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Darfour : l'Union africaine et l'ONU condamnent la destruction «sauvage» de Khor Abeche

Darfour : l'Union africaine et l'ONU condamnent la destruction «sauvage» de Khor Abeche

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Regrettant les atermoiements des autorités soudanaises qui ont empêché le déploiement de l'Union africaine pour protéger les populations, les missions de l'Union africaine et de l'ONU au Soudan ont condamné aujourd'hui conjointement l'attaque « sauvage » qui a causé hier la destruction du village de Khor Abeche, au Sud-Darfour, par des milices qui ont mis leurs menaces répétées à exécution.

« Nous avons appris avec choc et incrédulité l'annonce de l'attaque qui s'est déroulée toute la journée du 7 avril à Khor Abeche par la milice armée de la tribu Miseriyya de Niteaga » au Sud Darfour, ont déclaré l'ambassadeur Baba Gana Kingibe, représentant de l'Union africaine au Soudan et Jan Pronk, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan et chef de la Mission des Nations Unies au Soudan (UNMIS selon son acronyme anglais) dans un communiqué conjoint.

Selon le communiqué, une force de 200 hommes armés à cheval et à dos de chameau, sous le commandement de Nasser Al Tidjani Abdel Kader, associés aux renforts d'un autre groupe de 150 hommes, ont pillé le village de Khor Abeche, tuant, brûlant et détruisant tout sur leur passage, pour n'épargner que l'école et la mosquée.

L'UNMIS précise que le motif de ce massacre, « dont la sauvagerie n'a pas eu de pareille depuis le sac de Hamada en janvier 2005 » (voir notre dépêche du 28 janvier 2005), en serait le vol allégué de 150 têtes de bétail et le refus par le groupe rebelle de l'Armée de libération du Soudan (ALS) de remettre les corps de deux miliciens tués lors d'une précédente attaque contre Khor Abeche.

« Nous condamnons cette attaque gratuite, sauvage et préméditée », indique le communiqué, qui précise que l'Union africaine avait mené des discussions avec le « Wali » [Gouverneur] du Sud Darfour et M. Al Tidjani sur le maintien de la sécurité dans la région.

Or, précise l'UNMIS, alors que l'Union africaine était prête à se déployer dès le 3 avril, afin de prévenir précisément ce genre d'attaques, elle n'a été empêché de le faire qu'en raison de ce qui « doit être inféré comme un atermoiement délibéré des autorités ».

L'UNMIS et l'UA rappellent que l'attaque viole non seulement les accords de N'Djamena et d'Abuja, mais aussi les nombreuses résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et préviennent que le nom de Nasser Al Tidjani Abdel Kader sera transmis au Comité établi par le Conseil de sécurité dans sa résolution du 1591 du 29 mars 2005 sur les violations du cessez-le-feu commises par toutes les parties soudanaises (voir notre dépêche du 30 mars 2005 et notre dépêche du 5 avril 2005 sur le renvoi par le Conseil de sécurité de la situation au Darfour à la Cour pénale internationale (CPI).

Le communiqué engage aussi le Gouvernement à prendre des mesures contre Al Tidjani, qui avait « en leur présence menacé de détruire Khor Abeche », jusqu'à ce qu'il y parvienne.