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Dans une démocratie, personne ne peut empêcher les migrations vers les villes, prévient l'Envoyée de l'ONU au Zimbabwe

Dans une démocratie, personne ne peut empêcher les migrations vers les villes, prévient l'Envoyée de l'ONU au Zimbabwe

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L'Envoyée spéciale de l'ONU au Zimbabwe, aujourd'hui à Hwange et demain de retour à Harare, la capitale du pays, poursuit sa mission d'enquête sur les destructions massives de bidonvilles entreprises par les autorités, rappelant le caractère fondamental de la liberté de mouvement et l'impossibilité matérielle et juridique d'empêcher les populations de migrer vers les villes.

« Dans une démocratie, les gens ne peuvent pas être forcés de rester à l'écart d'une ville, ils ne peuvent pas non plus être expulsés d'une ville. La liberté de mouvement est fondamentale. Les gens viennent dans les villes pour des raisons économiques. Si on essaie de les renvoyer, cela ne marche pas. Ils reviendront de toute façon », a déclaré Anna Kajumulo Tibaijuka, directrice de l'Agence des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat) et Envoyée spéciale de l'ONU au Zimbabwe.

Anna Kajumulo Tibaijuka rendra un rapport sur sa mission au Secrétaire général, a indiqué son porte-parole, lors de point quotidien avec la presse au siège de l'ONU à New York (voir notre dépêche du 5 juillet 2005).

L'Envoyée spéciale de l'ONU, arrivée dimanche 26 juin au Zimbabwe, a visité la semaine dernière plusieurs zones « nettoyées » par le gouvernement. Elle s'est notamment rendue dans la ville de Mutare, à l'est du pays, dans le camp « Caledonian Farm » où vivent dans des conditions très difficiles plus de 4 000 personnes, victimes des expulsions, ainsi qu'à « Porta Farm », site de la plus vaste opération d'expulsion menée par le gouvernement.

Elle a aussi a rencontré, le 29 juin dernier, le président Robert Mugabe, qui lui avait assuré qu'elle pourrait se rendre partout où elle le souhaitait.

Au cours de sa visite, elle a par ailleurs entendu les arguments présentés par les ministres membres du comité chargé de la coordination des opérations d'expulsion et rencontré des représentants d'organisations non gouvernementales (ONG) et de la société civile.

A l'issue de ces entretiens, elle a exprimé son souhait d'enquêter sur les morts causées par ces opérations (voir notre dépêche du 1er juillet 2005).

Anna Kajumulo Tibaijuka a été chargée de sa mission, le 20 juin dernier, par le Secrétaire général (voir notre dépêche du 20 juin 2005).

Le 3 juin dernier, le Rapporteur spécial de la Commission des droits de l'homme des Nations Unies sur le droit à un logement convenable en tant qu'élément du droit à un niveau de vie suffisant, Miloon Kothari, avait adressé un appel urgent au gouvernement du Zimbabwe pour qu'il cesse immédiatement les « expulsions forcées massives » menées dans le pays.

Miloon Kothari avait rappelé au gouvernement que « les expulsions forcées étaient de prime abord incompatibles avec les dispositions du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, ratifié par le pays en 1991 » et qu'« elles ne pouvaient être exécutées que dans certaines circonstances particulières, en respectant un certain nombre d'exigences ».