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OMS/UNICEF : le paludisme fait plus d'un million de morts chaque année

OMS/UNICEF : le paludisme fait plus d'un million de morts chaque année

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Malgré des progrès dans la prévention, grâce aux moustiquaires imprégnées et aux nouveaux médicaments, le paludisme continue de faire plus d'un millions de morts par an notamment en Afrique, indique le premier Rapport mondial sur le paludisme, présenté aujourd'hui par les agences de l'ONU pour la santé (OMS) et pour l'enfance (UNICEF) pour qui l'obstacle majeur reste le manque de fonds.

« Le nombre de personnes qui ont accès à des services de prévention et de traitement du paludisme augmente, ce qui laisse augurer d'une baisse prochaine de la morbidité et la mortalité palustres », mais comme l'indique le Rapport mondial sur le paludisme 2005, « il reste des défis à relever pour combattre une maladie qui provoque encore un million de décès chaque année, la plupart en Afrique », indique un communiqué conjoint de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) publié aujourd'hui à Genève et à New York.

Le rapport analyse les données sur le paludisme recueillies en 2004 et représente « l'effort le plus complet jamais fourni pour présenter les données disponibles sur le paludisme dans le monde », précise le communiqué.

Selon le rapport, rendu public aujourd'hui par les deux agences, « des progrès ont été accomplis depuis l'an 2000 en matière de prévention et de traitement du paludisme ».

« Davantage de pays introduisent les derniers médicaments antipaludiques et davantage de familles reçoivent des moustiquaires imprégnées d'insecticide à effet rémanent », dont la distribution a été multipliée par dix dans les pays qui fournissent des données sur cette question.

« Mais il faudra généraliser les interventions qui ont fait leurs preuves comme les moustiquaires imprégnées d'insecticide et les dernières associations médicamenteuses à base d'artémisinine avant d'avoir un véritable effet sur l'ampleur du phénomène », indique l'OMS, pour qui il faudra au moins trois ans pour en constater les effets.

Après une campagne menée en 2003 visant à distribuer des moustiquaires imprégnées dans cinq districts de Zambie, au moins 80 % des enfants de moins de cinq ans dormaient sous une moustiquaire imprégnée. Une campagne du même type au Togo en décembre 2004 a réussi à faire passer le pourcentage global des familles disposant d'au moins une moustiquaire imprégnée de 8 % à 62 %, indique l'OMS.

Selon Ann Veneman, la nouvelle directrice générale de l'UNICEF, « le paludisme reste actuellement la maladie infectieuse qui provoque le plus de décès d'enfants » - trois fois plus que l'infection par le VIH/sida.

Les pays où les précédents moyens prioritaires de lutte comme la chloroquine n'ont plus d'effet sont eux aussi en train d'adopter les nouvelles thérapies. Depuis 2001, 42 pays d'endémie palustre dont 23 en Afrique ont adopté les associations médicamenteuses à base d'artémisinine recommandées par l'OMS. Il s'agit de la dernière génération d'antipaludiques offrant le traitement le plus efficace contre le paludisme à falciparum, la forme la plus mortelle de la maladie.

Quatorze autres pays sont en passe de modifier leur politique thérapeutique et 22 ont commencé à appliquer des programmes de soins à domicile.

Selon l'OMS, la récente pénurie d'associations médicamenteuses à base d'artémisinine a entravé les efforts visant à réduire l'ampleur du phénomène, mais des stocks suffisants pour faire face à la demande devraient être disponibles à la fin de l'année grâce aux efforts communs des organismes du système des Nations Unies, d'autres organismes multilatéraux, de groupes à but non lucratif et de sociétés associés sous l'égide du Partenariat pour faire reculer le paludisme.

Le rapport constate qu'en 2003 on a dénombré 350 à 500 millions cas de paludisme dans le monde. Les méthodes actuelles de collecte des données ne permettent pas d'avoir une estimation plus précise, car très souvent le paludisme n'est pas diagnostiqué avec certitude et l'on manque de données fiables provenant des communautés touchées.

Les deux agences de l'ONU rappellent que « freiner la progression et inverser la tendance de l'incidence du paludisme d'ici 2015 est l'un des Objectifs du Millénaire pour le développement. Le but immédiat du Partenariat pour faire reculer le paludisme est de diminuer de moitié la charge palustre mondiale d'ici 2010 » (voir, sur l'action du Partenariat, notre dépêche du 25 avril 2005).

A cet égard, le rapport explique qu'un obstacle majeur est le manque de fonds : on estime en effet à 3,2 milliards de dollars par an le montant nécessaire pour lutter de manière efficace contre le paludisme dans les 82 pays où la charge de morbidité est la plus forte.

Cette année, 600 millions de dollars ont été fournis pour la lutte contre le paludisme dans le monde. L'OMS et l'UNICEF se félicitent de la récente annonce par la Banque mondiale du plan visant à fournir entre 500 millions et 1 milliard de dollars au cours des cinq années à venir, ce qui permettra d'améliorer la couverture préventive et thérapeutique essentielle.