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Darfour : mauvaise volonté et stagnation, déplore un rapport de l'ONU

Darfour : mauvaise volonté et stagnation, déplore un rapport de l'ONU

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Stagnation de la situation humanitaire et manque de bonne volonté de la part des parties, tels sont les deux principaux qualificatifs contenus dans le dernier rapport du Secrétaire général sur le Darfour, dans lequel il préconise le renforcement de la Mission de l'Union africaine au Soudan.

« Aucun pas important n'a été fait dans la recherche d'une solution politique à la crise au Darfour au cours du dernier mois », indique le Secrétaire général dans son dernier rapport (S/2005/140) sur le Soudan, dans lequel il précise que « les deux parties n'ont pas profité de l'impulsion générée par la signature en janvier de l'Accord général de paix entre le Gouvernement et l'A/MLS ».

« Ni l'une ni l'autre ne semble prête à engager les pourparlers sérieux et de bonne foi sans lesquels il n'est pas possible de relancer le processus qui se trouve actuellement dans une impasse évidente », précise le rapport, qui souligne que si « le Gouvernement a déclaré à maintes reprises être prêt à s'asseoir à la table des négociations avec le mouvement rebelle », « il n'en a pas pour autant mis fin aux attaques des miliciens contre la population civile ».

« Cette inaction et l'impunité générale qui en découle continuent de faire douter de la sincérité des déclarations du Gouvernement qui sont censées inciter la partie opposée à accepter de négocier », en conclut Kofi Annan.

De leur côté, les forces des mouvements rebelles sur le terrain refusent de révéler leur position à la Commission du cessez-le-feu de l'Union africaine, continuent de harceler les agents humanitaires et tirent sur les hélicoptères de l'Union africaine et du Programme alimentaire mondial.

Quant au plan politique, « le mouvement rebelle apparaît de plus en plus divisé ce qui réduit d'autant sa capacité de s'engager dans des négociations politiques sérieuses », indique le rapport qui préconise des « pressions politiques concertées » sur toutes les parties.

Le 28 février, j'ai rencontré au Siège de l'ONU le Président de la Commission de l'Union africaine, Alpha Oumar Konaré, pour évoquer avec lui la question de la coordination des activités menées dans plusieurs pays dont le Soudan.

Comme l'avait souligné Jan Egeland, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence lors de sa dernière conférence de presse, au retour d'une tournée au Soudan (voir notre dépêche du 9 mars 2005), le Secrétaire général indique que « le maximum doit être fait aussi rapidement que possible pour renforcer la présence des forces de maintien de la paix au Darfour de manière à faire revenir la stabilité dans la région ».

Il rappelle aussi « qu'une mission d'évaluation des besoins actuels en matière de maintien de la paix, placée sous la direction de l'Union africaine » devrait être envoyée d'urgence au Darfour.

« Si elle est dotée de tous les moyens humains et matériels nécessaires pour être efficace, la Mission africaine au Soudan peut mieux contribuer à prévenir des affrontements graves ou atténuer les effets de ceux qui se produisent », souligne-t-il, rappelant qu'un désengagement pourrait « étendre la durée de la période de stabilité actuelle ».

Cela ne contribuerait pas seulement à réduire le nombre des personnes forcées de quitter leurs foyers et à donner aux organismes humanitaires la possibilité de développer et d'intensifier leurs activités mais aussi à permettre aux déplacés et aux réfugiés de rentrer chez eux et à mieux assurer la protection des populations, notamment les femmes et les enfants, qui continuent d'être victimes de l'exploitation et de sévices sexuels.

« En séparant physiquement les forces gouvernementales et rebelles, on réduirait d'autant les occasions qu'ont les miliciens de s'en prendre aux civils. Pour cela, il faut bien entendu que les gouvernements donateurs se montrent généreux vis-à-vis aussi bien de la Mission africaine au Soudan que des organismes humanitaires », conclut le rapport du Secrétaire général.

- Dossier Soudan du site de l'ONU