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L'Envoyé de l'ONU espère que la Côte d'Ivoire portera la marque de la «renaissance africaine»

L'Envoyé de l'ONU espère que la Côte d'Ivoire portera la marque de la «renaissance africaine»

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Le Représentant du Secrétaire général pour la Côte d'Ivoire, Pierre Schori, a, dans un entretien avec la radio de la Mission dans le pays, souligné l'importance du retrait des troupes en cours et indiqué la prochaine étape fondamentale : la tenue d'élection libres et équitables dans cinq mois, auxquelles l'ONUCI prêtera assistance lorsque le Conseil de sécurité aura défini son rôle.

« Aujourd'hui, nous voyons que l'Afrique se mobilise et s'organise d'une nouvelle façon pour la paix, la démocratie et le développement », a déclaré le Représentant spécial du Secrétaire général pour la Côte d'Ivoire, Pierre Schori, en référence à la médiation du Président Mbeki, lors d'un entretien qui s'est déroulé hier à Abidjan, avec la radio de l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire ( ONUCI ).

Pierre Schori, dont c'était la première intervention à la radio, une semaine après son entrée en fonctions désormais officielle au poste de Représentant spécial, a rappelé qu'il avait été quatre ans Ambassadeur de la Suède aux Nations Unies.

« J'ai été député, parlementaire à Bruxelles, au Parlement Européen, j'ai été ministre pour le développement et la solidarité internationale dans le gouvernement suédois », a-t-il indiqué, soulignant que ce dont il se réjouissait le plus dans sa carrière politique, c'était d'avoir travaillé « aux côtés du Premier Ministre suédois Olof Palme qui s'était engagé, déjà dans les années 60, dans la libération de l'Afrique, dans la lutte contre l'Apartheid et le colonialisme portugais ».

« Peut-être voyons nous maintenant la renaissance africaine. Mais bien sûr, chaque pays a son histoire, ses particularités ».

Le Liberia, où Pierre Schori se trouvait il y a quelques jours en visite auprès de son homologue, chef de la Mission des Nations Unies au Libéria (MINUL), « est un pays qui a connu beaucoup de difficultés et qui est en train de sortir des abysses, de l'enfer », a-t-il déclaré.

« La Côte d'Ivoire, en revanche, n'est pas dans les abysses mais les a frôlées ». « Le peuple ivoirien est en train de s'éloigner de cet enfer », a-t-il affirmé. « Il le mérite bien, parce que la Côte d'Ivoire, nous le savons aussi bien en Europe qu'ailleurs, était le phare de la région ». Il mérite « vraiment un autre avenir que le conflit et la misère, les pénuries d'eau » et l'absence d'éducation et de santé publique.

Le Représentant spécial a souligné que le conflit en Côte d'Ivoire avait mobilisé la communauté internationale. « Le Conseil de sécurité s'est engagé au point que des résolutions ont été prises notamment sous le chapitre 7, ce qui veut dire qu'on considère la situation comme une menace à la stabilité et à la paix régionales », a-t-il indiqué, rappelant que le Conseil se réunirait la semaine prochaine à nouveau sur la question.

« On peut donc dire ici, que le conflit s'est mondialisé et c'est la raison pour laquelle l'ONUCI est ici pour aider et assister le processus de paix, pour contribuer au développement ».

Sur ce point, le Représentant spécial a souligné l'importance non seulement du désarmement, de la démobilisation et de la réinsertion, mais aussi de la démocratie.

« Et démocratie veut dire élections justes, transparentes et inclusives. L'ONUCI est ici pour cela, pour assister et nous nous sommes organisés pour cela et nous sommes entrain de coordonner nos ressources avec les ressources nationales ».

A cet égard, il a rappelé « qu'il y avait peu de temps pour des élections justes, transparentes et inclusives ». « Il y a tout le problème du recensement, de l'enregistrement », mais, a-t-il ajouté, « j'ai personnellement une expérience du Zimbabwe où on avait moins de mois pour assister à une telle élection mais nous sommes préparés mentalement et aussi structurellement ».

« Ce qu'il nous faut, c'est maintenant le feu vert du Conseil de sécurité pour préciser le rôle de l'ONUCI dans l'assistance aux autorités nationale ». Quant à la date, elle dépendra du Gouvernement ivoirien, a-t-il indiqué.

« Je crois que la leçon que nous devons tirer de tous les conflits que nous voyons en Afrique, mais ailleurs aussi, c'est que le compromis et les concessions sont au cœur de la démocratie et de la paix. Les ennemis, les adversaires doivent se parler pour arriver un jour à une paix durable. Ils doivent se mettre d'accord et cela demande beaucoup de sacrifices. Ce n'est pas toujours juste, la solution d'une paix durable, ça peut parfois être pénible. Parfois il peut y avoir un clash entre la légalité et la politique, mais aussi il y a un grand bénéfice à tirer de tout cela », a affirmé Pierre Schori.

Ce dernier a salué par ailleurs les « premiers pas concrets sur le chemin de la paix » à l'heure où se poursuivaient le retrait des armes lourdes qui a lieu sur la ligne de front ».

« Ce retrait, c'est vraiment un premier acte concret sur le terrain de l'application de l'Accord de Pretoria pour aboutir au DDR qui se déroule jusqu'au 24 avril et après il y aura la calendrier de vérification et de contrôle » a-t-il indiqué, saluant le processus comme « extrêmement positif ».

« Il ne faut pas seulement désarmer les militaires et les milices. Il faut aussi désarmer les esprits, les cœurs, même les plumes et les micros », a conclu le Représentant spécial.

En réponse à une question portant sur ses consultations récentes avec les autorités, les éléments d'opposition des Forces Nouvelles et les différents partis politiques (voir notre dépêche du 20 avril 2005), Pierre Schori a indiqué qu'il « se sait à l'aise dans ce rôle ».

« Je comprends, je crois, le milieu politique, parce que j'ai été dans ce milieu pendant 40 ans. J'ai participé aux négociations entre les Palestiniens et les Israéliens, entre les Sandinistes et les Contras [Nicaragua], entre le MPLA et l'UNITA [Angola], avec le FRELIMO [Mozambique] et enfin également avec la SWAPO [Namibie].

Le Représentant spécial a par ailleurs insister sur le fait qu'il voulait voir plus de femmes à l'ONUCI.

« Je veux plus de femmes aussi à des positions-clés parce qu'autrement, nous ne suivrons ni mon tempérament ni les résolutions du Conseil de sécurité surtout la résolution 1325 qui insiste sur la parité entre les sexes dans les opérations de maintien de la paix.

« Je fais tout ce que je peux pour appliquer cette résolution. Je ne crois pas qu'il y aura la paix ou la démocratie sans la libération des femmes ».