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Bill Clinton implore les médias de promouvoir la lutte contre l'épidémie du VIH/sida

Bill Clinton implore les médias de promouvoir la lutte contre l'épidémie du VIH/sida

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Après avoir lancé hier une initiative pour aider les enfants atteints du sida, le Président Clinton a imploré aujourd'hui les médias du monde entier de redoubler d'efforts pour promouvoir la lutte contre l'épidémie et prévenu que le virus, qui pourrait muter en une forme beaucoup plus virulente, était toujours une grave menace tant pour les pays pauvres que pour les pays riches.

Au cours d'une vidéoconférence entre le « MIP TV » à Cannes et le siège de l'ONU à New York, l'ancien Président des Etats-Unis Bill Clinton a imploré aujourd'hui les médias du monde entier de redoubler d'efforts pour promouvoir la lutte contre l'épidémie du sida, éduquer les populations et mettre en place une prévention dans les pays en voie de développement ainsi que générer les fonds nécessaires dans les pays développés.

Du siège de l'ONU à New York et dans le cadre d'une rencontre organisée par les Nations Unies, le Président Clinton s'adressait à plusieurs dizaines de responsables de médias du monde entier réunis à Cannes en France pour le MIP TV - le plus grand évènement mondial d'échange, d'achat et de vente de programmes de télévision - dans le cadre de l'Initiative mondiale des médias contre le VIH/sida (GMAI).

En janvier 2004, le Secrétaire général avait réuni 22 dirigeants de médias au siège de l'ONU à New York qui s'étaient engagés à mieux sensibiliser leur public sur l'épidémie du VIH/sida.

Le Secrétaire général s’est associé à l'appel d'aujourd'hui dans une déclaration dans laquelle il rappelle que « le voile de silence qui entoure [cette maladie] peut se révéler aussi meurtrier que le mal lui-même».

« Je suis très inquiet du fait que le sida soit sorti des écrans dans beaucoup de pays développés sous prétexte que l'épidémie est plus ou moins sous contrôle », a regretté le Président Clinton lors de la vidéoconférence.

« Même aux Etats-Unis, nous avons des populations où le taux d'infection augmente à nouveau. De manière plus générale, l'épidémie fait rage sur le continent africain où se trouvent les deux tiers des personnes touchées, mais aussi dans les pays de l'ancienne Union soviétique, dans les Caraïbes, en Inde et en Chine où le taux d'infection augmente de manière beaucoup plus rapide qu'en Afrique », a-t-il rappelé.

« Je trouve incroyable qu'en 2005, avec tout ce que nous savons sur les soins, l'éducation et la prévention, plus de 6 millions de personnes n'ont toujours pas accès aux médicaments dont ils ont besoin et qu'en réalité moins de 600 000 personnes y ont accès », a déploré Bill Clinton

« C'est inconcevable », a-t-il insisté.

« Vous pouvez faire la différence », a dit l'ancien président des Etats-Unis s'adressant aux journalistes.

« Si le monde détourne son attention du sida avant que l'épidémie ne soit sous contrôle, de manière beaucoup plus spectaculaire qu'elle ne l'est aujourd'hui, nous paierons un prix que nous ne pouvons même pas imaginer », a-t-il expliqué.

« Tous les virus sont dangereux, tous les virus mutent et peuvent se transformer pour prendre des formes beaucoup plus virulentes », a prévenu Bill Clinton, rappelant ainsi que le virus était toujours une menace, autant pour les Etats-Unis, l'Europe et le Japon que pour les pays en développement.

« J'ai souvent pensé que le sida était, sous différents aspects, le problème le plus frustrant que j'ai eu à gérer », a-t-il par ailleurs confié. « Cette maladie est peut être prévenue à 100%, notre capacité à stopper la transmission du virus de la mère à l'enfant est presque entière, grâce aux médicaments. D'autres médicaments permettent de rallonger l'espérance de vie des personnes affectées et leur donne une qualité de vie somme toute raisonnable ».

« Nous savons ce qu'il faut faire et pourtant il y a 40 millions de personnes dans le monde qui sont séropositifs et près de 6 millions de personnes dans les pays en développement qui ont besoin de médicaments », a rappelé l'ancien Président des Etats-Unis.

« Il y a deux ans, quand j'ai monté mon programme de lutte conter le sida, 300.000 personnes seulement recevaient des médicaments dont 170.000 au Brésil – un pays où le gouvernement donne des médicaments aux personnes affectées, en réalité le seul ».

Au cours de cette vidéoconférence, le Président des Etats-Unis a par ailleurs rappelé l'initiative que la Fondation Clinton a lancé hier pour les enfants atteints du sida.

Le projet Clinton prévoit de soigner 10.000 enfants séropositifs en 2005, grâce à des médicaments antirétoviraux formulés spécifiquement pour eux, et comprend un accord avec CIPLA, une firme pharmaceutique ayant son siège en Inde, qui fournira des médicaments anti-sida pour enfants pour la moitié du prix du marché actuel.

Des formulations pédiatriques ont déjà été commandées pour la Chine, la République dominicaine, le Lesotho, le Rwanda et la Tanzanie, et les premiers traitements devraient commencer dès le mois de mai en Chine. Cinq autres pays seront ajoutés à la liste au cours de l'année 2005. En collaboration avec le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), la Fondation compte soigner jusqu'à 60 000 enfants en 2006.

« Les enfants n'ont pratiquement jamais accès aux médicaments », a souligné Bill Clinton lors de la vidéoconférence.

Dans un communiqué diffusé hier, l'UNICEF avait salué l'initiative de la Fondation Clinton.

« Même si l'on constate des progrès impressionnants dans le traitement du VIH/sida chez les adultes, les enfants vivant avec le VIH ou atteints du sida n'en ont pas bénéficié », avait déclaré hier Carol Bellamy, directrice de l'UNICEF.

Dans un communiqué également diffusé hier, le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (UNAIDS) avait aussi applaudi le projet de la Fondation Clinton.

image• Retransmission de la conférence de presse de Bill Clinton[46mins]