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Le Secrétaire général condamne le retour forcé du Burundi des demandeurs d'asile rwandais

Le Secrétaire général condamne le retour forcé du Burundi des demandeurs d'asile rwandais

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Le Secrétaire général s'est déclaré aujourd'hui gravement préoccupé par le renvoi du Burundi vers le Rwanda de près de 6000 demandeurs d'asile rwandais. L'agence de l'ONU pour les réfugiés avait condamné hier l'accord convenu entre les autorités du Burundi et du Rwanda pour procéder à leur retour forcé en les qualifiant « d'immigrants illégaux ».

« Un centre de transit au Burundi est à présent vide : des milliers de demandeurs d'asile rwandais ont été renvoyés chez eux, en l'espace de quelques heures, lors d'une opération controversée menée conjointement par les autorités des deux pays concernés. L'UNHCR, qui s'est vu refusé l'accès au camp, n'a pas pu vérifier si les demandeurs d'asile sont retournés chez de leur plein gré », indique un communiqué du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) publié hier à Genève.

Le camp de transit de Songore, situé dans le nord du Burundi (carte), hébergeait jusqu'à la semaine dernière environ 6000 demandeurs d'asile rwandais. Ce week-end, les autorités burundaises et rwandaises ont annoncé qu'elles considéraient désormais comme étant des « immigrants clandestins » leurs réfugiés et demandeurs d'asile respectifs, qui avaient quitté leur pays d'origine « sans raison valable. »

Tant au Burundi qu'au Rwanda, pouvait-on lire dans un communiqué de presse conjoint, « toutes les mesures seront prises pour s'assurer que ces personnes soient rapatriées sans délai » vers leurs pays respectifs, indique le HCR.

Ces mesures ont été condamnées par le Secrétaire général dans un message transmis aujourd'hui par son porte-parole, dans lequel il souligne qu'elles constituent un violation du droit international, en particulier de la Convention des Nations Unies de 1951 relative au statut des réfugiés et à la Convention de l'Organisation de l'unité africaine de 1969.

« Lundi après-midi, le centre de Songore était vide. L'équipe de l'UNHCR, qui, tout comme d'autres organisations non-gouvernementales, n'avait pas reçu l'autorisation d'accéder au camp, a surveillé le déroulement des opérations de l'extérieur et a assisté au départ des demandeurs d'asile à bord de camions. Selon certains témoins oculaires, quelques passagers auraient sauté en marche des camions roulant vers la frontière », précise le communiqué de l'agence de l'ONU.

Les autorités burundaises déclarent que tous les retours au départ de Songore sont volontaires, mais l'UNHCR n'a pu confirmer ces dires, n'ayant pu pénétrer dans le camp depuis lundi matin.

« A maintes reprises, nous avons appelé le Burundi à respecter le principe de non-refoulement et à autoriser l'UNHCR à accéder à Songore » a déclaré le David Lambo, Directeur du Bureau de l'UNHCR pour l'Afrique. « La décision récente des autorités burundaises de renvoyer au pays des milliers de demandeurs d'asile rwandais, en empêchant l'UNHCR de les rencontrer, laisse planer un doute sur le caractère librement consenti des retours. »

L'UNHCR, qui a réagi aux déclarations des deux gouvernements ce week-end, a exprimé sa vive inquiétude. Il a également rappelé que leur décision de reconsidérer le « statut » de leurs réfugiés et demandeurs d'asile respectifs pourrait contrevenir au droit d'asile international, en particulier à la Convention des Nations Unies de 1951 relative au statut des réfugiés et à la Convention de l'OUA de 1969.

Les demandeurs d'asile rwandais ont commencé à arriver au Burundi en mars de cette année. Ils disaient craindre les tribunaux gacaca, qui enquêtent sur le génocide de 1994 dans leur pays. L'UNHCR a réitéré ses appels aux autorités burundaises pour que les habitants du camp soient transférés vers un lieu plus sûr, loin de la frontière. Il a également proposé son aide au Rwanda et au Burundi afin de trouver une solution solution satisfaisante pour tous.

Avant ces retours, le Burundi accueillait environ 8000 réfugiés et demandeurs d'asile rwandais. Le Rwanda, pour sa part, abrite près de 7000 Burundais.