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Financement du développement : les ministres français et britanniques estiment qu'il faut passer à la vitesse supérieure

Financement du développement : les ministres français et britanniques estiment qu'il faut passer à la vitesse supérieure

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Le ministre français de l'Economie et le Secrétaire d'Etat britannique pour le développement ont estimé aujourd'hui, à l'occasion du Dialogue de haut niveau sur le financement du développement, que les Objectifs du Millénaire ne seront pas atteints si l'on ne passe pas à la vitesse supérieure et ont plaidé pour des sources innovantes de financement, notamment la mise en place d'un projet pilote de taxe de solidarité sur les billets d'avion.

« A la veille du Sommet mondial de septembre prochain, nous savons que l'éducation primaire pour tous ne sera pas assurée avant 2130, soit 115 ans plus tard que l'objectif que nous nous sommes fixés. La pauvreté ne sera pas réduite de moitié d'ici à 2150, soit 135 plus tard, et nous ne pourrons pas non plus éradiquer les maladies infantiles évitables d'ici à 2165, soit 150 ans après la date butoir », a déclaré Hilary Benn, Secrétaire d'Etat pour le développement international du Royaume Uni, à l'occasion du Dialogue de haut niveau de l'Assemblée générale sur le financement du développement, les 27 et 28 juin à New York.

Hilary Benn et Thierry Breton, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie de la France, ont salué les cinq pays qui avaient déjà atteint l'objectif de consacrer 0,7% de leur PNB à l'aide publique au développement et l'Union européenne qui a convenu de manière collective à la fin du mois de mai de consacrer 0,56% du PNB d'ici à 2010 et 0,7% d'ici à 2015.

« Cet engagement permettra de doubler l'aide de l'Union européenne en la faisant passer de 40 à 80 milliards en 2010. La moitié de cette aide publique au développement sera versée à l'Afrique », a rappelé Hilary Benn.

Mais ces efforts ne sont pas suffisants, a estimé le Secrétaire d'État britannique, appelant tous les pays développés à augmenter leur aide. «Cette aide doit être prévisible et à long terme pour que les pays en développement puissent y compter et pour qu'elle soit utilisée de manière effective pour soutenir les priorités établies par les pays en développement eux-mêmes. Nous devons également reconnaître que ces engagements futurs en faveur de l'APD ne permettent pas de verser les fonds qui sont indispensables maintenant».

« C'est pourquoi, le Royaume-Uni avait proposé la création d'une Facilité internationale de financement pour anticiper nos versements », a rappelé Hilary Benn.

Les ministres des finances du G-8 se sont déjà entendus pour éliminer 100% de la dette contractée par les pays pauvres les plus endettés auprès de la Banque mondiale, du FMI et de la Banque africaine de développement. La semaine prochaine, les dirigeants du G-8 prendront des décisions pour s'attaquer aux questions concernant l'Afrique et les changements climatiques. En outre, le "Sommet du Millénaire + 5" de septembre prochain nous offrira une occasion unique de nous prononcer sur les mesures nécessaires à la réalisation des objectifs pour 2015, a-t-il conclu.

De la même manière, Thierry Breton, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie de la France, a jugé que sans une mobilisation forte, les Objectifs du Millénaire ne seraient pas atteints en 2015.

Il est urgent, selon le ministre français, de passer à la vitesse supérieure et d'examiner toutes les options possibles pour que la croissance et la mondialisation profitent réellement à tous.

« L'accord auquel est parvenu la semaine dernière le G8 sur l'annulation de la dette multilatérale des pays pauvres endettés à l'égard des institutions financières internationales ne constitue qu'un levier du financement du développement », a-t-il souligné. « C'est pourquoi, la France souhaite que le Sommet de septembre soit l'occasion d'avancer à la fois pour accroître le niveau de l'aide publique au développement et améliorer sa qualité ».

Le ministre français a en outre émis le souhait que soient trouvées de nouvelles sources de financement qui apportent des ressources supplémentaires mais également plus stables et prévisibles. Elles sont, a-t-il dit, indispensables pour financer des stratégies de long terme qui sont les fondements d'un véritable développement.

Il a déclaré que la France était convaincue que les prélèvements de solidarité internationale seraient l'une des voies les plus prometteuses pour les pays en développement et l'architecture de l'aide internationale. « Dans ce contexte, pour agir rapidement, nous plaidons avec l'Allemagne, le Brésil et le Chili, pour la mise en place d'un projet pilote de contribution de solidarité sur les billets d'avion ».

« Les recettes ainsi collectées seraient dépensées via des institutions existantes, de manière à éviter toute bureaucratie inutile. Elles pourraient financer les programmes de développement humains les plus urgents, comme par exemple des campagnes de vaccination ou encore l'achat groupé de traitements contre le sida ».