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Darfour : intensification des violences contre les civils au mois de mai, selon un rapport de l'ONU

Darfour : intensification des violences contre les civils au mois de mai, selon un rapport de l'ONU

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Les nouvelles encourageantes sur le front politique, avec la reprise des pourparlers de paix à Abuja, sont atténuées par l'intensification de la violence, au mois de mai, dans les trois états du Darfour où les milices pro-gouvernementales et les mouvements rebelles ont continué d'attaquer des villages et de harceler les populations civiles, indique le Secrétaire général dans son dernier rapport sur la situation dans cette région du Soudan.

« Les milices progouvernementales ont continué d'agir dans les trois États du Darfour au cours du mois de mai. Même s'ils n'ont pas lancé d'attaque de grande ampleur contre un village, telle que le pillage de Khor Abeche au Darfour-Sud le mois dernier, les miliciens ont continué d'attaquer et de harceler les populations civiles. Le plus souvent, des attaques de faible intensité ont été lancées contre des villages et des fermes et l'on continue de signaler des viols de femmes par des miliciens », affirme le Secrétaire général dans son dernier rapport mensuel au Conseil de sécurité sur le Darfour, le premier depuis son retour d'une visite au Soudan (voir notre dépêche du 31 mai et notre dépêche du 30 mai 2005).

« Non seulement les mouvements rebelles ont été plus actifs militairement contre les forces gouvernementales, mais le M/ALS et le Mouvement pour la justice et l'égalité ont tous deux attaqué des villages et des cibles civiles », fait remarquer le Secrétaire général qui précise que « ces deux mouvements repositionnent leurs forces dans de nouvelles zones qui sont interdites en vertu du cessez-le-feu ou d'autres accords spécifiques ».

« On peut établir une corrélation entre la reprise imminente des pourparlers et le retour de la violence. Nous avons assisté à des phénomènes similaires par le passé, lorsque les parties ont accéléré le rythme de leurs opérations offensives à la veille d'une nouvelle série de négociations politiques dans l'espoir d'en tirer un avantage tactique qu'elles pourraient exploiter à la table des négociations », indique le Secrétaire général.

« Indépendamment de la logique qui sous-tend ces opérations, on ne peut que déplorer les effets qu'elles ont sur la vie des civils ».

« De plus, la violence contribue à créer un climat de suspicion et de méfiance mutuelle qui a rendu les négociations plus difficiles par le passé. J'exhorte toutes les parties à s'abstenir de lancer des opérations militaires offensives à la veille des pourparlers d'Abuja. Elles ne sauraient permettre que leurs actions sur le terrain ruinent les chances d'un règlement politique tant attendu », ajoute-t-il.

Hier, le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan, Jan Pronk, qui se trouve à Khartoum, a déclaré à la presse que le gouvernement soudanais avait fait une déclaration encourageante et que celles du Mouvement/Armée populaire de libération du Soudan (MPLS/APLS) et du Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM) étaient moins agressives que par le passé.

De son côté, souligne le rapport, « le gouvernement doit lancer un programme efficace de désarmement et de démobilisation des milices tribales qui continuent de terroriser la population civile au Darfour ».

« Si l'on constate des améliorations dans certains domaines, les milices continuent néanmoins de faire peser une grave menace sur les civils, que ce soit en les chassant de chez eux et en empêchant ceux qui ont déjà été chassés de rentrer ou en harcelant ceux qui sont enfermés dans les camps établis à l'intention des personnes déplacées ».

Les actes de banditisme ont continué de ravager le Darfour au mois de mai et l'on signale que ces actes criminels sont de plus en plus le fait de rebelles et de miliciens, outre les criminels de droit commun agissant sans motivation politique

Il faut mettre fin à ces activités. Faute de quoi, les milices continueront d'agir en toute liberté et leurs crimes resteront impunis, la culture d'impunité qui s'est installée au Darfour constituera un obstacle de taille pour tout processus de réconciliation et risque de compromettre tout accord auquel les parties pourraient parvenir.

La Mission des Nations Unies au Soudan (UNMIS, selon son acronyme anglais) informe par ailleurs aujourd'hui que Jan Pronk a commencé une visite de deux jours au Ouest-Darfour (carte), dans le cadre du Mécanisme d'application conjoint, qui regroupe des représentants de l'ONU et du gouvernement soudanais.