle vicieux de la dégradation des ressources et de la pauvreté, selon les participants à la réunion FAO-Joanneum Research qui s'est déroulée à Rome.