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La CPI, future garante de la protection des civils dans les conflits armés, selon Jan Egeland

La CPI, future garante de la protection des civils dans les conflits armés, selon Jan Egeland

Jan Egeland
Lutter contre l'impunité, en faisant appel à la Cour pénale internationale et en soutenant les mécanismes judiciaires locaux, est la meilleure façon d'assurer la protection des civils dans les conflits armés, selon le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires qui dressait aujourd'hui, devant le Conseil de sécurité, un tableau de la situation des femmes et des enfants dans les zones de conflits. Il s'est particulièrement alarmé de l'utilisation de la violence sexuelle comme arme de guerre en République démocratique du Congo et au Darfour.

Lutter contre l'impunité, en faisant appel à la Cour pénale internationale (CPI) et en soutenant les mécanismes judiciaires locaux, est la meilleure façon d'assurer la protection des civils dans les conflits armés, selon le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires qui dressait aujourd'hui, devant le Conseil de sécurité, un tableau de la situation des femmes et des enfants dans les zones de conflits. Il s'est particulièrement alarmé de l'utilisation de la violence sexuelle comme arme de guerre en République démocratique du Congo et au Darfour.

« L'augmentation de la violence en Iraq, avec presque tous les jours, au mois de mai et juin, des attaques suicide à la bombe, montre l'extrême vulnérabilité des civils pris entre deux feux ou des civils qui deviennent les cibles directes des attaques terroristes. Selon les médias, au premier trimestre, le nombre de victimes civiles a doublé cette année par rapport à l'année précédente et plus de 1 000 civils auraient été tués depuis le mois d'avril », a déclaré aujourd'hui Jan Egeland, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence de l'ONU, dans un exposé au Conseil de sécurité, au cours d'une séance consacrée à la protection des civils dans les confits armés.

image• Retransmission de la séance du Conseil de sécurité [3h24mins]

« Dans les zones de conflit, il est aujourd'hui plus dangereux d'être un civil qu'un militaire », a ajouté le Secrétaire général adjoint, à l'issue de la séance du Conseil, lors d'une recontre avec la presse.

image• Retransmission du point-presse [13mins]

Dans la première partie de son exposé au Conseil, Jan Egeland s'est inquiété des hostilités qui continuent dans la région de l'Ituri, à l'Est de la République démocratique du Congo (RDC), du recrutement des enfants par les milices Maï-Maï, de l'utilisation de la violence sexuelle comme arme de guerre et des attaques contre l'ONU et les agences humanitaires.

Il s'est alarmé de la profonde xénophobie en Côte d'Ivoire, entretenue par une propagande haineuse qui incite à la violence.

Il a dénoncé les attaques contre les civils qui persistent dans la région du Darfour, au Soudan, en l'absence d'un engagement pris par le gouvernement soudanais pour les protéger.

Dans une autre région du monde, les insurgés maoïstes au Népal et la réponse draconienne du gouvernement a mené, selon le Secrétaire général adjoint, à une détérioration rapide de la situation, plongeant le pays dans une crise profonde. Selon le gouvernement népalais, 659 civils ont été tués au cours des dix derniers mois et les exécutions sommaires, les détentions illégales et les disparitions ont augmenté de manière significative, a-t-il rappelé.

Dans la deuxième partie de son exposé, Jan Egeland a souligné les situations dans lesquelles il faudrait assurer de manière urgente la protection des civils. Il s'est particulièrement inquiété des populations victimes de déplacements forcés et de violence sexuelle ainsi que des enfants enlevés et recrutés par des groupes armés.

Près de 90% de la population de la population du Nord de l'Ouganda qui a été déplacée vit dans des camps. En Colombie, les attaques contre les civils entraînent le déplacement de 700 personnes par jour en moyenne depuis quelques mois, a-t-il précisé.

Pour mettre un terme aux déplacements de population à l'intérieur ou à l'extérieur d'un pays, le Secrétaire général adjoint prône la mise en place d'une présence de sécurité renforcée, la présence humanitaire n'étant pas suffisante.

« La création d'une environnement sécuritaire pour les personnes déplacées devraient être la première priorité des opérations de maintien de la paix. Il faut des déploiements stratégiques autour des camps pour fournir une sécurité aux déplacés, dans les zones de troubles pour prévenir de nouveaux déplacements et dans les pays ou régions d'origine des populations déplacées pour faciliter des retours volontaires et sécurisés », a-t-il expliqué.

Une organisation non gouvernementale locale a fait état de plus de 2 000 cas de violence sexuelle dans le Nord Kivu, en RDC, rien que pour le mois d'avril, a indiqué Jan Egeland. La MONUC a estimé que les cas de violences sexuelles dans cette région à s'élèvent à plus de 25 000 par an. Au Darfour, le viol est utilisé comme arme de guerre pour terroriser les populations des villages.

« La Cour pénale internationale (CPI)aura un impact significatif quand elle aura démontré que de tels crimes ne resteront pas impunis. Cependant, la nature endémique de ce problème ne sera résolue de manière efficace qu'à travers la restauration d'un système judiciaire national efficace et d'un engagement politique au niveau local pour juger les auteurs ces crimes. Les opérations de maintien de la paix pourront aussi faire la différence », a-t-il affirmé.

S'agissant de l'enlèvement, du recrutement et de l'exploitation sexuelle des enfants par des groupes armés, le Secrétaire général adjoint a fait savoir que dans le Nord de l'Ouganda, les raids avaient augmenté dans les camps et les villages. Là, il prône une meilleure réintégration de ces enfants dans leurs communautés.

« La lutte contre l'impunité reste au cœur de toutes ces préoccupations pour la protection des civils. Jusqu'à maintenant nos efforts collectifs pour que les auteurs de ces crimes rendent compte de leurs actes ont été, cela crève les yeux, inadéquate. Cependant, la Cour pénale internationale marque le début d'une nouvelle ère où les auteurs de ces crimes seront punis », a conclu le Secrétaire général adjoint.

« Les enquêtes et les inculpations en cours en Ouganda, en RDC et au Darfour devrait donner le signal que l'impunité ne sera plus tolérée », a-t-il ajouté.

L'impunité doit être, selon lui, combattue aussi au niveau local. La CPI ne remplacera pas le besoin de justice au niveau local. C'est pourquoi, il faut soutenir les efforts entrepris au niveau local pour faire appliquer la loi et mettre en place des systèmes judiciaires opérationnels.