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FAO : une arme respectueuse de l'environnement permet de lutter contre les acridiens

FAO : une arme respectueuse de l'environnement permet de lutter contre les acridiens

Criquet pèlerin
Pour la première fois, un biopesticide respectueux de l'environnement a été testé avec succès contre le criquet pèlerin en conditions réelles de terrain, a annoncé aujourd'hui l'agence des Nations Unies pour l'agriculture et l'alimentation.

Pour la première fois, un biopesticide respectueux de l'environnement a été testé avec succès contre le criquet pèlerin en conditions réelles, a annoncé aujourd'hui l'agence des Nations Unies pour l'agriculture et l'alimentation.

« Durant un essai de terrain organisé conjointement par l'Institut national de la protection des végétaux de l'Algérie et la FAO près d'El Oued, dans l'est du pays, un biopesticide, formulé à partir de Metarhizium anisopliae, a été épandu sur plus de 1 400 hectares de terres infestées de larves de criquet pèlerin. Les acridiens ont été nettement affaiblis et ont commencé à se déplacer lentement après quatre jours, avant d'être mangés par les oiseaux, les lézards et les fourmis », explique un communiqué de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) publié aujourd'hui à Rome.

Le Metarhizium anisopliae est un champignon naturel qui infecte les larves de telle sorte qu'elles arrêtent de se nourrir puis meurent au bout d'une à trois semaines.

"Le succès de ce test de grande envergure est une percée significative dans la lutte antiacridienne", a déclaré Niek van der Graaff, Chef du Service de protection des végétaux de la FAO.

"C'est la première fois que ce biopesticide a démontré son efficacité contre le criquet pèlerin en conditions réelles de terrain sur une vaste zone. Si des tests précédents sur l'efficacité du pesticide pour la lutte contre le criquet pèlerin n'avaient été conduits qu'en laboratoire et sur de petites parcelles de terrain, cet essai prouve désormais que le champignon peut être utilisé par des équipes de professionnels en protection des végétaux sur de grandes superficies. Cela montre que le champignon constitue une alternative réaliste aux pesticides conventionnels", selon Van der Graaff.

L'essai a été réalisé dans des conditions de température optimales qui ont favorisé le développement du champignon. D'autres essais dans des conditions moins propices sont nécessaires pour définir le potentiel et les limites du produit.

Le biopesticide mis au point par une firme commerciale est une substance constituée de spores du champignon sus-mentionné et d'un mélange d'huiles minérales et végétales. Il ne présente aucune toxicité pour l'homme et ne provoque la mort que des locustes et sauteriaux et d'un nombre très restreint d'autres insectes; il n'a aucun autre effet secondaire sur l'environnement.

Si la plupart des pesticides conventionnels causent la mort instantanée des acridiens, le produit en question peut mettre une à trois semaines pour croître dans l'organisme de l'insecte et finir par le terrasser.

La durée de la période d'incubation dépend de la température extérieure; les températures optimales pour la croissance du champignon oscillent entre 15 et 35 degrés Celsius, c'est-à-dire les températures que l'on trouve une partie de l'hiver et durant la saison des pluies, période de reproduction des criquets dans les pays d'Afrique du Nord et du Sahel les plus touchés par les infestations acridiennes.

Plusieurs enjeux subsistent néanmoins quant à une plus large utilisation de ce biopesticide. Pour protéger les cultures vivrières d'attaques imminentes de larves et d'essaims, les pesticides conventionnels sont encore nécessaires car ils agissent très vite. Le pesticide biologique ne peut pas, quant à lui, être appliqué sur les essaims.

Selon l'agence de l'ONU, ce biopesticide, commercialisé sous la marque déposée «Green Muscle®», est produit en Afrique du Sud par une seule société ayant une capacité limitée. Des efforts sont en cours pour développer la production en Afrique de l'Ouest (Sénégal). Un biopesticide analogue est en cours de production pour combattre le criquet australien.

La production du pesticide à base de Metarhizium anisopliae est encore très coûteuse par rapport aux pesticides chimiques. Toutefois, un élargissement du marché pourrait abaisser considérablement les coûts de production. Contrairement aux pesticides conventionnels, l'application de ce biopesticide requiert des mesures de sécurité minimes et moins de matériel de protection pour le personnel.

Durant la recrudescence acridienne de 2004-2005, qui a touché 16 pays - la plupart en Afrique du nord-ouest et au Sahel - quelque 12,8 millions d'hectares infestés ont été traités à l'aide de pesticides chimiques, indique la FAO.