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L'aide au développement des Etats-Unis insuffisante, dénonce Jeffrey Sachs

L'aide au développement des Etats-Unis insuffisante, dénonce Jeffrey Sachs

Jeffrey Sachs
Jeffrey Sachs, Conseiller spécial du Secrétaire général et Directeur du Projet du Millénaire, a estimé aujourd'hui que les Etats-Unis ne donnaient pas assez pour aider l'Afrique et du coup d'être «complices» de la mort de millions de personnes sur le continent africain. Il rappelle que les Etats-Unis consacrent seulement 0,16% de leur PIB à l'aide publique au développement, soit à peine plus que l'Italie qui contribue à hauteur de 0,15%.

« Notre génération peut éliminer l'extrême pauvreté. C'est dans nos moyens. Notre connaissance et nos technologies nous le permettent. Et c'est dans notre intérêt », a déclaré aujourd'hui Jeffrey Sachs, Conseiller spécial du Secrétaire général et Directeur du Projet du Millénaire, au siège de l'ONU à New York, à l'occasion d'une manifestation organisée pour la sortie de son livre intitulé « La fin de la pauvreté ».

image• Retransmission de la conférence [79mins]

Le Projet du Millénaire propose, a rappelé le Conseiller spécial du Secrétaire général, un plan pratique pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (ODM) dans un rapport publié le 14 janvier dernier et intitulé « Investir dans le développement ».

Dans « La fin de la pauvreté », Jeffrey Sachs défend l'idée selon laquelle « on pourrait aller plus loin que les OMD » et estime que « l'on pourrait mettre fin à l'extrême pauvreté d'ici à 2025 » - le premier des huit OMD étant de réduire de moitié l'extrême pauvreté et la faim dans le monde d'ici à 2015.

« Le Projet du Millénaire, pose selon lui, la question de savoir combien cela coûterait de réaliser les OMD. La réponse est : incroyablement peu. Ce que nous ne faisons pas – et du coup nous rendons complices de milliers de morts chaque année – nous coûterait moins de 1% de notre PIB ».

« Je ne pense pas que nos dirigeants politiques comprennent cette question. Je ne pense pas que le public comprenne cette question. Je ne pense pas que l'Administration Bush comprenne cette question », a-t-il martelé.

« C'est la tragédie actuelle. Nous sommes riches et nous faisons si peu pour aider », a-t-il insisté.

« Le chiffre de 0 ,7% du PIB que les pays riches se sont engagés à verser pour l'aide publique au développement il y a 30 ans et tellement d'autre fois depuis lors, y compris George Bush lui-même en 2002 à la Conférence de Monterrey au Mexique, n'est toujours pas atteint par les Etats-Unis », a déploré Jeffrey Sachs.

« Le plus riche et le plus puissant pays du monde - les Etats-Unis – est en bas de la liste. Les Etats-Unis consacrent 0,16% de leur PIB à l'aide publique au développement contre 0,15% pour l'Italie », a-t-il rappelé

Cinq pays – Suède, Norvège, Danemark, Luxembourg, Pays-Bas – ont déjà atteint le chiffre de 0,7% depuis des années. Quinze pays de l'Union Européenne viennent de s'engager à atteindre le chiffre de 0,5% d'ici à 2010 et de 0,7% d'ici à 2015.

« Si le chiffre de 0,7% était atteint, cela permettrait de dégager 140 milliards de dollars supplémentaires chaque année pour l'aide au développement et ce serait plus que suffisant », a-t-il affirmé.

Jeffrey Sachs a par ailleurs regretté que la visite la semaine dernière à Washington de Tony Blair, venu plaider une augmentation de l'aide à l'Afrique, se soit soldée par un échec. « Non merci ont dit les Etats-Unis, nous donnons déjà assez ».

Le rapport des Nations Unies sur la mise en oeuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement, publié le 9 juin dernier, avait noté des progrès sans précédent dans la lutte contre la pauvreté au niveau mondial, notamment en Asie, mais avait attiré l'attention sur des retards inacceptables qui persistent, notamment en Afrique sub-saharienne.

Chaque jour, près de 30 000 enfants dans le monde meurent de maladies que l'on pourrait soigner facilement - soit 11 millions par an – avait rappelé le rapport (voir notre dépêche du 9 juin 2005).

Dans son rapport intitulé « Dans une liberté plus grande : développement, la sécurité et les droits de l'homme pour tous » et publié le 21 mars dernier, le Secrétaire général avait proposé une série de recommandations aux Etats Membres pour atteindre les ODM d'ici à 2015.

Le Secrétaire général recommandait notamment à tous les pays développés qui ne l'ont pas encore faits de se fixer « un calendrier pour parvenir au plus tard en 2015 à l'objectif de 0,7% du revenu national brut arrêté l'aide publique au développement ».