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Iraq : l'assistance de l'ONU se poursuit loin des projecteurs, affirme Kofi Annan

Iraq : l'assistance de l'ONU se poursuit loin des projecteurs, affirme Kofi Annan

Kofi Annan
L'aide apportée par la communauté internationale à l'Iraq sert « non seulement le peuple iraquien mais aussi tous les autres peuples qui ont le plus grand intérêt à ce qu'un Iraq stable, pacifique et démocratique s'édifie au cœur du Moyen-Orient », a rappelé aujourd'hui le Secrétaire général dans le « Washington Post », à la veille de la conférence internationale de Bruxelles sur l'Iraq.

Le Secrétaire général devrait prononcer demain les allocutions d'ouverture et de clôture de la conférence internationale sur l'Iraq, organisée par l'Union européenne et les Etats-Unis à Bruxelles, qui doit regrouper des dirigeants de plus de 80 pays dans le monde, a informé aujourd'hui à New York la nouvelle porte-parole adjointe du Secrétaire général, Marie Okabe.

« À l'ère des médias omniprésents, la notoriété est souvent brandie comme une preuve de succès. Mais ce n'est pas nécessairement vrai dans le cas de l'Iraq », a déclaré Kofi Annan dans une tribune publiée aujourd'hui dans le quotidien américain « Washington Post ».

« Même quand les résultats de nos efforts sont bien visibles, comme dans le cas de l'accord [pour élargir la composition du comité chargé de la rédaction de la constitution] de la semaine dernière, les efforts eux-mêmes doivent être déployés sans fanfare, à l'abri des caméras » (voir notre dépêche du 16 juin 2005).

« C'est surtout des Iraquiens eux-mêmes que dépendra le succès ou l'insuccès de l'action menée par l'ONU pour les aider. Ils sont les seuls à pouvoir rédiger une constitution juste qui ne fasse pas de laissés pour compte. L'ONU ne peut pas la rédiger pour eux et ne le fera pas. Il n'y a d'ailleurs pas de raison qu'elle le fasse car ils sont parfaitement capables de le faire eux-mêmes. Ils souhaitent être conseillés mais ils décideront eux-mêmes quels conseils valent la peine d'être suivis », a indiqué le Secrétaire général.

« Le compromis entre les différents groupes constitutifs de la population iraquienne qui sous-tendra la constitution sera tout aussi important que les dispositions du texte », a-t-il ajouté, rappelant les efforts de facilitations menés par son Représentant spécial pour l'Iraq et chef de la Mission d'assistance des Nations Unies pour l'Iraq (MANUI), Ashraf Qazi.

« Lui aussi, qui œuvre à restaurer entre les différents groupes la confiance indispensable au succès de la transition prévue par la résolution 1546, travaille nécessairement loin des projecteurs », a-t-il indiqué.

« Certes, il en est qui voudraient exacerber les tensions interethniques et empêcher la création d'un Iraq démocratique, pluraliste et stable. Ceux-là cherchent à profiter des graves difficultés que rencontre le commun des Iraquiens et à exploiter la colère et le ressentiment de la population pour entretenir la haine et la violence. On voit chaque jour leur ouvrage dans les rues de l'Iraq ».

« Je ne crois pas que le renforcement des mesures de sécurité soit une réaction suffisante. Pour donner les résultats recherchés, ces mesures doivent s'inscrire dans une stratégie d'ensemble qui englobe la transition politique, le développement, les droits de l'homme et la mise en place du cadre institutionnel nécessaire, pour que tous les Iraquiens, quel que soit le groupe auquel ils appartiennent, se rendent compte qu'ils seront gagnants dans le nouvel Iraq ».

« Dans le même temps, il faut aider l'Iraq à assumer son passé torturé, un passé qui n'en finit pas de prendre sa revanche et qui, faute d'être géré, pourrait continuer à hanter les générations futures. Ce projet serait difficile pour toute société en transition, mais il l'est plus encore pour l'Iraq étant donné les conditions extrêmement dangereuses qui règnent dans certains régions ».

Le Secrétaire général a rappelé que l'ONU travaille, dans le pays et à l'extérieur, à la coordination de l'aide, au renforcement des capacités des ministères iraquiens et des organisations de la société civile, et à la fourniture de services de base.

L'assistance de l'ONU touche à des domaines aussi variés que la reconstruction des écoles, des stations d'épuration des eaux usées et de traitement des déchets, des centrales électriques et des lignes de transport, assistance alimentaire aux enfants, déminage et aide aux centaines de milliers de réfugiés et de déplacés qui rentrent chez eux.