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HCR : les jeunes Colombiens déplacés particulièrement exposés à la violence

HCR : les jeunes Colombiens déplacés particulièrement exposés à la violence

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Meurtres, exploitations et abus sexuels, enrôlements forcés par des groupes armés, de plus en plus de jeunes colombiens, déplacés par le conflit, sont particulièrement vulnérables à la violence qui règne dans les villes de la banlieue de Bogota et dans d'autres régions du pays, indique l'agence de l'ONU pour les réfugiés qui rappelle que plus de 1,5 millions de personnes ont été déplacées au cours des deux dernières décennies.

« Devant faire face aux meurtres, aux abus sexuels ou aux enrôlements forcés dans des groupes armés, de plus en plus de jeunes de Colombie, déplacés par le conflit, sont en situation de danger », alerte, dans un communiqué publié aujourd'hui à Genève, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) qui appelle à des actions urgentes pour protéger et assister ces jeunes dans une situation particulièrement vulnérable.

Plus de deux décennies de conflit en Colombie ont déraciné près de 1,5 millions de personnes dans le pays, rappelle le HCR dans son communiqué. Le nombre de personnes déplacées dans le pays pourrait s'élever à 3,5 millions selon certaines estimations non officielles. Les chiffres du gouvernement indiquent qu'il y a plus de 1 million de personnes déplacées qui vivent dans les grandes villes et que quelque 400 000 d'entre eux sont des jeunes de moins de 29 ans.

« Des incidents récents ont montré que les jeunes déplacés sont plus vulnérables à la violence que les autres. Mercredi dernier, deux garçons de 14 et 16 ans ont été tués par des hommes inconnus à Altos de Cazuca, une ville de la banlieue de Bogota où vivent 20 000 déplacés. Sept autres jeunes hommes sont portés disparus dans la même banlieue. Des témoins attribuent ces meurtres et ces disparitions au non respect du couvre-feu imposé par les groupes armés irréguliers », indique le HCR.

« Dans d'autres villes de banlieue, des groupes armés imposent même leurs propres règles sur les comportements que doivent adopter la population, chassant les femmes portant des jupes courtes et les hommes portant les cheveux longs », affirme l'agence de l'ONU.

« A Buenaventura, 12 gamins âgés de 15 à 22 ans ont été retrouvés morts, le 21 avril dernier, tués par des hommes non identifiés. D'autres villes colombiennes comme Barranquilla, Barrancabermeja et Bucaramanga ont connu des attaques similaires contre de jeunes personnes déplacées », ajoute-t-il.

« Nous avons également reçu des informations, selon lesquelles, pour exercer un contrôle sur les populations déplacées, des membres de groupes armés irréguliers encouragent les personnes déplacées à contracter des prêts avec des intérêts journaliers exorbitants. Si les personnes ne peuvent pas rembourser leurs prêts ou leurs intérêts, elles sont soumises à toutes sortes d'abus, notamment sexuels », a déclaré mardi à Genève Jennifer Pagonis, porte-parole du HCR.

La porte-parole a ajouté que dans certaines régions, de jeunes personnes déplacées avaient été recrutés de force par des groupes armés.

Une étude récente souligne qu'un jeune sur huit seulement retourne à l'école après avoir été déplacé. Les filles sont plus vulnérables à l'exploitation sexuelle et aux grossesses précoces que les autres adolescents. En Colombie, 30% des femmes déplacées ont au moins un enfant contre 19% pour les femmes non déplacées.

Le 22 avril dernier, Ron Redmond, porte-parole du HCR, s'était dit préoccupé par « l'impact grandissant des déplacements forcés et des violences dont sont victimes des peuples indigènes en Colombie » et par « l'augmentation des attaques à l'encontre de ces communautés et de leurs leaders ».

« On peut même craindre que, si cette tendance se confirme, quelques-uns des petits groupes les plus vulnérables, ainsi que leur culture, ne disparaissent, dans la mesure où ils sont dispersés et éloignés de leurs terres ancestrales – pour, peut-être, ne plus y revenir », avait-il ajouté (voir notre dépêche du 22 avril dernier).