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Colombie : le HCR appelle les autorités à protéger d'urgence les communautés indigènes

Colombie : le HCR appelle les autorités à protéger d'urgence les communautés indigènes

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Préoccupé par l'impact grandissant des déplacements forcés et des violences dont sont victimes les peuples indigènes de Colombie, l'agence de l'ONU pour les réfugiés appelle les autorités colombiennes à prendre des mesures urgentes pour protéger ces communautés et toutes les parties au conflit à respecter les principes du droit international humanitaire et à cesser d'impliquer les civils dans le conflit.

Lors d'un point avec la presse qui s'est tenu aujourd'hui à Genève, le porte-parole du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), Ron Redmond, s'est dit préoccupé par « l'impact grandissant des déplacements forcés et des violences dont sont victimes des peuples indigènes en Colombie » et inquiété par « l'augmentation des attaques à l'encontre de ces communautés et de leurs leaders ».

« On peut même craindre que, si cette tendance se confirme, quelques-uns des petits groupes les plus vulnérables, ainsi que leur culture, ne disparaissent, dans la mesure où ils sont dispersés et éloignés de leurs terres ancestrales – pour, peut-être, ne plus y revenir », indique le HCR.

« La semaine dernière, des combats entre l'armée colombienne et les guérillas des FARC (Forces Armées Révolutionnaires de Colombie) ont provoqué le déplacement de près de 3 500 personnes d'origine Nasa - l'un des groupes indigènes les plus importants en Colombie, avec environ 120 000 personnes - depuis les alentours du village de Toribio, dans la province de Cauca du sud-ouest du pays », explqiue l'agence de l'ONU.

« Tous les observateurs présents sur le terrain s'accordent pour dire que, si les combats persistent, le nombre de déplacés Nasa sur le terrain pourrait atteindre les 5 000 personnes », a prévenu le porte-parole.

« Dans la province de Choco, au nord-ouest du pays, poursuit le HCR, quelque 4 000 indigènes Embera risquent de façon imminente d'être déplacés en raison des combats entre les guérillas et les groupes paramilitaires dans la région de Bojaya ».

« En mars 2004, plus de 1 200 personnes des cinq communautés indigènes vivant dans cette région ont été contraintes de fuir leur maison », rappelle l'agence de l'ONU pour les réfugiés. « Depuis le début de cette année, les groupes armés irréguliers ont augmenté leurs activités dans cette zone, imposant des barrages pour empêcher l'acheminement d'aide alimentaire et médicale, d'essence et d'autres denrées vitales d'atteindre certaines communautés ».

L'Organisation Nationale Colombienne des Indigènes, un partenaire du HCR, a rapporté les meurtres ou les disparitions de plus de 20 leaders indigènes jusqu'à présent.

La Colombie comporte plus de 80 groupes indigènes qui, au total, forment moins d'un million de personnes. Bien que les personnes indigènes ne représentent que 2 à 3 % de la population totale colombienne, ils représentent plus de 8 % des deux millions de personnes déplacées internes.

« Pratiquement tous les groupes indigènes dans le pays ont été victimes de déplacements forcés ou courent le risque d'être déplacés de leurs terres ancestrales », déplore l'agence de l'ONU.

Pourtant, explique le HCR, la tragédie affectant les peuples indigènes demeure largement invisible. « Ils sont souvent déplacés non loin de leurs régions d'origine dans la mesure où ils essaient de conserver des liens avec leurs terres ancestrales, ou alors, ils fuient vers d'autres régions éloignées où ils ne peuvent pas être facilement localisés ».

L'identité et la culture indigènes étant fortement liées à la terre, ces communautés souffrent de dommages irréversibles lorsqu'elles doivent fuir leurs terres. Ceci peut entraîner une perte des repères culturels et traditionnels, y compris le langage, ainsi qu'une grave détérioration de leur mode de vie.

Dans la région de Sierra Nevada de Santa Marta, au nord du pays, raconte le HCR, quelque 40 000 personnes appartenant à quatre groupes indigènes (Wiwas, Koguis, Kankuamos et Arhuacos) luttent pour survivre et défendre leur culture. Pris entre différents groupes armés en lutte pour le contrôle de cette région stratégique, la vie et l'héritage des populations de la Sierra Nevada sont menacés.

Les Awá, qui vivent le long de la frontière avec l'Equateur, ont supporté la plus grande partie du conflit dans la province de Nariño. Ils ont subi des pressions et des menaces, des barrages économiques, des déplacements forcés ainsi que l'assassinat de leurs leaders.

D'autres populations comme les Eparara-Siapidaara, les Pasto, les Quillacinga, les Inga et les Kofan ont aussi été affectés par le conflit armé dans cette partie de la Colombie. Les Eperara-Siapidaara, situés sur la côte pacifique de la Colombie, ont été victimes de recrutement forcé par les groupes armés irréguliers et sont aussi menacés de déplacement.

En conséquence, le HCR appelle les autorités colombiennes à « prendre des mesures urgentes pour protéger les communautés indigènes et leurs leaders » et à « enquêter sur tous les meurtres et autres crimes commis à leur encontre ».

Le HCR appelle aussi toutes les parties au conflit à « respecter les principes du droit international humanitaire », à « respecter les droits de la population civile » et à « cesser d'impliquer les civils dans le conflit ».